Côte d’ivoire : Des anciens rebelles pro-Ouattara hors la loi


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Huit mois après l’entrée en fonction du président Alassane Ouattara à la fin d’un conflit civil prolongé, la paix demeure fragile, car les anciens combattants rebelles qui le supportaient continuent de commettre des meurtres et des violations des droits de l’homme.

Dix civils ont été tués et environ 15 autres ont été blessés ce mois-ci lors d’affrontements entre les anciens rebelles, qui font maintenant partie de l’armée nationale, et des civils à Vavoua, dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, et à Sikensi, dans le sud du pays.

Dans une déclaration publiée le 29 décembre, l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) a exhorté le gouvernement à mettre fin à la violence. « L’ONUCI encourage les autorités ivoiriennes à mettre en œuvre les mesures rigoureuses qu’elles ont annoncées et à renforcer la discipline » au sein des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), a dit le porte-parole de l’ONUCI Hamadoun Touré.

Il a ajouté que l’ONUCI était toujours préoccupée par les « nombreuses violations des droits de l’homme attribuées aux FRCI dans plusieurs régions du pays et qui ont entraîné des réactions de la part des résidents des communautés affectées ». Il a cité des cas d’arrestation arbitraire et de détention illégale à Abidjan, la capitale commerciale.

Par ailleurs, le président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO) René Legré a dit : « Nous avons remarqué qu’en dépit des promesses qui ont été faites d’assurer la sécurité, il n’y a eu aucun progrès. Les gens sont toujours armés ».

Il a ajouté que le comportement inadmissible des soldats des FRCI commençait à susciter la colère des citoyens, qui songeaient de plus en plus à se défendre par eux-mêmes.

« Nous craignons que la population cesse bientôt de respecter l’armée », a-t-il ajouté.

À la suite de l’incident de Vavoua, M. Ouattara a ordonné aux soldats de retourner dans leurs casernes, mais ceux-ci ont refusé d’obtempérer.

À Abidjan, les anciens combattants ont troqué leur uniforme contre des vêtements civils, mais ils ont conservé leurs armes et occupent toujours certains postes de police. C’est notamment le cas à Abobo, une communauté située à 8,7 kilomètres au nord-ouest d’Abidjan et le bastion du parti du président Ouattara.

Des gendarmes et des policiers ont été déployés à l’intérieur du pays, mais ils ne sont pas armés et doivent se plier à l’autorité des seigneurs de guerre qui se sont installés dans ces régions lorsque d’autres forces pro-Ouattara sont descendues vers le sud depuis le nord en mars dernier.

« Impuissance de l’État »

« Dans ces circonstances, nous ne savons pas à qui faire confiance », a dit Kady Kouyaté, une travailleuse de la santé de la ville de Gagnoa, dans l’ouest du pays. « Ceux qui ont été entraînés pour assurer la sécurité n’ont pas les outils pour le faire. Et au lieu de nous rassurer, ceux qui possèdent les armes sont devenus nos persécuteurs ».

Elle a ajouté que ses collègues et elle-même avaient été, pendant deux mois, victimes d’attaques menées par des hommes armés portant des uniformes militaires.

M. Legré qualifie d’« impuissance de l’État » la réponse du gouvernement à l’insécurité. Dans les villages et les villes que son équipe a visités, de nombreux soldats semblaient recevoir des ordres provenant de l’extérieur de la structure militaire officielle. Il a en outre entendu des soldats dire que puisque le gouvernement ne leur versait pas de salaire, ils se payeraient eux-mêmes auprès des habitants.

« Lorsqu’ils sont confrontés à un obstacle, ils n’hésitent pas à utiliser leur arme », a ajouté M. Legré. Selon lui, les ex-rebelles qui font partie de l’armée devraient rapidement être identifiés et désarmés, car ils sont inaptes à porter des armes.

Selon Me Diarrassouba Lamine, président de la Convention des associations et des organisations libres de la société civile de Côte d’Ivoire (CLCI), des mesures plus rigoureuses sont nécessaires.

« Il faut identifier les causes des affrontements et songer à une réorganisation générale de l’armée. En effet, des foyers de tension risquent d’être créés partout où il y a des FRCI, et le processus de paix en cours pourrait s’en trouver compromis », a dit Me Diarrassouba.

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