Côte d’Ivoire, Ouattara annonce la démission de Soro en contradiction avec le principe de séparation des pouvoirs


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Nouvelle Violation de la séparation des pouvoirs par Ouattara en Côte d’Ivoire avec l’annonce incongrue de la démission du Chef du parlement par le Chef de l’Exécutif ce 28 janvier 2019 à Abidjan

Ce lundi 28 janvier 2019, répondant à des journalistes à l’occasion d’une cérémonie de présentation des vœux à Abidjan, le Président Ivoirien, Alassane Ouattara, s’est risqué à piétiner de nouveau le principe de séparation des pouvoirs pourtant prescrit dans la Constitution Ivoirienne. En annonçant péremptoirement et impérativement que le Président de l’Assemblée nationale et Chef du Parlement, Guillaume Soro, rendrait sa démission au mois de février, Alassane Ouattara, Chef de l’exécutif, s’octroie en effet le pouvoir d’imposer au législatif ses desiderata. Un fait de trop qui confirme la dérive dictatoriale en cours dans ce pays, où ont refait leur apparition ces dernières semaines des Escadrons de la mort directement encadrés par un sécurocrate zélé et incompétent de Ouattara, le ministre Hamed Bakayoko.

Courageusement opposé au projet de capture autoritaire de l’Etat de Côte d’Ivoire, aujourd’hui mené par le Clan Présidentiel de Ouattara, Guillaume Soro et ses compagnons des ex-Forces Nouvelles, tout comme Henri Konan Bédié et le PDCI-RDA, sont dans le collimateur de leur ex-allié depuis le début du second mandat de ce dernier en 2015 : limogeages, emprisonnements, harcèlements judiciaires, faux complots et même assassinats de militants s’en sont suivis. Ouattara veut se débarrasser de ceux qui l’ont porté au pouvoir en 2010, pour régner en maître absolu sur le peuple de Côte d’Ivoire.

Le summum de la nouvelle crise institutionnelle ivoirienne a été atteint lorsque le Président Ouattara s’est permis, au mépris des immunités parlementaires garanties par l’article 92 de la loi fondamentale de Côte d’Ivoire, de jeter en prison le 15 janvier 2019, le député Alain Michel Lobognon, proche de Guillaume Soro. Le motif de l’incarcération est d’un affligeant ridicule : tweet critique envers les dérives autoritaires du Clan Ouattara contre le pouvoir législatif ! Le tollé général des députés ivoiriens, des assemblées parlementaires de la Francophonie et de l’Union Interparlementaire, n’a pas suffi jusqu’ici à ramener Alassane Ouattara au respect du droit.

Déterminé à confisquer le pouvoir au mépris de la clause de limitation de mandats prévue aux articles 55 et 183 de la Constitution, Alassane Ouattara qui s’est débarrassé de sa renommée de technocrate bon teint pour troquer la toge abjecte des dictateurs africains les plus classiques, s’apprête à tenter de s’octroyer de force deux nouveaux mandats présidentiels, au mépris de toutes les normes juridiques en vigueur dans le pays.

Depuis lors, ses ex-alliés, Henri Konan Bédié et Guillaume Kigbafori Soro notamment, sont devenus ses bêtes noires. IL les traque, essaie de les affaiblir, de diviser leurs troupes et de les isoler diplomatiquement, jusqu’ici sans succès.

Guillaume Soro, le Chef du Parlement Ivoirien, en déplacement à l’étranger jusqu’au 20 février 2019 prochain, et dont la candidature à la prochaine élection présidentielle ivoirienne de 2020 a été formellement révélée le dimanche 27 janvier 2019 au soir par le journaliste diplomatique français Bruno Fanucci, s’apprête désormais à affronter son destin national suprême. Malgré un démenti énigmatique – plutôt démenti par la réalité ce lundi 28 janvier – qui a suivi cette annonce bouleversant la carte politique ivoirienne, l’évidence est là. Guillaume Soro est dans le chaudron de l’action décisive. IL s’exprimera sans doute encore plus solennellement sur cette question centrale de la présidentielle 2020 dans un futur proche. Et il demeure le maître de son agenda. Comme toujours !

Soro s’annonce comme le candidat le plus en phase avec la mutation démographique en cours dans le pays et dans le continent, tout comme l’homme d’Etat le plus à même de signer la retraite de l’ancienne génération des héritiers et opposants du Président Houphouët-Boigny, mais aussi de renouveler un contrat social ivoirien endommagé par l’absence d’Etat de droit véritable.

Les Jours qui viennent s’annoncent donc fort palpitants en Côte d’Ivoire. Le défi est lancé.

Dépêche du Correspondant de franklinyamsi.com à Abidjan, Côte d’Ivoire, Jean Dali-Roquebrune

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