Côte d’Ivoire : Ouattara en quête de reconnaissance


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Plusieurs membres du gouvernement Ouattara sont actuellement en visite à Paris pour communiquer aux médias français le bilan politique du chef de l’Etat après la crise post-électorale. L’un d’entre eux, Mamadou Touré, conseiller du président ivoirien pour la jeunesse, fait le point.


L’heure est venue pour Alassane Ouattara de rendre des comptes. Le Président ivoirien a envoyé une délégation à Paris pour faire part aux médias français de son action politique depuis la fin de la crise post-électorale qui l’a opposé à Laurent Gbagbo. Mamadou Touré, son conseiller pour la jeunesse, contacté par Afrik.com, a tenu à rappeler « la situation difficile dans laquelle se trouvait la Côte d’Ivoire lorsque le chef d’Etat a accédé à la tête du pays ».

Selon lui, plusieurs actions ont été menées pour résoudre les problèmes prioritaires tel que l’accès à l’eau, aux soins sanitaires, à l’éducation… Sur le plan économique, « le président Ouattara a attiré de nouveaux investisseurs. Il a aussi repositionné le pays sur la scène internationale et normalisé ses relations avec la France ». La Côte d’Ivoire « a joué un rôle diplomatique important depuis l’éclatement de la crise au Mali ».

L’insécurité demeure

De même, « la situation sécuritaire s’est nettement améliorée, elle est quasi normale », martèle le conseiller. Des propos à prendre toutefois avec des pincettes. L’insécurité demeure toujours en Côte d’Ivoire. Mamadou Touré admet d’ailleurs que l’extrême Ouest du pays est loin d’être apaisé, l’attaque du vendredi 8 juin dans le village de Sao en témoigne. Au moins une vingtaine de personnes a péri, dont sept Casques bleus de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci). Ces violences montrent les difficultés qu’ont les autorités à maintenir l’ordre. L’organisation internationale de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch, a dénoncé des détentions arbitraires de jeunes à la suite de ces sanglants affrontements.

Human Rights Watch avait déjà publié un rapport en mars 2012, déplorant la poursuite des exactions après la crise-post-électorale. Selon le rapport, 22 personnes ont été tuées à Bouaké, dans le Nord de la Côte d’Ivoire, depuis décembre 2011. Les anciens combattants des forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) ont été désignés comme auteurs de ces crimes. La police et la gendarmerie qui manquent de moyens ont exprimé leur impuissance face à la situation. A tel point que des habitants de Bouakè ont dû payer des FRCI pour assurer leur sécurité. Mamadou Touré estime qu’ « il y aura toujours des bandits en Côte d’Ivoire mais ce n’est pas pour autant qu’il faut remettre en question la sécurité du pays ». Il reconnait toutefois « les difficultés que rencontre la police et les actes de banditisme que mènent certains éléments des FRCI ».

Le dossier épineux de la réconciliation nationale

Le président Ouattara doit aussi faire face à un autre grand chantier : la réconciliation nationale. « Ce sera difficile mais on y arrivera ». Un défi difficile à relever. Les pro-Gbagbo sont en effet nombreux à penser qu’ils sont les seuls à être mis sur le banc des accusés. Qu’en est-il pour les auteurs d’exactions pro-Ouattara ? Seront-ils jugés ? Des questions qui trottent toujours dans l’esprit des partisans de l’ancien dirigeant ivoirien incarcéré à la Haye. L’audience de confirmation des charges retenues contre lui devait avoir lieu lundi mais elle a été reportée au 13 août. Plusieurs de ses sympathisants manifestent régulièrement à la Haye, où siège la Cour pénale internationale (CPI), réclamant sa libération. Pour Alain Toussaint, ancien conseiller de Laurent Gbagbo, « la libération des prisonniers de l’ancien régime est une étape significative à la réconciliation nationale ».

Mamadou Touré s’oppose à un tel avis. « Les pro-Gbagbo ciblés sont ceux sur qui pèsent des soupçons de crimes. » Le conseiller pour la jeunesse du président Ouattara demande aux Ivoiriens de faire preuve de patience. « Il faut laisser la commission d’enquête faire son travail. Tous les coupables de crimes quel que soit leur bord politique seront jugés », assure-t-il. Selon lui, « si la Cour pénale internationale a livré un mandat d’arrêt international contre Gbagbo c’est parce qu’elle a suffisamment de preuves contre lui. Il faut laisser la justice internationale faire son travail en toute indépendance ».

Une position que ne partagent pas tous les Ivoiriens. Certains souhaitent que Laurent Gbagbo soit jugé en Côte d’Ivoire. « La tenue d’un tel procès est impossible actuellement dans le pays, riposte le conseiller du dirigeant ivoirien, la justice n’en a pas les moyens ». Une fois que la justice ivoirienne sera remise sur pied, tous les auteurs de crimes durant la crise post-électorale seront-ils pour autant jugés ? Rien n’est moins sûr. Pourtant cette étape est nécessaire pour que la Côte d’Ivoire puisse avancer sur le chemin de la réconciliation.

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