[Cannes 2013] « Zulu » ou les nouveaux démons de l’Afrique du Sud


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La 66e édition du Festival de Cannes s’achève sur une note sud-africaine. Forest Whitaker et Orlando Bloom sont à l’affiche du film de clôture, « Zulu » de Jérôme Salle. Le thriller est un voyage au coeur des nouveaux tourments des Sud-Africains et de leur pays.

Le Festival du Cannes s’offre une virée sud-africaine pour sa cérémonie de clôture. Zulu du cinéaste français Jérôme Salle mettra un point final à sa 66e édition. Forest Whitaker et Orlando Bloom, respectivement Ali Sokhela et Brian Epkeen, doivent enquêter sur la mort d’une adolescente blanche après la découverte de son corps sur une plage du Cap, en Afrique du Sud. L’enquête qui s’ouvre oblige les policiers à faire face à leurs névroses et à leurs traumatismes, mais surtout aux résurgences du passé récent de leur pays. Le film est une adaptation du livre éponyme de l’écrivain français Caryl Férey publié en 2008. Zulu est une allégorie de toutes les violences qui traversent l’Afrique du Sud post-Apartheid. La violence est bien évidemment criminelle, mais aussi économique après des décennies de ségrégation raciale.

Ségrégation économique

Les Noirs des townships et surtout leurs enfants, qui se retrouvent dans la rue, demeurent les populations les plus défavorisées. Mais elles continuent d’être délaissées – c’est ce que la mère d’Ali ne cesse de lui répéter à chacune de ses visites – quand elles ne sont pas exploitées par des hommes d’affaires et des scientifiques véreux. Ce dernier aspect constitue la trame de Zulu. La violence est également psychologique et trouve son incarnation dans le personnage d’Ali Sokhela. A l’instar de la majorité des Noirs sud-africains, il a choisi de pardonner aux bourreaux de l’Apartheid afin que tous ses concitoyens puissent construire un avenir commun. Cependant, comment y parvenir totalement quand on porte les séquelles de cette période douloureuse dans sa chair et que le quotidien peut vous y renvoyer à tout instant ? Comment résiste-t-on à l’appel de la vengeance dans un tel contexte ? Le détective Ali Sokhela est un homme marqué. Sa mère semble être son unique rempart contre le flux d’émotions qui menace de le submerger à tout instant, notamment avec sa nouvelle enquête. « Quand j’ai reçu et lu le scénario, je voyais ce personnage qui se préoccupait (du) passé. Pouvait-il pardonner aux autres mais surtout à lui-même ? C’est ce qui m’a enthousiasmé. Je voulais explorer ce personnage et ses émotions », a expliqué ce dimanche Forest Whitaker lors de la conférence cannoise du film. Pour l’acteur Sud-Africain Conrad Kemp, l’authenticité du film vient de sa capacité à mettre en exergue un « dysfonctionnement collectif » qui cohabite avec l’optimiste dont font preuve ses compatriotes.

Zulu est un thriller qui tient ses promesses en termes de rythme et de narration. La fiction gagne en profondeur avec la mise en perspective de la société sud-africaine contemporaine et de ses nouveaux défis. L’imagination de Caryl Férey et l’adaptation de Jérôme Salle et de Julien Rappeneau ont donné naissance à un long métrage, tourné en 2012, qui fait écho à l’actualité de ce pays. Un challenge omniprésent pour Jérôme Salle. « J’ai beaucoup hésité à faire ce film à cause de ça, confie-t-il. Je me disais : est-ce que je suis capable de refléter la réalité ? En tout cas, j’étais obsédé par cela et c’est très important pour le film ». La sortie française de Zulu est prévue pour novembre.

« Zulu » de Jérôme Salle

Une adaptation du roman Zulu de Caryl Férey

Avec Orlando Bloom et Forest Whitaker

Sortie française : 6 novembre 2013

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