Dakar change de cap : Abass Fall à la mairie, la Cour suprême enterre le recours de Dias


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Barthélémy Dias, maire de Dakar
Barthélémy Dias, maire de Dakar

Le paysage politique de la capitale sénégalaise a connu un tournant important ce lundi 25 août 2025. Abass Fall, figure montante du parti au pouvoir Pastef, a été élu maire de Dakar à l’issue d’un vote express du conseil municipal. Une victoire nette et symbolique pour Pastef, qui s’impose désormais à la tête de la ville la plus stratégique du pays. Mais derrière cette élection se profile une saga politico-judiciaire dont les répercussions restent à suivre de près.

Une élection sans surprise, mais sous tension

Avec 49 voix sur un total de 66 votants, Abass Fall n’a laissé que peu de doute sur l’issue du scrutin. Il a devancé largement ses concurrents : Ngoné Mbengue, mairesse intérimaire issue du camp de Khalifa Sall, ainsi que les candidats Daouda Guèye et Mouhamed Massamba Sèye. Le vote, qui s’est déroulé dans la matinée sous haute surveillance policière, s’est tenu dans une ambiance calme mais tendue, notamment en raison du contexte judiciaire qui entoure cette transition.

À peine élu, Abass Fall a aussitôt revêtu l’écharpe tricolore et s’est engagé à rassembler : « Je serai le maire de tous les Dakarois et toutes les Dakaroises. La ville de Dakar ne sera plus un enjeu politique mais un espace de développement pour tous », a-t-il déclaré dans son premier discours.

La fin d’un règne : Barthélémy Dias écarté

En parallèle du vote à l’hôtel de ville, c’est une tout autre bataille qui se jouait à la Cour suprême. Barthélémy Dias, maire déchu depuis décembre 2024, contestait sa destitution à travers un recours en référé. Condamné définitivement pour homicide involontaire dans une affaire remontant à 2011, il avait été contraint de quitter ses fonctions. Ses avocats dénoncent une décision politique maquillée sous des atours judiciaires et ont tenté, ce 25 août, d’obtenir une suspension de l’élection d’un nouveau maire.

Mais la Cour suprême a tranché : le recours a été rejeté. Barthélémy Dias n’est donc plus officiellement maire de Dakar. Une décision qui renforce la légitimité d’Abass Fall, bien que la défense de Dias continue de dénoncer une manœuvre politique précipitée.

Pastef à la conquête des grandes villes

Avec cette victoire à Dakar, le Pastef consolide sa mainmise sur les centres névralgiques du pouvoir sénégalais. Déjà installé au sommet de l’État, le parti du président Ousmane Sonko s’assure désormais un contrôle stratégique sur la capitale. Une première dans l’histoire récente de la ville, longtemps bastion de l’opposition.

L’arrivée d’Abass Fall à la mairie pourrait marquer un changement de gouvernance à Dakar. Figure loyale du Pastef, ministre du Travail dans le gouvernement en place, il incarne une génération politique issue des cercles militants du parti et se veut le porte-voix d’une gestion éthique, sobre et axée sur le service public.

Une transition contestée mais actée

Malgré cette élection, le dossier Dias n’est pas clos. Un autre recours, cette fois sur le fond, doit être examiné par la Cour suprême le 18 septembre prochain. Si cette procédure venait à remettre en question la légitimité de la destitution de l’ancien maire, cela pourrait ouvrir un nouveau chapitre, voire relancer les tensions au sein du conseil municipal.

Les partisans de Barthélémy Dias dénoncent une précipitation dans le processus électoral, estimant que le conseil municipal aurait dû attendre la fin de toutes les procédures judiciaires avant de procéder à une nouvelle élection. De son côté, l’administration affirme avoir respecté les délais et la légalité du processus.

Et maintenant ?

Abass Fall prend les rênes d’une capitale confrontée à de nombreux défis : urbanisation galopante, insécurité, congestion du trafic, gestion des déchets, entre autres. Il devra convaincre au-delà de son camp politique, dans une ville où les clivages restent forts. En parallèle, le Sénégal observe avec attention cette reconfiguration politique qui, au-delà de la mairie de Dakar, traduit les profondes mutations du pouvoir local dans un pays en pleine transition démocratique.

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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