Coup d’envoi de la 19e édition du Fespaco


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Le clap d'ouverture du fespaco 2005

La 19e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou s’est ouverte ce samedi dans une ambiance aussi chaude que le temps caniculaire. La foule était venue en masse au stade du 4 août pour célébrer l’événement biennal de la capitale burkinabè, qui déplore deux morts et une dizaine de blessés suite aux bousculades.

De Ouagadougou

Samedi, 15h30. La chaleur est étouffante, écrasante, aveuglante. L’horizon est voilé par la poussière de l’harmattan, mais moins que la veille où le ciel avait revêtu un manteau rosé. Pas de quoi décourager les Burkinabès, qui affluent nombreux vers le stade du 4 août de Ouagadougou pour assister au lancement de la 19e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco). Les voitures déposent leurs passagers au hasard et les mobylettes sont stationnées dans des parkings improvisés, délimités par de simples cordes.

Rumeurs de morts et de blessés

Soudain, des sirènes stridentes se font entendre au niveau de l’entrée principale. Celles de la police et d’ambulances. Dans les gradins, des rumeurs courent : il y aurait deux morts et une dizaine de blessés. « Il y a pour l’instant 16 blessés, dont quatre graves. Nous ne savons pas s’il y a des morts pour le moment, mais les blessés ont été transportés à l’hôpital national universitaire de Yalgado Ouedraogo », explique Théodore Nacoulma, secouriste pour la Croix-Rouge.

Il raconte les circonstances de l’accident. « Certains emplacements du stade, qui peut contenir 35 000 personnes, étaient pleins, mais les gens rentraient toujours. Ils voulaient absolument se mettre aux endroits d’où l’on peut faire face à la scène. D’habitude, dans ces cas-là, nous fermons l’accès, mais cette fois-ci, nous avons tous été surpris », indique-t-il, en ajoutant qu’une telle situation ne s’était pas produite depuis les débuts du Fespaco.

Spectateurs agglutinés face à la scène

Effectivement, les spectateurs sont agglutinés dans les gradins situés de part et d’autre de la tribune présidentielle, face à la scène, ignorant le drame causé par ces places si prisées. Alors qu’à l’opposé des espaces sont encore vides. Car ce qui intéresse les Burkinabès c’est la prestation des artistes qui se produisent. Une troupe en échasses défile sur la piste en arborant des costumes de singes crapauds, de vieille, de vieux, d’homme, de singe ou de femme. Vers 17 heures, les chanteurs font leur arrivée. Ils s’agitent timidement sur la musique traditionnelle, notamment celle de la chanteuse Bibata Nana, ce qui tranche avec leur déhanchement lorsque les rappeurs de Yeleen ou le petit Manson Junior et ses danseuses entrent en scène.

Le temps passe et les spectateurs commencent à combler les places qui font dos à la scène. Alors que c’est au tour de Salif Keita de prendre le micro, la nuit tombe et l’harmattan se fait plus intense. La poussière pique les yeux, accroche la gorge, mais ils accompagnent le chanteur malien avec leur danse, leurs applaudissements et leurs encouragements.

Deux morts et 18 blessés

Vers 19 heures, Baba Hama, secrétaire général du Fespaco, prononce le discours d’ouverture en présence de quelque 40 000 personnes, dont le ministre de la Culture Mahamoudou Ouedraogo, Richard Borhinger, acteur français présent en sa qualité de président d’honneur, et le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré. Le Président Blaise Compaoré n’aurait en effet plus mis les pieds à une cérémonie d’ouverture de cet événement de renommée internationale depuis que des spectateurs et artistes l’y ont taxé d’« assassin », suite au meurtre du journaliste burkinabè Norbert Zongo.

Baba Hama, annonce que suite à des bousculades « deux personnes sont mortes » alors qu’« une dizaine d’autres a été blessée ». « Les morts sont deux enfants. En tout, il y a 18 blessés légers, dont la plupart ont moins de 20 ans », précise le secouriste Théodore Nacoulma. En leur mémoire, une courte minute de silence a été respectée par des spectateurs visiblement distraits par la présence de chevaux montés par des chefs coutumiers.

Place encore à la musique. L’ardeur des spectateurs est toujours aussi vive lors du show de coupé-décalé des As DJ et de la deuxième apparition de Manson Junior et des Yeleen. Prestations clôturées par un feu d’artifice qui a émerveillé une foule parfois craintive de la trajectoire des étoiles filantes colorées. Chacun s’est ensuite dirigé vers la sortie, pour retrouver qui sa mobylette, qui la voiture venue le récupérer. Avant d’affronter les embouteillages. Il est 20 heures, le Fespaco 2005 est ouvert.

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