Cameroun : vingt ans de plus pour Titus Edzoa et Michel Atangana


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Après avoir déjà passé quinze ans en prison dans une autre affaire, Michel Atangana et Titus Edzoa ont été déclarés coupables de détournement en co-action de 1,1 milliard de FCFA (1,7 million d’euros) ce 4 octobre et condamnés à vingt ans de prison.

(De notre correspondant)

Michel Thierry Atangana Edzoa et son compagnon Titus Edzoa resteront encore vingt années de plus en prison. Ils ont été déclarés coupables de détournement en co-action de 1,1 milliard de FCFA (1,7 million d’euros) représentant le montant d’une taxe pétrolière ainsi que de tentative de détournement de 59,4 milliards de FCFA (90 millions d’euros). Ils avaient déjà écopé et purgé une première condamnation de quinze ans en 1997 pour détournement de fonds.

D’après le dossier d’accusation, « Edzoa Titus a outrepassé ses pouvoirs de secrétaire général de la présidence en délestant l’Etat de 1,1 milliard de FCFA ». Du coté de la défense, on crie plutôt à la manipulation. « La décision de ce jour ne me surprend pas… Je commence à désespérer de l’arsenal juridique de notre pays et même de l’application de nos lois », s’indigne l’un des avocats de Thierry Michel Atangana Me Patrice Mbuny, avant d’annoncer qu’il compte faire appel. « Le fait que nous soyons condamnés ne veut pas dire que nous reconnaissons les faits », a-t-il fait savoir.

Dans une lettre ouverte datant de 2011, Titus Edzoa, aujourd’hui âgé de 67 ans, avait écrit au président Paul Biya : « Quatorze ans de torture, Monsieur, ça suffit! ». Dans cette lettre, il dénonce « sa détention dans des conditions inqualifiables ». Professeur agrégé en chirurgie, Edzoa a été de 1985 à 1997 un des personnages les plus puissants du régime de Paul Biya. Il a été tour à tour, ministre chargé de Mission à la présidence, conseiller spécial à la présidence, ministre de l’Enseignement supérieur, secrétaire général à la présidence et ministre de la Santé. Titus Edzoa avait alors démissionné en avril 1997 avant d’annoncer sa candidature à la présidence. Quelques jours après cette déclaration, il a été arrêté. Edzoa a toujours déclaré qu’il s’agissait d’une conspiration politique. Lors de son premier procès, il a produit des écoutes téléphoniques dans lesquelles des personnalités promettaient d’utiliser un « rouleau compresseur » pour le neutraliser. Présenté comme le futur directeur de campagne de Edzoa, même si cela n’a jamais été prouvé, Atangana, 48 ans, avait aussi été condamné à quinze ans de prison. Toujours inculpé pour la même affaire, l’ancien ministre camerounais des Postes et Télécommunications Isaac Njiemoun avait lui été condamné à dix ans de prison alors que le quatrième accusé, Dieudonné Mapouna, ancien secrétaire particulier d’Edzoa, a été acquitté.

En France, comme au Cameroun, un collectif de soutien à Thierry Michel Atangana a été mis en place. Selon des documents de ce collectif, le procès à l’encontre de leur proche est lié aux intérêts économiques du pays. Des communications transmises par le collectif font savoir que le gouvernement étant devenu créancier du consortium dirigé par Atangana, l’Etat a décidé de le poursuivre pour annuler sa créance. « Nous pensons que ce sont ces enjeux financiers si importants qui font problème aujourd’hui. »

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