Des civils centrafricains cherchent refuge à la frontière soudanaise


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Centrafrique réfugiés
Centrafrique réfugiés

Près de 5000 personnes ont fui les violences dans la localité d’Am Dafok, zone frontalière déjà fragilisée par la guerre civile au Soudan voisin. Cette nouvelle crise humanitaire met en lumière la vulnérabilité persistante de la République centrafricaine, à quelques mois des élections générales.

Entre le 17 et le 22 septembre, alors que des affrontements ont éclaté dans la localité centrafricaine d’Am Dafok, une zone frontalière au Soudan où depuis 2023 la guerre civile bat son plein, près de 5000 civils en fuite se sont rassemblés ces derniers jours autour d’une base de casques bleus en République Centrafricaine (RCA).

« Plusieurs villages de la zone ont été attaqués avec des menaces directes contre les civils et des destructions de biens, dont l’incendie d’au moins une maison qui a coûté la vie à une personne âgée », a déclaré le bureau des affaires humanitaires de l’ONU jeudi dernier. Au total, trois civils ont été tués et deux autres blessés. Cette violence a provoqué le déplacement massif de personnes, en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées qui ont cherché refuge à proximité de la base locale de la MINUSCA, la mission de maintien de la paix de l’ONU en RCA.

Cette mission a été déployée dans le pays après la prise de pouvoir par la force en mars 2013 de la Séléka, une coalition à majorité musulmane qui s’était emparée de la capitale, Bangui, en commettant des exactions qui ont entraîné la formation du mouvement anti-Balaka, une milice à dominance chrétienne qui a pris pour cibles les civils musulmans du pays, accusés de collusion avec l’ennemi.

Une crise humanitaire qui s’aggrave dans un contexte déjà fragile

Malgré l’instauration d’un processus de paix et l’organisation d’élections en 2016, avec l’arrivée de Faustin Touadéra, l’actuel président, l’instabilité demeure et la majorité du territoire reste sous le contrôle de groupes armés. Dans ces conditions, la guerre civile au Soudan voisin ne fait que déstabiliser davantage le pays qui se prépare à des élections générales au mois de décembre.

La préfecture de Vakaga, dans laquelle se trouve Am Dafok, accueille désormais plus de 60 000 personnes ayant besoin d’une aide humanitaire. Surtout, les agents humanitaires présents dans le Nord-Est du pays tirent la sonnette d’alarme sur des risques accrus de violation des droits humains concernant les enfants séparés de leurs familles et les femmes exposées aux violences sexuelles.

Dans cette zone frontalière déjà fragilisée par la guerre au Soudan, les nouveaux déplacements de population accentuent la pression sur des communautés parmi les plus vulnérables d’Afrique centrale. L’accès humanitaire reste limité par l’insécurité, aggravant une crise où les femmes et enfants paient le prix le plus lourd dans cette zone économiquement sinistrée.

La MINUSCA a depuis lors déployé des mesures de protection renforcées et a également distribué de l’eau. Mme Marchal Florence, porte-parole de la mission lors d’un point de presse à Bangui, a indiqué que la MINUSCA a intensifié ses patrouilles de jour comme de nuit en coordination avec l’armée.

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Franck Biyidi est diplômé de l'IRIC (Institut des Relations Internationales du Cameroun) je suis spécialiste des relations internationales au sein de la Francophonie et de l'Union Africaine et de tout ce qui touche la diplomatie en Afrique francophone
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