Canal 3 Monde: la télévision qui veut analyser l’information africaine


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P. Bedou

Canal 3 Monde. C’est le nom de baptême de la nouvelle chaîne de télévision panafricaine émettant depuis Paris. La journaliste et réalisatrice, Sylvie de Boisfleury, et son partenaire, Pierre Bedou, se sont associés à un homme d’affaires béninois pour porter la nouvelle télévision des fonts baptismaux. Pour Afrik.com, elle explique le positionnement de Canal 3 Monde.

P. BedouDans l’univers des chaînes de télévisions à vocation panafricaine émettant de Paris, Sylvie de Boisfleury fait figure de pionnière. Journaliste, réalisatrice et productrice, elle fût l’une des chevilles ouvrières de 3A Telesud et d’Africa 24 dont elle s’est tour à tour éloignée. Infatigable et énergique, la voici de retour, cette fois avec Canal 3 Monde, dont elle copilote le lancement avec son compère de toujours, le Togolais Pierre Bedou qui partagea son aventure à 3A Telesud. La nouvelle télévision bénéficiera du soutien financier d’un homme d’affaire béninois qui a choisi de rester en retrait. S. de BoisfleuryElle a commencé à émettre par satellite et sur Internet il y a un mois et se veut à en croire Sylvie de Boisfleury, très ambitieuse : offrir un regard analytique sur l’information africaine et opter pour une vision positive du continent, dont les potentialités méritent d’être mises en avant, pour donner le change aux nouvelles toujours alarmantes, qui masquent les énergies positives déployées localement pour le développement. Dans cette interview, elle explicite les ambitions de la nouvelle chaîne de télévision.

Afrik.com : Comment est né Canal 3 Monde ?

Sylvie de Boisfleury :
La personne qui nous a sollicités, mon partenaire Pierre Bedou et moi-même pour lancer le projet, est de nationalité béninoise et possède déjà plusieurs médias. Nous avons choisi d’appeler la nouvelle chaîne Canal 3 Monde pour ne pas être rattaché à un pays, car on est voué à une diffusion internationale.

Afrik.com : Vous avez dit qu’un Béninois est à l’initiative de ce projet. De qui s’agit-il?

Sylvie de Boisfleury :
Ce qui est important à retenir par rapport à cet investisseur c’est que pour une fois, c’est un acteur économique de la vie béninoise et non un homme politique. Cependant, il souhaite rester discret pour l’instant, car il a d’autres activités.

Quel type de programmes proposez-vous ?

Sylvie de Boisfleury :
Nous avons deux axes. Le premier concerne tout ce qui est diffusion plateau faite par notre équipe de rédaction dans laquelle on retrouvera des anciens 3A Telesud avec quelques nouvelles têtes. Cette équipe veut proposer aux téléspectateurs des émissions qui permettent une lecture, une analyse de l’information. Nous ne sommes pas dans le direct. Nous avons fait ce choix de l’analyse. On va analyser à la fois ce qui se passe en Afrique et dans l’actualité internationale. Il s’agira d’un ensemble de sujets internationaux, par exemple la problématique de l’environnement. Je pense que le regard du Sud est tout aussi valable qu’un regard unilatéral du Nord sur ce type de sujets. Autre exemple, il y a une politique très forte aux Etats-Unis avec le président Obama. Je pense qu’il peut y avoir une analyse de cette politique par des gens du Sud. Elle sera différente de celle faite par des journalistes des pays du Nord. En second lieu, il y a les reportages. On va montrer l’économie africaine mais d’une manière dynamique et positive. C’est vrai qu’il y a des choses qui ne marchent pas en Afrique. mais il y a aussi des choses qui vont bien. La plupart des pays affichent une croissance de plus de 5%. Il faut parler de cette Afrique positive. On permettra également aux acteurs économiques du continent de s’exprimer. En gros, on traitera le Sud dans les aspects économiques, culturels sportifs et politiques. On mettra en avant le regard de l’Afrique sur le monde.

Afrik.com : Votre public cible sera donc uniquement l’Afrique ?

