Conférence de Copenhague sur le climat : la déception de l’Afrique


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Les dirigeants africains n’ont pas obtenu, comme ils le souhaitaient, un engagement chiffré des pays industrialisés sur leur réduction de gaz à effet de serre lors de la conférence de l’ONU sur le climat qui s’est tenue dans la capitale danoise du 7 au 18 décembre derniers. Ils doutent aussi de la bonne foi des pays riches qui promettent d’aider financièrement leurs pays à faire face aux effets néfastes des dérèglements climatiques. Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, propose à ses pairs d’adopter les énergies alternatives.

« C’est le pire accord de l’histoire » s’est exclamé samedi le délégué soudanais à la Conférence de l’ONU sur le climat, Lumumba Stanislas Dia-Ping. Même son de cloche chez le Sud-Africain Kumi Naidoo, président exécutif de l’ONG Greenpeace. Celui-ci s’est déclaré « profondément déçu » du résultat du sommet. Les présidents libyen Mouammar Kadhafi et sénégalais Abdoulaye Wade se sont montrés de leur côté très amers envers les pays riches, qu’ils ont accusé de ne pas avoir tenu leurs engagements sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les Etats africains qui émettent à peine 3% de ces gaz nocifs, mais sont de loin les plus touchés par le réchauffement de la planète, misaient beaucoup sur le sommet de Copenhague. Avant la conférence, ils avaient demandé aux pays riches d’allouer au moins 67 milliards de dollars aux 250 millions d’Africains victimes de sécheresse. Pendant les travaux de la conférence, le groupe Afrique exigeait de l’ensemble des pays industrialisés, qu’ils réduisent de 40% leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020.

Déception

Ces exigences risquent de ne pas être tenues, le Sommet ayant manifestement échoué. Aucun objectif chiffré n’a été décidé, sur la réduction des gaz à effet de serre. Même si le document final évoque une réduction du réchauffement de la planète de l’ordre de 2%, c’est seulement en début d’année prochaine que les pays industrialisés se prononceront sur leur niveau de réduction des gaz à effet de serre. Il n’y a donc pas eu d’accord contraignant au Danemark. D’où la déception des pays africains, comme de nombreux autres pays du Sud, à l’instar du Venezuela ou de la Bolivie. Pour le porte-parole des affaires écologiques de la Convention pour une Afrique du sud démocratique, Morgan Joris, l’accord signé à Copenhague est inacceptable, car il ne va pas dans le même sens que les idéaux des pays en développement.

Sur le plan financier, les pays africains n’ont également eu droit qu’à des promesses. L’Union Européenne souhaite débloquer 30 milliards de dollars sur la période 2010-2012, et une aide de 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2020. Mais côté africain, on laisse entendre que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. « L’aide, moi je n’y crois pas (…). Il faut que nous comptions sur nos propres moyens, car depuis plusieurs années, le G8 nous promet une aide de 50 milliards de dollars que nous ne voyons toujours pas », a commenté samedi le président sénégalais Abdoulaye Wade.

Peu après la fin de la conférence, samedi, le président sénégalais a rencontré à Tripoli son homologue libyen Mouammar Kadhafi, avec lequel il a discuté en détail des résultats de la conférence de Copenhague, selon l’agence de presse libyenne JANA. Abdoulaye Wade, qui penche pour une solution africaine contre le réchauffement climatique, se prépare à présenter aux autres dirigeants du continent ses propositions sur les énergies alternatives.

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