
La soirée d’ouverture du Cotonou Comedy Festival s’est tenue au Dôme de la capitale béninoise, en présence des plus hautes autorités, et dans une atmosphère lumineuse et joyeuse, installant d’emblée Cotonou comme la capitale de l’humour en Afrique.

Le premier Cotonou Comedy Festival a été minutieusement préparé par les équipes de l’Agence de Développement des Arts et de la Culture du Bénin, dirigée par William Codjo, sous l’égide du Ministre du Tourisme de la Culture et des Arts, Babalola Jean-Michel Abimbola, en coopération étroite avec le groupe JokeNation, créé par Grégoire Furrer, qui organise de nombreux Festivals d’humour dans la Francophonie, à commencer par l’iconique Montreux Comedy Festival, devenu la référence des jeunes générations d’humoristes, incontournable sur les réseaux sociaux, ou encore le Festival LILLARIOUS à Lille qui est devenu en quelques années le plus grand festival d’humour en France, mais aussi le Festival International du Rire de Liège, le coeur battant de l’humour belge.
Une coopération exemplaire qui rapproche les équipes de JokeNation et les professionnels du spectacle béninois, non seulement les humoristes, évidemment, mais aussi les techniciens de l’image et du son, les spécialistes de l’événementiel et de la communication, afin de mutualiser les expériences pour atteindre à l’excellence.

La soirée d’ouverture a été la traduction parfaite de cette coopération étroite entre le Bénin et le Groupe JokeNation : pour de nombreux spectateurs, l’expérience était au niveau des galas mythiques du Montreux Comedy Festival. Pour cette soirée inaugurale, des humoristes béninois et internationaux de haute volée avaient travaillé des sketchs originaux, jamais entendus jusque là, ancrés dans leur expérience du Bénin et nourris de la sève puissante de leur propre créativité. Avec un seul résultat : le déchaînement des rires, incontrôlables, puissants, libérateurs.
Parce que l’humour est aujourd’hui, comme aux temps d’Aristophane ou de Molière, l’Art Majeur qui rapproche toutes les générations, parce que c’est le meilleur vecteur de bonheur partagé pour nos contemporains, parce que c’est aussi cette arme de résilience qui marie l’autodérision et la satire de nos moeurs et de nos tragédies actuelles, les artistes réunis pour ce plateau exceptionnel ont tout donné au public béninois.

Sous la houlette d’un Willy Dumbo au meilleur de sa forme, délivrant lui-même vanne sur vanne avec un naturel et une liberté joyeuse, c’est Oualas qui fit déferler en premier ses blagues, mobilisant d’emblée les zygomatiques du public, avec ce regard à la fois vif et détaché qui lui permet de peindre nos réalités africaines de l’intérieur, et de faire exploser les préjugés : on retiendra son interprétation finale d’un chef d’Etat ivoirien d’origine libanaise empêtré dans la lecture de son discours décalé -hilarant.

Enchaînait Kev Adams, qui se produisait pour la première fois en Afrique subsaharienne, visiblement heureux de débarquer au Bénin, et dont le sketch était largement nourri de cette nouvelle expérience, et de ses étonnements naïfs. Une sorte de Tintin au Bénin qui parvint à secouer littéralement le public, dans une facétieuse et joueuse interrogation de notre quotidien. Témoignant d’un désir de jouer avec la langue fon et d’intégrer les codes de l’Afrique qu’il découvrait, son passage fut un tour de force éclatant, prodige d’écriture et d’esprit.
C’est un lointain cousin du Bénin, franco-haïtien généreux et tendre à la fois, l’excellent Certe Mathurin, qui prit la suite, jouant avec astuce à l’interface de ses cultures, faisant saillies de toutes nos différences, de nos pratiques diverses en matière d’éducation, ou de vie quotidienne, et libérant les rires profonds, ancrés dans son expérience et pleins d’humanité. Une belle tranche de stand up à la sauce haïtienne à dévorer sans refréner ses rires.
Enfin vint la lumineuse et généreuse Samia Orosemane, dans un numéro impayable d’imitation des différents accents du continent, avec sa faculté unique d’entrer dans les personnages, dans leurs idiolectes et dans leurs caractères, avec la verve d’un La Bruyère mais sans sa férocité, qu’elle remplace heureusement par une empathie joyeuse, car la lucidité et la justesse du trait n’imposent pas qu’il soit cruel, au contraire !

C’est toute l’Afrique qui défilait avec ses couleurs, sans oublier le Maghreb et même la Jordanie. Un partage d’expériences où l’humour s’enracine dans le vécu, et nous aide à vivre mieux ensemble.
Clôture des débats par un Willy Dumbo rebondissant, servant sur un plateau final une imitation drôlatique d’Alassane Dramane Ouattara, entre autres facéties inattendues.

Il faut encore saluer la révélation de cette soirée, le béninois Sam du Barça, originaire de Parakou, révélé par le casting africain « Mon Premier Montreux » en 2024, et qui offrait la « première partie » de cette soirée hors du commun. Dans des conditions de stress maximales pour cet instant historique, Sam du Barça lança le spectacle avec un talent incroyable, parfaitement maîtrisé, enchaînant les vannes avec naturel, emportant dès les premières minutes de son passage une adhésion immédiate du public, plaçant très haut le niveau de rires de la salle.
Sam du Barça à lui seul apportait la preuve que le Cotonou Comedy Festival répond à une nécessité profonde et que cette terre du Bénin est bien la terre d’élection de l’humour en Afrique, ce que prouveront encore les deux galas prévus le 5 et le 6 décembre au Palais des Congrès, et qui verront pas moins de vingt-deux humoristes se produire, venus de tous les continents, dans un feu d’artifice de rires!




