Côte d’Ivoire : un ticket unique pour mettre fin aux contrôles routiers abusifs


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Lancée officiellement le 1er mars dernier par le ministre des Transports, M. Innocent Anakry Kobenan, le ticket unique de traverse est entré en vigueur ce mercredi dans la capitale ivoirienne. Réclamé par les professionnels du transport ivoirien, il doit mettre fin aux nombreux contrôles routiers non réglementaires. Mais cette mesure ne semble pas faire l’unanimité au sein même des syndicats du transport.

Par vitraulle Mboungou

La mise en circulation du ticket unique de traverse est désormais effective en Côte d’Ivoire. Le deuxième opération pilote du genre, la première a eu lieu le 1er mars dernier, a été lancée ce mercredi matin dans la capitale ivoirienne. Elle a été initiée par le ministre des Transports, Innocent Anakry Kobenan, en collaboration avec le ministère de l’Intérieur, celui de la Défense, les autorités des Forces de défense et de sécurité (FDS) et certains professionnels du transport. Réclamé par les professionnels du transport, « ce système de ticket unique est censé mettre un terme aux rackets et aux points de contrôles routiers non règlementaires », a expliqué à Afrik, M. Motayé, conseiller du ministre des Transports, chargé du transport routier. Chaque transporteur est prié de verser une somme forfaitaire, allant de 500 à 3 000 F CFA (0,75 et 4,5 euros) en fonction du type de véhicule de transport, en échange d’un ticket valable sur tout le trajet. Le ticket est délivré après vérification de la validité des pièces du véhicule.

L’opération pilote concernait treize postes de contrôle dans le District d’Abidjan. Un comité de supervision, comprenant un commissaire de police, un officier de gendarmerie et un représentant de l’Office ivoirien des chargeurs (OIC), a été mis sur pied pour assurer la bonne marche de cette opération et arrêter tout élément pris en flagrant délit de racket. « Nous sommes passés de 280 à 26 points de contrôle « , affirme M. Motayé. Cette nette réduction des barrages routiers va permettre d’avoir un réseau routier plus fluide et d’accroître la libre circulation des biens et des personnes. Dans la mesure où les chauffeurs routiers pourront acheminer les marchandises dans les temps et sans désagrément. Sans compter les économies qu’elle va permettre aux professionnels du transport de faire, insiste-t-il : « ces contrôles abusifs et non règlementaires leurs coûtent chaque année environ 12 milliards de Fcfa (18,2 millions d’euros, ndlr), si on tient compte du fait que les transporteurs doivent payer une somme variant de 500 à 1 000 Fcfa à chaque barrage ».

Seuls quelques syndicats adhèrent à ce système

La mise en application effective du ticket unique de traverse est loin de faire l’unanimité au sein des syndicats de transporteurs. Les réticences et oppositions sont nombreuses dans le secteur. Ainsi certains professionnels, comme Adama Touré, président de la Coordination des gares routières de Côte d’Ivoire, ont appelé les membres et affiliés de la Coordination, à « faire échec de cette opération » qu’il considère comme « une forme de légalisation et de légitimation du racket des forces de défense et de sécurité », un impôt supplémentaire illicite. Pour M. Motayé, il s’agit d’un problème de communication entre les différents syndicats, car l’initiative de cette mesure est venue des syndicats eux-mêmes. Le gouvernement n’aurait fait que répondre à leur demande. La résistance au ticket unique est selon lui, le fait d’une minorité qui est constituée en majorité « des anciens opérateurs ou chauffeurs qui se sont organisés sous forme de groupes mafieux pour défendre leurs propres intérêts».

Ibrahim Diabby, secrétaire général de l’Union des transports, des marchandises et des voyageurs de Côte d’Ivoire joint par Afrik, estime pour sa part que le ticket unique est une initiative louable. Il ne comprend pas la réaction de ses collègues :  » leurs arguments ne sont pas valables, ils voient seulement le côté financier de la mesure « . Pour lui, ce système leur est aussi bénéfique financièrement dans la mesure où, les fonds recueillis après la vente du ticket unique leur permettront de se recycler. Ils pourront par exemple « renouveler le parc automobile, être plus compétitifs sur le plan international et assurer la formation des chauffeurs « . « Les vrais transporteurs ne s’inscrivent pas dans ce mouvement d’opposition », conclut M. Diabby. Rests qu’il est encore trop tôt pour mesurer la véritable efficacité du ticket unique. Affaire à suivre.

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