Conseils de Coach Sylvia : « Pour perdre du poids, pas besoin de se priver de manger »


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En pleine séance d'entraînement
Coach Sylvia en pleine séance d'entraînement

Dans ce mois de mars qui célèbre la femme, quoi de plus normal que de mettre en relief des femmes capables, des femmes battantes, des femmes impactantes qui, au quotidien, se battent dans nos sociétés pour « apporter un plus à l’humanité », chacune dans son secteur ? Afrik.com s’est tourné vers l’une de ces femmes. Coach fitness et nutrition, enseignante et mère de famille, Sylvia Quénum Gandaho, arbore plusieurs casquettes qu’elle nous fait découvrir dans cet entretien. En tant que coach fitness, Sylvia Quénum Gandaho bouscule des “certitudes”. Elle a réussi à se frayer un chemin, à se trouver une place et s’impose progressivement dans un domaine apprivoisé par la gent masculine. Une femme coach en fitness, ça ne court pas encore les rues au Bénin, son pays !

Des secrets pour perdre du poids, gagner en tonus musculaire et être en parfaite santé, coach Sylvia Quénum Gandaho en a bien la recette. La maman de trois enfants et promotrice du programme fitness Fit’s you nous en livre dans cet entretien en trois volumes.

Que pouvons-nous retenir du programme Fit’s you ?

Le programme fitness Fit’s you a été créé en 2019 à la suite d’un constat selon lequel beaucoup de gens souhaitent et ont besoin de se mettre au sport, mais ont des difficultés à maintenir cette routine sur la durée. Tout simplement parce que les programmes exécutés ça et là ne sont pas nécessairement adaptés, sont intensifs ou souffrent d’une insuffisance de suivi. Alors, le programme Fit’s you, qui associe un accompagnement sportif et un suivi nutritionnel, vient corriger ces insuffisances observées. Il allie des entraînements variés, des disciplines variées, beaucoup de fitness, de cardio, du renforcement musculaire, des cours de Yoga, des cours de cardio-danse.

On a des accompagnements plus spécifiques avec la clientèle qui le souhaite. Par exemple, il y a des personnes en difficulté motrice, des personnes âgées, des personnes en surpoids qui ont besoin d’un travail, d’un suivi plus particulier que nous leur offrons. L’accompagnement nutritionnel est pour tous les clients parce qu’on estime que l’alimentation est la base d’une bonne santé.

Comment en êtes-vous venue au sport ?

Déjà, on va dire qu’enfant, j’étais plutôt active, j’aimais beaucoup me dépenser. Mais, suite à la maternité, j’ai complètement arrêté de faire du sport, pendant une dizaine d’années. Donc il s’en est suivi forcément une prise importante de poids avec tout ce que cela apporte comme problème de santé. J’ai alors fini par me remettre au sport, encouragée par mon époux qui me disait : « Entraîne-toi ! Si tu n’arrives pas à aller à la salle de gym, entraîne-toi de chez toi ! » Et à l’époque, cela me semblait vraiment compliqué. Comment trouver le temps de m’entraîner, d’associer ma vie de maman, ma vie de salariée avec des séances de sport ?

Mais, j’ai pris le taureau par les cormes. J’ai suivi le conseil de mon conjoint et j’ai recommencé à m’entraîner toute seule chez moi, tout doucement. J’ai entamé mon chemin de perte de poids, de guérison. Et par la suite, je me suis dit que je ne dois pas être la seule à rencontrer ces problèmes. J’ai alors pris la décision de me faire former par un coach qui vivait ici au Bénin. Par la suite, je me suis moi-même spécialisée dans le coaching et j’ai mis en place ce programme pour aider le maximum de gens. Le programme Fit’s you a déjà aidé plus de 150 personnes, depuis sa création, à se remettre en forme, perdre du poids, prendre du tonus musculaire, etc..

Vous venez de dire que c’est votre époux qui vous a encouragée à renouer avec le sport. Est-ce à dire que lui-même il est sportif ?

Pas du tout. Pour lui, la problématique est la même. En réalité, c’est pour ça que ce programme m’a vraiment tenu à cœur. Parce que ce n’est souvent pas par manque de volonté que les gens n’arrivent pas à s’adonner au sport comme cela se doit ; c’est réellement une difficulté à concilier les occupations quotidiennes avec le sport ; car on a beaucoup d’idées reçues, de pensées limitantes selon lesquelles il faut faire des heures de sport, il faut forcément faire un sport intensif et très complexe avant d’obtenir des résultats.

