Coup de jeune sur l’occasion


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Le gouvernement sénégalais a appliqué un décret visant à interdire l’importation de voitures de plus de cinq ans. Une directive notamment motivée par un besoin de renouveler le parc automobile. La mesure bénéficie aux concessionnaires mais risque de compliquer le travail des revendeurs informels.

Fini les tacots au Sénégal ! Le gouvernement applique depuis le 3 août dernier un décret voté en janvier 2001. La directive 20012 – 72 interdit l’importation de voitures de tourisme ayant plus de cinq ans et de camions de plus de dix ans. Objectif premier : rajeunir le parc automobile du pays. Pourquoi avoir attendu près de trois ans pour mettre en place cette mesure ? « La conjoncture économique s’y prête bien », explique notre source au Ministère de l’Economie et des Finances, qui a souhaité conserver l’anonymat.

Mais la réglementation fera perdre des recettes colossales à l’Etat. D’après Sud Quotidien, les pertes douanières s’élèveraient à 72 milliards de FCFA par an pour le Trésor public. Le pays parie notamment sur une envolée des importations de voitures neuves pour combler le manque à gagner. Leur vente devrait générer de fortes rentrées d’argent.

Concessionnaires vs revendeurs informels

Les concessionnaires vont augmenter leur chiffre d’affaires au détriment des importateurs informels. En effet, le prix des voitures neuves ne changera pas. Il variera entre 10 et 50 millions de FCFA pour les petits véhicules. En revanche, celui des voitures d’occasion va doubler ou tripler. Avant l’application de ce décret, l’importation des voitures de dix ans et plus allait bon train. Aujourd’hui, il faudra acheter dans les pays étrangers (majoritairement européens) des véhicules de cinq ans et moins. Ce qui revient à acheter la marchandise plus chère. Ajoutez à cela le transport et les droits de douane : la voiture d’occasion n’est plus une bonne affaire.

Conséquence : les acheteurs potentiels risquent de se tourner vers les concessionnaires. « En investissant un peu plus, ils pourront avoir une voiture neuve. Les revendeurs informels auront donc plus de mal à écouler leur marchandise. C’est ce qui explique leur animosité à l’égard de cette mesure », commente notre source. Autre problème, beaucoup d’entre eux ont acheté des véhicules avant la date à laquelle la réglementation est entrée en vigueur. Or il faut compter plusieurs mois pour recevoir les voitures. Du coup, ils se retrouveront en porte-à-faux la législation à l’arrivée de leur commande, puisqu’elle sera considérée comme illégale.

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