Cruelles circoncisions


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Les circoncisions bâclées font des centaines de victimes chaque année en Afrique du Sud. Pour compléter ce rite initiatique, certains praticiens traditionnels imposent aux jeunes hommes des conditions de vie extrêmement difficiles. Depuis quelques années, les autorités tentent d’obliger les circonciseurs à respecter les normes de sécurité et d’hygiène.

Une circoncision mal faite peut être mortelle. Des centaines de jeunes hommes sont gravement blessés ou meurent des suites de l’opération, qui consiste en l’ablation du prépuce. Ce rituel, notamment répandu en Afrique, se transmet de génération en génération. Mais les praticiens n’ont aucune compétence médicale. Conséquence, dans l’Eastern Cape, région de l’Afrique du Sud où la circoncision est courante, la situation est alarmante. Selon l’Association de presse sud-africaine, 25 initiés y sont décédés, 16 ont eu le pénis amputé et 92 ont été hospitalisés rien que l’hiver dernier.

Un rite cruel

La circoncision est le plus souvent pratiquée avec des outils rudimentaires (type lame de rasoir) dans des écoles d’initiation de brousse. Il ne s’agit pas de réelles écoles, mais plutôt de structures informelles qui accueillent environ une vingtaine de garçons, parfois à peine âgés de six ans. Les initiés sont souvent exposés à des conditions de vie extrêmes afin de marquer le passage à l’âge adulte. Sévèrement battus, à peine nourris et soignés, il leur devient très difficile de supporter la douleur de l’opération. D’autant plus qu’il arrive qu’elle soit bâclée et pratiquée dans des conditions d’hygiène déplorables. Hémorragies et infections de toutes sortes sont donc fréquentes. Dans certains cas une amputation du pénis est inévitable. Les survivants seront reconnus comme étant de vrais hommes par leur communauté.

Les hôpitaux du pays pratiquent la circoncision dans de bonnes conditions d’hygiène. Impossible toutefois d’accepter un « tel confort ». Le poids de la tradition est encore très présent dans certaines régions. « Si un jeune homme se fait circoncire dans un hôpital, il y a de fortes chances pour qu’il soit rejeté par sa communauté. La circoncision n’aura pas la même valeur », explique un porte-parole du ministère de la Santé.

Les autorités serrent la vis

Le gouvernement s’est engagé à mettre un terme aux pratiques dangereuses. Il n’est pas question d’interdire cette tradition, légale sur le territoire, mais d’obliger les circonciseurs à respecter les règles de sécurité et d’hygiène. Il y a trois ans, les législateurs ont décidé d’appliquer une loi datant de l’ère coloniale. Tout praticien d’une opération bâclée devra payer 5 000 rands d’amende ou écoper d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Il est difficile de chiffrer le nombre de condamnations, mais la presse relaie régulièrement l’arrestation de contrevenants.

Plus récemment, les autorités ont incendié plusieurs écoles d’initiation illégales. Pas de quoi dissuader les plus motivés. Le commerce est juteux. Morongwa Monyela a été arrêtée pour avoir monté une école et fait payer 650 rands par initié. Elle a payé une amende de 1 000 rands pour avoir admis sa culpabilité. Une goutte d’eau comparée à ce que ses activités ont dû lui rapporter.

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