Centrafrique : le CNT crée la controverse


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Le Conseil national de transition (CNT) est remis en cause. Et pour cause, l’organe, censé représenter les différents corps de la société politique et civile de la Centrafrique, ne serait pas si pluraliste que cela. Sur les 50 noms de membres de la société civile, 28 seulement ont été validés et 22 autres ont été remplacés. D’où la polémique.

Le Conseil national de la transition (CNT) est éclaboussé par un problème de représentativité. Conformément au Sommet de N’Djamena, au Tchad, les nouvelles autorités centrafricaines ont mis en place le CNT, une sorte d’Assemblée nationale composée de 105 membres. Le hic ? C’est que certains représentants de la société civile ont été exclus et remplacés par d’autres personnes.

« Officiellement, le contrat est respecté. Il y a bien des représentants des différents corps constitués : les partis politiques, les femmes, les jeunes, les institutions religieuses, les syndicats entre autres. Mais, selon plusieurs sources, il y aurait un décalage très net entre les listes de noms envoyées par ces corps constitués et les membres finalement désignés pour participer au CNT », indique RFI. Et de préciser : « A titre d’exemple, sur les 50 noms fournis par la société civile, 28 ont été validés, les 22 autres ont été purement et simplement remplacés. Alors, chez les jeunes, les femmes, les élus locaux, on se plaint de ce « tripotage » des listes ».

Sur les traces de Bozizé ?

A la suite du Sommet des chefs d’Etat de l’Afrique centrale, tenu le 3 avril dans la capitale tchadienne, les nouvelles autorités centrafricaines ont assuré de vouloir respecter les accords de Libreville qui prévoient des élections législatives et présidentielle dans trois ans. Des élections que ni le président de la transition Michel Djotodia ni son Premier ministre reconduit Nicolas Tiangaye ne pourront y participer. Le successeur de l’ancien président François Bozizé s’est même engagé à mettre en place des nouvelles institutions chargées de gérer la transition.

Est-ce qu’il faudra remettre à plat cette Assemblée qui ne reflète pas le paysage politico-social de la Centrafrique ? La question se pose : « Il y a aussi le cas du bureau. Ceux qui ont été élus seraient des proches, voire des membres de la famille du président Djotodia. « Ce sont les mêmes méthodes que celles de Bozizé« , répètent tous les déçus de ce tout nouveau Conseil national de la transition », signale RFI.

Le président Michel Djotodia aurait donc emboité le pas à son prédécesseur François Bozizé ? « L’habitude de Bozizé était de tromper tout le monde. Les accords de Libreville prévoyaient de former un gouvernement d’union nationale. Mais, il a adjoint des ministres délégués à chaque ministre du Séléka, pour ainsi continuer à avoir la mainmise du pouvoir. Bozizé a, par ailleurs, continué les exactions contre les Rounga et les Goula, l’ethnie dont fait partie une partie de la rébellion », a confié à Afrik.com Lydie Boka, Directrice de l’agence d’analyse de risques StrategiCo, dans une précédente interview.

A compter du 3 avril, le nouvel exécutif centrafricain disposait de 15 jours pour constituer le Conseil national de la transition. C’est chose faite, mais cet imbroglio portant sur la représentativité risque de faire tache d’huile demain, jeudi 18 avril, lors du nouveau sommet des chefs d’Etat de l’Afrique centrale.

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