Centrafrique : accord de principe sur une intervention de l’ONU pleines d’incertitudes


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Les pays membres sont maintenant d’accord sur le principe d’une intervention de l’ONU en Centrafrique mais le plus dure reste à faire. Les modalités d’intervention d’une mission de long terme étaient au centre des discussions, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, ce jeudi.

Le Conseil de sécurité des Nations Unies s’est réuni ce jeudi, à New York. Les pays membres se sont accordés sur la nécessité d’une intervention, telle que l’a proposé le secrétaire général des Nations Unies qui réclamait l’envoi de 12 000 hommes pour la mi-septembre. Alors que le coût de cette mission est au centre des débats, beaucoup d’incertitudes planent autour des modalités précises du déploiement de casques bleus de l’ONU en Centrafrique.

« Tous les Etats membres comprennent la nécessité d’une opération de maintien de la paix »

« Tous les Etats membres comprennent la nécessité d’une opération de maintien de la paix » déclare l’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud. « Retarder une réponse durable pourrait être encore plus coûteux », explique à son tour le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, qui met en avant « l’impact négatif potentiel pour la stabilité de la région, y compris une division du pays et la création d’un terrain propice aux groupes extrémistes », lors de cette réunion, rapporte l’AFP.

Gérard Araud précise néanmoins qu’« il y a des questions, des nuances sur la nature de la menace ». Les appels du pied répétés, depuis plusieurs semaines, de la diplomatie française et de la présidente de Centrafrique, Catherine Samba-Panza, notamment, pour une mission de l’ONU en Centrafrique, n’ont pas permis de répondre aux questions concernant ses modalités d’interventions et l’objectif qui pourrait lui être donnée.

Une « opération lourde et inscrite dans la durée »

C’est une « opération lourde et inscrite dans la durée » qui semble se préparer poursuit l’ambassadeur français. Selon l’ONU, elle pourrait coûter plusieurs centaines de millions de dollars par an. Cela semble être la seule certitude, à l’heure actuelle. « Ce sera une négociation difficile car pour beaucoup de pays, le coût des opérations de maintien de la paix pose problème », a annoncé Gérard Araud après la réunion et notamment pour les Etats-Unis et le Royaume-Unis.

L’ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power, indique à l’AFP que les Etats-Unis « soutiennent » l’intervention proposée par Ban Ki-moon et veulent « travailler en collaboration étroite avec leurs partenaires ». Elle précise néanmoins « qu’une (telle) opération devra être soutenue par des partenaires sur le terrain, y compris par le biais d’une présence militaire continue et solide ». Elle en appelle au maintien des troupes française auxquelles l’intervention onusienne ne peut se substituer.

Un ennemi difficile à identifier

L’intervention est compliquée par l’incertitude qui entoure la nature de l’ennemi à combattre en Centrafrique. « Est-ce que nous avons à faire en face de nous à des groupes de combattants ou est-ce que nous avons des bandits de grand chemin ou des petits criminels, se demande l’ambassadeur français à l’ONU, Gérard Araud.

Les groupes armés au prise en ce moment dans le pays, aussi bien les ex-Séléka que les anti-balaka, sont caractérisés par une faible structuration qu’il est très difficile d’identifier. C’était l’objet de la réunion organisée par le Premier ministre centrafricain de transition, André Nzapayéké, ce jeudi, dans un hôtel de Bangui, entre les ministres et membres de cabinets issus des milices anti-balaka et des ex-Seleka. « Il y a des avancées, certes, on essaye de faire progresser ces questions de sécurité et paix. Mais il y a encore de graves exactions. Ce que nous avons voulu savoir c’est quel est le rôle de ceux qui sont aujourd’hui au gouvernement, quelle est leur influence sur leurs propres troupes ». Sa réaction laisse présager de nombreuses difficultés pour cette mission de l’ONU qui s’annonce en Centrafrique, alors que les exactions se poursuivent sur place.

Le Haut commissaire de l’ONU aux réfugiés, Antonio Guterres, a déclaré qu’en huit ans de mandat « il avait rarement ressenti autant d’émotion » que pendant une visite récente qu’il a faite en Centrafrique. « Depuis début décembre, nous assistons à un « nettoyage » qui frappe la majorité de la population musulmane dans l’ouest de la RCA » indique-t-il

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