Cheng Hui, le Chinois qui aimait l’Afrique


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Cheng Hui
Cheng Hui

Homme d’affaires dans l’immobilier, Cheng Hui a créé, en 2001 à Pékin, l’association TouchAfrica. C’est lui qui organise dans la capitale chinoise la semaine africaine pour promouvoir la culture africaine.

La deuxième édition du TouchAfrica Tourism and cultural festival s’est ouvert le 4 septembre et s’achève ce dimanche. Pendant une semaine, plusieurs pays africains ont proposé leur culture au public pékinois enthousiaste. Nous avons rencontré l’initiateur de cet événement. Entretien.

Afrik : Comment avez-vous connu l’Afrique ?

Cheng Hui : J’y suis allé pour la première fois en 2000. D’abord en Egypte, puis en Afrique du Sud et en Zambie. Ça a été ma première rencontre avec les masques et les antiquités africains, car en Chine, on n’a pas accès à ce genre d’objets. J’ai acheté tellement de masques et d’oeuvres d’art que j’ai dû demander au gouvernement sud-africain de m’aider à les envoyer en Chine !

Afrik : Vous aimez l’art africain ?

Cheng Hui : J’adore ! Je suis diplômé de l’université d’art de Pékin, la plus reconnue du pays, mais, le problème, c’est qu’il n’existe pas de département concernant l’art africain. Il n’y a pas un seul professeur chinois qui fasse des recherches sur le sujet ! Pourtant, l’art africain a toujours eu beaucoup d’influence au niveau mondial. Regardez Picasso : tous les Chinois le connaissent mais personne ne sait qu’il a été influencé par les statues d’Afrique….

Afrik : Comment faire connaître cet art ?

Cheng Hui : Depuis 2001, mon association n’a reçu ni support gouvernemental, ni d’aide de la part de sponsors… mais j’y crois encore ! Selon moi, une façon de faire connaître l’art africain, c’est d’arriver à le vendre en Chine. C’est pourquoi j’ai ouvert une dizaine de boutiques dans le pays. Je fais aussi fabriquer des objets et des accessoires à partir de matières premières africaines (tissus, tissages), une manière de mélanger design africain et design chinois. Par exemple, nous avons en Chine une ville qui fabrique 70% des luminaires vendus dans le monde. J’y suis allé avec des girafes en bois pour voir comment créer un modèle de lampes qui plaise au consommateur chinois. Il y a un marché énorme pour les objets africains ici ! Les vendre, c’est faire la promotion de l’Afrique. 98% des Chinois ont une mauvaise image du continent… et nous sommes plus d’un milliard !! Mais, chaque Chinois parti là-bas pour tourisme ou affaires, revient en aimant l’Afrique. Il y a un décalage entre la réalité et la perception que les gens en ont. J’en suis un exemple : avant, je ne voyageais qu’en Europe ou en Asie mais, depuis que j’ai découvert l’Afrique, je ne vais plus que là. Chaque année ! Les gens voient les informations sur les guerres, les famines et ont peur d’y aller. C’est une erreur.

Afrik : Qu’est-ce qui vous plaît en Afrique ?

Cheng Hui : Je pense que le continent a beaucoup contribué au développement de l’humanité. Or, nous avons perdu notre rapport au passé, nous en savons plus d’où nous venons. En Afrique, il y a la sauvegarde des traditions, le respect aux ancêtres, la relation homme/nature, les gens communiquent à travers la musique, la peinture. Et puis, c’est en Afrique qu’est né l’art ! Les masques et les statues ont traversé les siècles… Même si le continent connaît des problèmes politiques, il se bat pour sauvegarder son art et sa culture. Il faut protéger l’Afrique comme un trésor… pour ne pas nous couper de nos racines.

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