Ciné à domicile


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Une projection du Cinéma Numérique Ambulant
Une projection du Cinéma Numérique Ambulant

Le Cinéma Numérique Ambulant… Il fallait y penser, Christian Lambert et Laurence Vendroux l’ont fait. Depuis bientôt deux ans, ils sillonnent les villages reculés du Bénin pour apporter le cinéma aux populations. Après le succès de la première saison, cap sur le Mali et le Niger.

Christian Lambert, directeur de production, tourne il y a quelques années un film au Bénin. Il se rend compte que les gens du village dans lequel il a planté sa caméra ne verront probablement jamais le film… Pas de salle, pas d’électricité, pas les moyens d’aller au cinéma à Cotonou… Il a alors l’idée d’amener le cinéma dans les zones reculées du pays. Avec Laurence Vendroux, décoratrice, il créé le Cinéma Numérique Ambulant (CNA). A bord d’un véhicule transportant un groupe électrogène, une sono, un lecteur DVD et VHS et un écran de 4 m sur 3, ils sillonnent le Bénin pour offrir le 7ème art aux populations.

Afrik : Comment s’est passée la première saison du CNA ?

Christian Lambert : Nous avons effectué 40 projections entre le 29 juin et le 20 août 2001, devant 15 000 spectateurs. Nous avons été dépassés par notre succès, nous ne nous attendions pas à une telle demande et nous sommes rentrés en octobre sur les rotules. Nous avons commencé avec 100-150 personnes pour finir avec 700 ou 1 000 spectateurs. Après cela, nous avons mis en place une première structure totalement opérationnelle à Ouidah ou une équipe a été recrutée. D’ici une semaine, une deuxième structure sera mise en place à Natintengou, au nord du Bénin.

Afrik : Vous allez donc laisser des structures sur place…

Christian Lambert : Suite au succès de la première saison, nous avons démarché certaines institutions et avons reçu un accueil très chaleureux à l’Union européenne. Grâce à son financement, nous allons monter trois structures de projection mobiles au Bénin, deux au Niger et deux au Mali. Nous sommes en train de passer d’une petite structure associative à celle d’une multinationale. La dimension du projet est totalement différente. Au départ, nous étions deux, avec une ou deux personnes supplémentaires par projection. Maintenant, on forme trois personnes, le but étant qu’elles restent sur place et soient autonomes.

Afrik : De quelle façon se déroulent les séances ?

Christian Lambert : La projection se divise en deux parties, éducative et récréative. La première partie est alimentée par des films de production locale sur des sujets comme l’éducation ou la protection contre le paludisme… Les documents audiovisuels éducatifs ne sont pas vus dans les villages, au même titre que les films africains. Nous donnons de l’importance à la première partie, en l’ancrant dans une réalité. Cette dimension sociale est devenue inséparable de la deuxième partie et montre qu’on ne se positionne pas que dans la culture, on essaie aussi de s’inscrire dans la vie quotidienne. Ensuite, nous passons des classiques du cinéma africain ou des films européens et américains. Le Ballon d’or de Cheik Doukouré, Bal poussière d’Henri Duparc ou Kirikou de Michel Ocelot ont beaucoup de succès.

Afrik : Quelle est la fréquence des projections ?

Christian Lambert : A partir de villes de moyenne importance où nous pouvons entreposer et réparer le matériel, nous créons des circuits sur une dizaine de villages totalement isolés dans lesquels on revient une dizaine de fois sur 6 mois. Nous y programmons dix films, une fois tous les 15 jours. Nous avons des relais dans ces villages. Ça peut être une cuisinière ou un chauffeur que nous connaissons qui nous présentent au chef de village ou au délégué.

Afrik : Les séances sont toujours gratuites ?

Christian Lambert : Je ne pense pas que notre structure rapportera un jour de l’argent ! On ne veut pas que l’argent soit un frein qui nous oblige à nous installer ailleurs que sur la place du village. En revanche, nous demandons que l’endroit de la projection soit nettoyé, des bancs mis à disposition, qu’on nous aide à installer et à ranger le matériel, que l’équipe soit nourrie. Ce n’est pas totalement gratuit mais les gens ne paient pas individuellement. C’est une cohérence de principe. Faire payer les gens ne serait pas rentable, ça rembourserait tout juste les frais d’essence ! Et puis ça alourdirait notre structure alors que notre grande force est justement la légèreté.

Afrik : Vous avez également créé une association.

Christian Lambert : CNA-Bénin est une association qui rassemble des techniciens du cinéma, des acteurs, des journalistes. On avance un peu à l’aveuglette mais on pense que le concept du CNA est bon, évident, élémentaire. Si l’on veut amener des images dans les villages, c’est la meilleure façon de procéder. Après, il faut réfléchir à quelles images apporter et comment gérer le matériel. Ce dernier augmente en qualité et baisse au niveau des prix d’année en année… On a bon espoir : ça va marcher !

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