Cinéma africain : des courts qui en disent long


Lecture 2 min.
Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Un cinéma parisien projette une série de trois courts métrages africains qui explore avec bonheur, lucidité et humour, une Afrique tiraillée entre tradition et modernité, et qui ne fait pas toujours le bon choix. Des films qui survolent trois pays, mais aussi trois époques : les années 60, 80 et 90.

Le retour d’un aventurier du nigérien Mustapha Alassane est un vrai bijou. Il date de 1966, et malgré une post-synchronisation épouvantable, son charme est resté intact. Western africain décalé et plein d’humour, le film transpose les plaines du Far West dans le désert nigérien.

Lorsque Jimmy revient de voyage et offre la panoplie du parfait cow-boy à chacun de ses amis, il fait entrer un peu du rêve américain dans le village du Niger qui l’a vu naître. Un mythe parfaitement inadapté à la vie africaine et qui donne lieu à des scènes croustillantes. Une tragi-comédie qui en 30 minutes a tout dit de la complexité africaine, entre modernité mal assumée et tradition figée.

Avec Issa le tisserand du burkinabé Idrissa Ouedraogo, on passe à un langage cinématographique plus lyrique, proche de la fable. Poétique et silencieux -les dialogues sont rares- le film montre la reconversion d’un jeune tisserand traditionnel. Fier de son art, il devra pourtant se résigner à vendre les fripes occidentales dont ces compatriotes raffolent, pour faire vivre sa famille.

Quant au film du congolais David-Pierre Fila, Le dernier des Babingas, c’est un documentaire de 1990 sobre et alarmant. Au Congo, la modernisation fait des ravages chez les Pygmées. Le sage Mangala raconte lors de la veillée la fin de son peuple. Car à chaque arbre que l’on abat, c’est un peu de l’histoire de cette ethnie qui disparaît. Les monstres mécaniques avalent des hectares de forêt. Les Pygmées, paisibles et pacifiques, oeuvrent à leur propre asphyxie : ils défrichent leurs terrains de chasse pour le prix de quelques cigarettes.

Terres africaines V – Le retour d’un aventurier, sortie le 7 juin 2000, au Cinéma des Cinéastes, 75009 Paris.

Le dernier des Babingas, Congo, 1990, 20 mn, documentaire. Ecrit et réalisé par David-Pierre Fila. Produit par Les Films BANTOUS.

Issa le tisserand, Burkina-Faso, 1984, 21 mn, fiction-documentaire. Ecrit et réalisé par Idrissa Ouedraogo. Produit par Les Films de l’Avenir.

Le retour d’un aventurier, Niger, 1966, 34 mn, fiction. Ecrit et réalisé par Mustapha Alassane. Produit par M. Alassane et ARGOS Films.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News