Centrafrique : Touadéra se lance pour un troisième mandat


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Le Président de la Centrafrique, Faustin-Archange Touadera
Faustin-Archange Touadera, Président de la Centrafrique

Faustin-Archange Touadéra officialise sa candidature à un troisième mandat en Centrafrique, s’appuyant sur une Constitution révisée en 2023. Une investiture contestée par une opposition inquiète d’un verrouillage du pouvoir, sur fond de méfiance démocratique et de tensions électorales à l’approche du scrutin de décembre.

C’est désormais officiel : Faustin-Archange Touadéra briguera un troisième mandat à la présidentielle centrafricaine de décembre 2025. Investi ce 26 juillet par son parti, le Mouvement Cœurs Unis (MCU), le chef de l’État s’appuie sur la nouvelle Constitution adoptée en 2023 pour prolonger son règne. Une annonce qui ravive les tensions avec une opposition en quête de dialogue et de transparence.

Une candidature annoncée, mais contestée

Réuni en congrès à Bangui, le MCU a sans surprise porté Faustin-Archange Touadéra comme candidat à l’élection présidentielle de fin d’année. Le président sortant, déjà en poste depuis 2016, a accepté cette investiture dans une mise en scène aux airs de sacre, recevant symboliquement le drapeau national et une colombe. « Mon ‘oui’ est sans appel », a-t-il déclaré, se disant « conscient de la gravité du devoir » qui l’attend.

Pourtant, sa candidature ne fait pas l’unanimité. L’opposition, incarnée notamment par le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), conteste la légitimité de ce troisième mandat rendu possible par la réforme constitutionnelle de 2023. Celle-ci a non seulement allongé la durée du mandat présidentiel à sept ans, mais surtout supprimé la limitation à deux mandats.

Une Constitution taillée sur mesure ?

Aux yeux de ses détracteurs, Touadéra cherche à verrouiller le pouvoir. Accusé de vouloir instaurer une présidence à vie, il s’appuie sur une Constitution modifiée sous son autorité, ce qui jette une ombre sur la transparence du processus électoral. « Il décide seul qui peut être candidat », dénonce Crépin Mboli-Goumba du BRDC. La méfiance est d’autant plus grande que le dialogue politique promis par le chef de l’État reste lettre morte, malgré les appels répétés de la société civile et de l’opposition.

Face à cette contestation, le MCU se montre confiant et organisé. Lors du même congrès, 94 candidats à la députation ont été investis, signe d’une stratégie coordonnée pour contrôler les institutions. Blaise Didacien Kossimatchi, cadre du parti, annonce déjà la couleur : « Nous allons gagner dès le premier tour. » Le ton est donné pour une campagne électorale où le pouvoir entend conserver son avance.

Un climat électoral à surveiller

En plus de la présidentielle, des élections législatives et municipales doivent également se tenir en décembre, après plusieurs reports pour raisons techniques et financières. Mais dans un pays marqué par des décennies de crises politiques, de coups d’État et de violences armées, la stabilité du processus électoral reste fragile.

L’élection de 2020, entachée par des accusations de fraude et de pressions de groupes armés, a laissé des cicatrices encore visibles. Cette fois encore, des craintes persistent quant à l’inclusivité et à la crédibilité du scrutin.

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