Des bunkers à Casablanca !


Lecture 4 min.
arton11869

Les fleurs n’atténueront pas le côté Fort Knox de l’artère Moulay Youssef. Le consulat américain a pu obtenir gain de cause pour «renforcer ses mesures de sécurité»et se garantir contre d’éventuelles attaques terroristes. Tant pis si la dignité et le confort des citoyens marocains en prennent un coup.

Enfin paré contre la menace terroriste ou enfin revenu à de meilleurs sentiments ? En tout cas, le consulat américain de Casablanca a sorti la grosse artillerie, façon Fort Knox, pour assurer la réouverture hier de ses portes au grand public. Si les Américains n’ont pas réussi à obtenir des autorités marocaines la fermeture totale du boulevard Moulay Youssef, ils y sont parvenus en grande partie. La circulation est quasiment bloquée autour du bunker US.
Aussi, tout autour du bâtiment, un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé. Des dizaines de policiers quadrillent le site et des mini-bunkers en béton armé déguisés en jardinières et servant de pare-feu occupent la moitié de la chaussée du boulevard Moulay Youssef, côté consulat, bien sûr.

A ceci, s’ajoutent des clous d’une trentaine de centimètres plantés également sur la chaussée à hauteur du consulat dans les deux sens du boulevard. Ils ne permettent la circulation que d’un véhicule près du consulat et leur disposition en forme de triangle dans l’autre sens invite au ralentissement. Les piétons ont la liberté de circuler mais doivent néanmoins effectuer le détour une fois arrivés au niveau de la représentation, sans avoir le droit de s’y attarder. La police et les agents de sécurité n’ayant qu’un mot d’ordre, «circulez». Pléthore d’autres mesures ont été instaurées. Parmi elles figurent, l’interdiction pour les demandeurs de visas admis pour les entretiens de garder sur eux leur téléphone portable, ni de grand sac à main et encore moins de sac à dos. Sans changement en revanche, la prise de rendez-vous continue à être effectuée par le biais d’internet. Rappelons que les modalités de réaménagement de cet espace ont fait l’objet, jeudi dernier, de négociations entre Mohamed Sajid, le maire de Casablanca, et Thomas Riley, l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc. Et dès samedi matin les premiers remparts commençaient à être installés.

Derrière le béton armé et les portes blindées : le rêve américain

Par ailleurs, les personnes ayant obtenu un rendez-vous dans le cadre de la loterie, durant la fermeture du consulat, seront contactées par la représentation diplomatique. A défaut, elles doivent envoyer un e-mail a partir du 11 juin courant. Un système en ligne a été mis en service pour les demandeurs de visas touristes et affaires. Ceci dans la mesure où «les rendez-vous antérieurs à cette réouverture ont été annulés et les lettres imprimées avant le 3 juin ne sont plus valables. Par contre, pour les visas étudiants, travailleurs temporaires et les visiteurs dans le cadre des programmes d’échanges, il n’est nul besoin de prendre rendez-vous. Pour les urgences médicales et d’affaires, les demandeurs doivent consulter le site du consulat et suivre les procédures pour l’obtention d’un rendez-vous dans un court délai.

Cette réouverture a fait beaucoup d’heureux, les gagnants de la dernière loterie. Un d’entre eux le confirme en expliquant «qu’il s’agit là d’une bonne nouvelle, puisque mon avenir et celui de plusieurs autres comme moi est en jeu». Le rêve américain pour des milliers de jeunes Marocains reprend. Un autre gagnant de la fameuse loterie affirme «lorsqu’on avait fermé, j’ai cru que c’était la fin de tout un rêve que je nourrissais depuis l’adolescence. J’ai contacté les autorités américaines qui m’ont affirmé que les dossiers d’immigration étaient bloqués jusqu’à l’ouverture du consulat. Aujourd’hui, je reprends espoir». Cependant, si la joie est de mise, le doute reste permis, puisque tout le monde espère à haute voix, «pourvu que le consulat ne ferme pas». Et les demandeurs de visas ne semblent nullement gênés par les mesures sécuritaires. Une dame, la soixantaine, avance: «Ce n’est pas grave si les Américains imposent de telles mesures, c’est compréhensible, pourvu que le consulat fonctionne». L’espoir reprend mais aussi le commerce avoisinant la représentation de l’Oncle Sam. Les cafés ont davantage de clients et les centres de copies et de traduction retrouvent leur activité. A ce niveau, il convient de signaler que ces commerces subsistent principalement grâce aux consulats Américain et Espagnol. Ainsi la prise de rendez-vous (via internet) par leur biais coûte 30 DH. Remplir un formulaire revient à 100 DH alors que les consultations et les informations sont «facturées» à 30 DH. La traduction, elle, est estimée à 50 DH la page.

J. B, pour l’Economiste

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News