Sylvie de Boisfleury :
Canal 3 Monde est déjà diffusé sur l’Afrique subsaharienne via le satellite Sirius 4 sur Astra. De Nouakchott jusqu’en Afrique du Sud, le signal est capté. Mais on ne souhaite pas s’arrêter au moyen satellitaire parce qu’on veut être une télévision proche de la population africaine. Donc on va développer tout ce qui est réseau MMDS [Réseau de télévision par câbles]]. On a déjà mis en place une série d’accords dans plusieurs pays dont le Bénin, la Côte d’Ivoire, la RDC, le Cameroun. Bien entendu, on n’est pas limité à la diffusion en Afrique. On souhaite être regardé à l’international. Très prochainement on sera diffusé en France par un opérateur du câble. On va ensuite étendre notre diffusion à travers un grand nombre de pays à travers le monde. On a déjà entamé la diffusion sur Internet, sur le site [www.canal3monde.com.

Afrik.com : vous êtes une ancienne de 3A Telesud et d’Africa 24. Des anciens journalistes de la première chaîne sont également signalés dans votre équipe actuelle. Est-ce l’échec dans ces deux premières chaînes de télé qui vous ont motivé à lancé Canal3 Monde ?

Sylvie de Boisfleury :
Les journalistes sont libres de manager leur image. Ceux qui ont quitté 3A Telesud pour nous suivre avaient confiance en une équipe lorsqu’ils se sont engagés. Lorsque cette équipe a quitté ce média, ils ont choisi de partir. Ce n’est pas moi qui leur ai dit de démissionner. Ils étaient là parce qu’ils nous faisaient confiance. Cela ne veut pas dire que l’autre équipe à 3A Telesud était incompétente. Ils n’ont pas voulu s’associer à des gens qu’ils ne connaissaient pas. C’est leur liberté de choix. En second lieu, je ne vis pas mon expérience avec les deux première chaînes que j’ai contribuées à lancer comme un échec. Je pense que 3A Telesud a ouvert une porte. On a compris qu’il était possible d’être un média orienté vers les cultures du Sud et d’avoir une diffusion internationale. Et cela a donné naissance à plein d’autres projets comme Vox Africa, Africable qui a démarré au Mali. Pour ce qui est d’Africa 24, quand nous sommes partis de 3A Télésud, un investisseur qui était la Guinée Equatoriale nous a fait confiance pour créer une nouvelle chaîne d’information. Mais une fois de plus, il s’est avéré que cette télé ne répondait pas à mes attentes. Je n’étais pas d’accord avec la ligne éditoriale. Mais ce n’est pas pour cela que je considérerais le projet comme un échec. La réussite de l’implantation d’Africa 24 est visible. C’est un média qui perdure. J’ai rempli mon contrat. Maintenant dans la suite du contrat, je ne voulais pas aller dans cette ligne-là. Je suis aussi réalisatrice, journaliste. J’ai mes propres engagements et je ne voulais pas aller dans cette direction. Le hasard a fait qu’une personne m’a fortement sollicitée pour créer un nouveau média. Cette personne a écouté mes attentes et mes exigences. On s’est mis d’accord et je me suis dit : pourquoi pas ? Je veux bien, pour une troisième fois, mettre en place un média panafricain. Mais je vous rassure, ce sera la dernière fois.

Afrik.com : Comment comptez-vous financer Canal 3 Monde ?

Sylvie de Boisfleury :
Bien sûr, la source de revenus est très importante. 3A Telesud en souffre encore aujourd’hui. Pour Canal 3 Monde, je me suis associé à Julien Coffi qui a une société de communication publicitaires et marketing appelée « Magie noire ». Il est dans le commercial depuis 10 ans, il a des clients phares. Par tout ce relationnel qu’a « Magie noire », nous sommes en train de mettre en place des contrats publicitaires pour cette chaîne. Nous avons mis plusieurs dossiers en place. Nous avons toute une stratégie commerciale qui je l’espère portera ses fruits. Nous avons mis en place un plan d’exploitation pour l’année qui vient.

Consulter:

 Le site de Canal 3 Monde

 Le site d’Aferka, la société de production de Sylvie de Boisfleury

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