Or en réalité, il est plutôt question de méthode ; il faut y mettre de la méthode. Pour perdre du poids, on n’a pas besoin d’aller à la salle de gym 3 à 4 heures par jour ou plus, et se priver de manger pendant toute la journée. C’est vraiment un processus dans lequel il y a quelques clés qu’il faut avoir.

Coach Sylvia, quelques années avant

C’est vraiment pouvoir éduquer aussi la population à se dire que le sport, c’est une hygiène de vie à avoir, c’est quelque chose qu’il faut maintenir sur la durée. Il ne faut pas se dire qu’on va démarrer le sport parce qu’on veut perdre 10 kilos, et lorsqu’on a le résultat, on arrête. Ou alors, on démarre, on essaie vainement de perdre les 10 kilos, puis on se décourage et on arrête. C’est vraiment un processus, et ça dépend de chacun. Certains vont perdre les 10 kilos en quelques mois, d’autres vont mettre des années. Donc, il faut vraiment donner ces clés aux gens et leur faire comprendre que les corps sont différents, les organismes sont différents. Mais avec telles et telles clés, on atteindra ces objectifs qui qu’on soit.

Vous-même avez mis combien de temps pour atteindre les résultats que vous escomptiez ?

J’ai suivi le programme avec mon coach pendant presque trois ans. Mais au bout d’un an déjà, j’avais commencé moi-même par faire des coachings de groupes. Et par la suite, je me suis lancée dans des coachings plus personnalisés. Le coaching de groupe est très intéressant pour les personnes qui ont besoin d’émulation collective ; mais le coaching doit être vraiment ciblé, même quand c’est en groupe pour que les personnes ne décrochent pas. En fait, durant ce programme, je me suis rendu compte que beaucoup de gens abandonnaient parce que l’intensité n’était pas appropriée pour eux. Du coup, ils étaient découragés et perdaient l’envie de continuer ; ils avaient même parfois peur de revenir. Certains abandonnaient parce qu’ils ont eu une blessure pendant l’entraînement. C’étaient tous ces constats qui m’ont amenée à sortir de ce programme et à mettre en place un autre programme qui est plus adapté.

Quel était votre poids au moment où vous avez commencé le programme d’entraînement et comment a-t-il évolué ?

Je pesais 79, presque 80 kilos pour une taille de 1,60 m. Par la taille, je suis assez petite ; normalement, mon poids idéal devait être entre 60 et 65 kilos. Mais, toutes ces idées de poids, pour moi, c’est quelque chose auquel il ne faut pas nécessairement se rattacher. Parce que, par exemple, une personne qui s’entraîne et qui a beaucoup de muscles va inévitablement peser sur la balance. Moi, je suis passée de 79 à 65 kilos aujourd’hui ; j’étais même descendue jusqu’à 57 kilos.

Pour une première étape, ce qui se passe généralement lorsqu’on commence une perte de gras – je dis une perte de gras, pas une perte de poids – c’est qu’en général, les premiers kilos sont assez faciles à perdre ; on perd assez vite les cinq premiers kilos parce que c’est beaucoup d’eau. Et après, plus on va aller taper dans les profondeurs des muscles, dans le gras viscéral ainsi de suite, plus ça va être difficile, plus ça va prendre du temps. Et c’est ce que les gens ont du mal à comprendre. Quand ils commencent à aller en salle et qu’ils perdent les premiers kilos, il leur devient plus difficile de maintenir le cap pour perdre graduellement du gras. Or c’est cette façon graduelle de perdre du gras qui est saine pour la santé.

Avez-vous conservé des photos de vous pendant que vous aviez du poids ?

On peut en trouver au moins une ou deux. Ce n’était pas une époque où j’aimais beaucoup être photographiée forcément. Certaines personnes sont à l’aise avec leur poids, et c’est très bien. Je pense que c’est une bonne chose. Mais, moi je ne l’étais pas. Je ne me sentais pas bien dans ma peau ; je ne me reconnaissais pas dans cet aspect physique. Mais comme je dis, l’essentiel c’est comment on se sent dans son corps, c’est-à-dire ne pas juste être heureux avec ses kilos en plus, mais se sentir en bonne santé. Même si on a quelques kilos en plus parfois, on peut être en bien meilleure santé qu’une personne maigre.

