Changement au Cameroun, un fruit de raisin dans un sac de papaye pourrie


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Fotsing Nzodjou 2

Il était une fois, un village partagé entre le sahel et l’équateur, doté d’une grande forêt et des richesses qui pouvaient nourrir toute l’humanité. Dans ce village riche en tout, vivait une population travailleuse, dynamique et ambitieuse. Cette population était, depuis la nuit des temps, appréciée et enviée par toutes les communautés du monde.

Ce regard qu’avait le monde sur cette population était le fruit des victoires et des gloires d’antan, car l’histoire racontait que Kamerun avait été libéré par une violente guerre qui avait opposé ses fils aux assaillants venus du Nord.

Après la guerre, le pays essaya de se réconcilier. Un homme de peau bronzée, venant du peuple des éleveurs, qui avait pris, dans des conditions ignobles, le pouvoir, tenta, tant bien que mal, de bâtir la Nation. Il alla de tripatouillage en tripatouillage et créa l’illusion d’une unité nationale et de paix. Mais sa mission bien que non véridique traduisait sa sincérité ; car ses œuvres amenaient progressivement le peuple à oublier les douleurs du passé. Le royaume connaissait le plein emploi et l’autosuffisance alimentaire.

Des bourses d’étudiants aux subventions de l’agriculture passant par la création des entreprises publiques ou privées et la promotion de l’unité nationale, ce fils d’éleveurs avait réussi l’exploit de faire sourire les victimes de la barbarie des envahisseurs dont il était un proche. Il donna même des soutiens financiers à plusieurs royaumes d’Asie, preuve que tout allait mieux.

Seulement, deux décennies plus tarq, les choses changèrent dans le royaume. L’empereur quitta son siège après un rapport médical et décida de passer les commandes à un Prince fils de la forêt.

Malheureusement, c’était le début du déluge

Le nouveau Prince était fils de catéchiste, il avait bénéficié des bourses pour étudier et intégrer l’administration des colonies. A son retour, il occupait de très hautes fonctions, mais semble-t-il, n’avait pas copié la bonne pratique chez son ancien patron. D’ailleurs, ayant étudié l’administration des colonies, il avait oublié qu’il venait de prendre en main un Etat et non une colonie.

Le temps passa et les choses allaient de mal en pis. La population se révolta pour exiger la gestion partagée du pays, le Prince céda, dans les textes, et refusa dans la pratique. Le royaume connaîtra les pires moments de son histoire avec des licenciements, la fermeture des entreprises publiques, la corruption, le pillage et la dépravation des mœurs. L’ère de la moralité et du renouveau a ainsi connu son plus grand écroulement.

La compagnie aérienne de l’empire passa de 9 avions à demi-avion, puis à 3 avionnettes. L’électricité, le chemin de fer, l’eau, etc., seront vendus et l’argent de la vente détourné par le nouveau Prince et ses proches. Le royaume connaîtra la famine malgré ses forêts, ses minerais et ses eaux. La population tomba plus bas, le pays régressa de plusieurs années en créant des morts de toutes parts. Les malades, les handicapés et les enfants seront oubliés et leurs droits niés ou piétinés.

La justice se transformera en théâtre judiciaire, le service public en un calvaire, la méritocratie sacrifiée à l’autel du népotisme et du favoritisme. L’empire fut zombifié et le rêve de la liberté tué dans l’esprit d’un peuple anéanti par les souffrances. Tout le monde se fera prendre au piège, à cause de la misère. Les hommes de vérité, les sages, les guerriers et les bâtisseurs de l’Empire seront muselés ou achetés et feront tous allégeance au Prince pour pouvoir se nourrir et nourrir leurs familles.

La population sera obligée de parcourir des dizaines de kilomètres avec les t-shirts à l’effigie du Prince, pour chanter sa gloire et son immortalité afin de bénéficier du pain et de la sardine achetés par son sang et celui de ses frères.

Certaines communautés commencèrent à demander la division du royaume à défaut de sa gestion équitable. Ils seront massacrés par les lieutenants du Prince et appelés terroristes ou ennemis de la Nation.

Comme par hasard survint un matin des hommes soucieux du devenir du pays, conduit par un leader résolument déterminé à juguler la saignée du peuple meurtri, le Professeur Maurice Kamto, répondant au nom du MRC (Mouvement de la Renaissance du Cameroun) avec des nouveaux citoyens, les justiciers.

Comme un fruit de raisin dans un sac de papaye pourrie, il aura du mal à se faire une place. D’abord, il arrive avec une mission définie : demander au Prince de laisser la vérité conduire l’Empire, et de donner une chance à tous de connaître le sourire. Mais le Prince devenu roi n’écoutera pas. Quelques années plus tard, la détermination de Kamto fera renaître l’espoir et le peuple décida de l’accompagner à la tête de l’Empire afin qu’il le transforme en Etat juste. Mais c’était sans compter sur le défaut d’indépendance judiciaire dont souffre l’Empire et qui a été mis à nu par les soins des justiciers.

Les lieutenants du Prince paniquèrent, les forces réactionnaires au progrès et au service de l’Empire décadent entrèrent en mouvement. Les papayes pourries cherchèrent par tous les moyens à contaminer le raisin, au lieu de profiter de ses vertus pour se purifier.

Le camp du Prince décida de créer toute sorte de stratégie. Il inventa l’affrontement verbal des tribus et prit au piège plusieurs citoyens dans tous les camps. Il utilisa par la suite des universitaires pour théoriser sur l’ethnofacisme, puis accusa les justiciers d’insurrection, d’hostilité, de terrorisme… Mais cela ne changea en rien la détermination des nouveaux citoyens de la renaissance de l’Empire.

Débordé par la vérité face à l’éternel mensonge, le Prince décida d’enfermer les justiciers et leurs chefs afin d’éteindre la flamme de la Renaissance, mais cette nouvelle technique va créer l’effet inverse, le peuple décidera désormais de suivre la Renaissance.

Aujourd’hui, l’Empire existe encore, mais il tombe et va laisser la place à une nation juste conduite par la justice et la vérité.

Les nouveaux citoyens de la Renaissance sont plus que déterminés, l’arrestation de ses leaders et d’autres camarades est venue enraciner la volonté de renverser la tendance. La stratégie du tribalisme a échoué et le régime de l’Empire, au crépuscule de son existence, essaye de se donner une nouvelle chance, mais en vain. Car un nouveau vent est venu réconforter le peuple et il est désormais déterminé à prendre son destin en main.

Certaines personnes tardent à rejoindre le train, oui avec raison. Car il est difficile d’enseigner l’art de s’envoler à un oiseau né en cage. Mais l’oiseau qui découvre à quoi lui servent ses ailes est toujours prêt à faire un premier envol marquant définitivement son identité et son existence. Que l’Empire sache que nous volerons de toutes nos ailes aux côtés des justiciers pour lui redonner vie, et c’est cela le sens de la Renaissance que j’ai choisi de contribuer à défendre.

Fotsing Nzodjou, combattant de la liberté

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