Cancùn : tombeau du coton africain


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La délégation africaine n’a pas pu obtenir la suppression des subventions agricoles au sommet de l’OMC qui s’est achevé dimanche au Mexique. En attendant le retour de ses représentants, le Burkina prévoit déjà de lourdes conséquences économiques.

Le coton africain broie du noir. Le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad n’ont pas pu obtenir la suppression, ni même la réduction, des subventions agricoles versées par les pays riches. Il repartiront donc bredouilles du sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de Cancùn (Mexique), qui s’est achevé dimanche. Les conséquences de cette inaction pourraient provoquer une crise économique dans les pays producteurs de coton, et notamment au Burkina Faso.

La réforme du système de subventions ne figurait même pas parmi les thèmes prioritaires abordés lors des rencontres. Pourtant, un pas de l’OMC envers les agriculteurs africains aurait été salvateur. Le coton représente parfois jusqu’à 65 % des exportations des pays producteurs. Or, les aides accordées par les Etats-Unis et l’Union Européenne provoquent la chute du cours du coton et donc une baisse du salaire des producteurs des pays en voie de développement. Une tendance qui se confirme depuis des années et que la délégation africaine (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad) espérait bien inverser à Cancùn.

Chaos social-économique

Au lendemain de la clôture des négociations, les principales associations de producteurs de coton attendent le retour de leurs représentants pour mesurer pleinement l’impact du statu quo. Mais déjà, certains envisagent le pire. Le prix de vente sur le marché risque encore de s’amoindrir, plongeant un peu plus les agriculteurs dans la misère. Une donne qui pourrait décourager les nouvelles générations. « Si les jeunes s’aperçoivent que vendre du coton n’est pas rentable, ils risquent de quitter les campagnes pour s’installer en ville. Quant aux agriculteurs déjà présents sur le marché, si le prix du coton venait à baisser de nouveau, ils pourraient réduire la surface dédiée à cette production », explique-t-on à l’Union nationale des producteurs de coton burkinabés (UNPCB).

Dans les deux cas, la production du Burkina Faso serait amputée. De quoi réduire de façon substantielle la principale source de revenus du pays. « Le coton représente 60% des exportations et sa production ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années. A part ce produit, nous n’avons rien qui pèse sur le marché international. Si nos représentants au sommet de Cancùn annoncent le maintien du système de subventions, nous sommes morts », se désole Seydou Daou, trésorier de l’UNPCB, qui n’exclut pas de prochains licenciements. Le Burkina n’est pas très optimiste et semble croire que le pire reste à venir.

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