Parce que la maigreur ou la minceur ou encore les muscles ne sont pas un gage de bonne santé. C’est plutôt ce que vous avez mis comme dispositif autour ; comment votre corps réagit-il quand vous montez les escaliers ? Est-ce que vous êtes essoufflé ? Quand vous jouez avec vos enfants, est-ce que vous tenez la route ? Quand vous marchez quelques kilomètres, est-ce que ça se passe bien ? Est-ce que vous avez des problèmes de concentration, parce que mine de rien, au boulot, beaucoup de gens disent : je serai fatigué si je fais le sport. Bien au contraire ! La pratique du sport vous rend beaucoup plus alerte ; ça améliore votre mémoire, votre humeur. En clair, cela a non seulement un impact sur le physique, mais également sur le mental, sur l’aspect psychologique.

Avec vos séances d’entraînement et la pratique régulière du sport, vous avez développé une silhouette plutôt athlétique. Vous avez des muscles. Comment vous sentez-vous aujourd’hui avec vos muscles ?

Je me sens très bien ; je me sens beaucoup plus légère. C’est surtout ça en fait l’élément qui est important pour moi, parce que les muscles, moi je ne les vois pas vraiment… Rire…, mais je me sens plus légère. Je n’ai aucune difficulté à parcourir de longues distances, sans m’épuiser. Je peux passer mes journées qui sont très chargées sans pour autant ressentir la fatigue à tout moment. Donc, je me sens très bien. C’est vrai que chez nous en Afrique, le regard peut être parfois assez interrogateur sur une femme qui est athlétique parce qu’ici, le canon de beauté féminine, ce n’est peut-être pas nécessairement d’être athlétique, mais c’est d’avoir plus de rondeurs. Parfois, ça interpelle ; des gens m’ont déjà demandé : mais pourquoi fais-tu du sport ? Moi, j’explique sans aucune difficulté que c’est pour être en bonne santé, c’est pour être bien dans ma peau. Et voilà !

Donc, quel que soit le regard qui est porté sur vous aujourd’hui dans une société comme la nôtre en tant que femme musclée, ça vous est égal ?

Coach Sylvia en compagnie de son époux

Moi, ça m’est égal parce qu’en plus de cela, la pratique du sport vous renforce, comme je le disais, ça me renforce mentalement. Je ne m’arrête pas à l’opinion des personnes extérieures. Je me focalise surtout sur ce que moi je ressens, sur comment je me sens, sur le travail que je fais. Le regard qui m’importe, c’est vraiment le regard de mes proches, le ressenti de mes proches, mon conjoint et puis mes enfants. Et puis, je sais que les modes, nos canons de beauté ont tendance à changer au fil des générations. Donc, il ne faut vraiment pas s’arrêter à ça. Il faut réellement se focaliser sur ce qu’on ressent et comment on se sent.

Justement, parlant de votre conjoint, aujourd’hui, vous aime-t-il mieux qu’avant ? Quid de vos enfants ?

Mon conjoint, il m’aime de toute façon, peu importe comment je suis, il m’encourage toujours à aller au bout de mes idées, de mes rêves, de mes projets. Pour lui, l’essentiel, c’est vraiment que je sois bien parce qu’une maman, c’est un pilier pour la famille, et c’est essentiel qu’elle se sente bien, qu’elle se sente forte, qu’elle soit solide pour porter tout ce qu’il y a autour. Tout doucement, lui aussi a compris que c’était une hygiène de vie à avoir. Pareil quand je devais commencer la nutrition ; il me regardait un peu du coin de l’œil, me demandant : qu’est-ce que tu manges ? qu’est-ce que tu veux me faire manger ?

Mais, c’est comme tout, ça s’apprend. Il faut même l’apprendre aux enfants. C’est avant tout avec eux qu’il faut commencer, parce qu’après, à l’âge adulte, ça devient comme des contraintes. Le goût, ça s’apprend, manger des légumes, manger sainement ça s’apprend. Pour lui, ça été un parcours du combattant, parce qu’il a fallu au bout d’un moment s’habituer à des choses qu’il n’aimait pas nécessairement, qu’il ne connaissait pas nécessairement. Mais il a fini par comprendre que tout ça faisait du bien et que ce n’était pas si mauvais que ça.

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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