Centrafrique : une vingtaine de morts et plusieurs blessés


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Les habitants de Bangui ont connu une journée dominicale sanglante. Deux importants arrondissements se sont vidés de leurs habitants suite à un large ratissage des rebelles du Séléka. Le bilan provisoire fait état d’une vingtaine de morts et de plusieurs blessés, ainsi que d’un nombre important des déplacés.

(De notre correspondant)

L’opération de « désarmement » lancée par le Séléka a tourné au drame. Personne ne sait qui leur a donné l’ordre de mener cette opération, ni s’ils sont habilités, en leur qualité de combattants encore actifs d’une rébellion, de procéder à une délicate mission. Au fond, il s’agit d’une sinistre action montée par les rebelles pour ainsi continuer à piller les quelques rares biens encore possédés par les habitants de Bangui, la capitale centrafricaine. Le bilan provisoire fait état d’une vingtaine de morts et de plusieurs blessés, ainsi que d’un nombre important des déplacés.

Selon les témoignages des victimes, ces hommes en tenue, se réclamant du Séléka, se sont d’abord présentés comme étant les agents de la police militaire, chargée du désarment des éléments de la rébellion et des intrus possédant des armes. Et pourtant, cela correspond bien à ce que font les forces mixtes de la Fomac (Forces multinationales en Afrique centrale) et Faca (Forces armées centrafricaines) qui opèrent sur ce terrain, en vue de récolter toutes les armes en détention illégale dans Bangui. En effet, le jour de la prise de la capitale centrafricaine, le dimanche 24 mars, les rebelles du Séléka ont laissé le temps à leurs parents et proches civils de se procurer des armes qui circulent de manière incontrôlée aujourd’hui dans la ville. Malheureusement, dans les faits de cette opération de désarmement, les réalités sont toutes autres. Car, après avoir accédé au domicile des gens pour des « fouilles d’armes et minutions », les rebelles ont directement passé au plan B, à savoir prendre de force des biens des occupants de ces maisons.

Pourquoi les rebelles du Séléka continuent, à la suite du renversement de l’ancien président François Bozizé, cette pratique ignoble qui fait tant souffrir les habitants ? Pire encore, ils ne se contentent pas seulement de piller les biens, mais ils tirent par ailleurs à balles réelles et autres armes de gros calibres sur la population civile, qu’ils sont censés protéger. Résultat : l’émeute du dimanche 14 avril a fait une vingtaine de morts, plusieurs blessés et des déplacés internes qu’externes. Les quartiers pris pour cible sont : le 4e arrondissement de Bangui, principalement le quartier Boye-Rabe, ainsi que le 7e arrondissement où les principaux quartiers visés sont Kassaï et Ouango. Les habitants de ces quartiers ont opposé de vives ripostes face à la percée des éléments du Séléka dans leurs circonscriptions. Et c’est à balles réelles et autres armes lourdes telles que les roquettes et obus que les éléments de la rébellion ont réprimé ces jeunes.

Entre temps, trois roquettes sont tombées sur l’église des frères de Ngoubagara dans le 4e arrondissement et ce, au moment même du culte. Cette attaque a fait au total sept morts dont trois sur place et des blessés qui sont actuellement hospitalisés. Le pasteur a été atteint à la tête et suit encore des soins à l’hôpital. De même, le Chef du quartier Mandaba, a été froidement abattu hier, dimanche 14 avril dans la soirée, certainement parce qu’il avait dénoncé dans la matinée sur les ondes de la radio, les exactions qui avaient eu lieu dans son quartier.

Ce n’est pas fini, les éléments du Séléka promettent de poursuivre l’opération ce lundi, dans les autres quartiers du 4e arrondissement, notamment à Fouh et Gobongo. L’émeute de dimanche a été telle que le président Michel Djotodia était contraint d’intervenir à la télévision et à la radio, uniquement en langue nationale (sango) pour appeler les gens à la retenue et au calme.

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