Cameroun : Vanessa Josiane Foulbay élue miss Mama Kilo


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Vanessa Josiane Foulbaye est Miss Mama Kilo

Vanessa Josiane Foulbay a été élue, vendredi 3 mars à Douala, miss Mama Kilo, devenant ainsi la première gagnante de ce concours. Si la belle plante d’1,68 mètre et 117 kilos a tenu à participer à ce concours, c’est pour « destresser les femmes rondes ». Le combat qu’elle compte mener pendant l’année de son mandat est la protection des enfants de la rue. Confidences d’une femme pleine de force et de vie.

Le Cameroun a élu sa première miss Mama Kilo. L’évènement s’est déroulé vendredi 3 mars au cinéma le Wouri de Douala, devant une foule compacte. La lauréate, Vanessa Josiane Foulbay, est une jeune femme de 26 ans. 1,68 mètre pour 117 kilos. La coiffeuse et vendeuse de babouches, mère d’un enfant de quatre ans, est arrivée première à toutes les étapes de pré-sélection et de l’élection. Elle a affronté quelque 300 femmes, dont les 10 autres finalistes. Jusqu’à l’ultime consécration. La plus belle femme ronde du Cameroun nous raconte pourquoi elle a participé à ce concours et revient sur ce qu’elle veut faire pour aider les enfants des rues.

Afrik.com : Comment avez-vous réagi lorsque que vous avez été élue miss Mama Kilo ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Ça a été une grande joie. Ça m’a permis de réaffirmer la confiance que j’avais en moi et de relever le défi que je m’étais fixé : faire revenir mes amies. J’ai commencé à prendre du poids à 18 ans, juste après mon baptême. Et, au fur et à mesure, mes amies m’ont quitté parce qu’elles n’appréciaient pas que je prenne du poids.

Afrik.com : Cela a dû vous faire mal…

Vanessa Josiane Foulbay :
Je suis restée stressée pendant six mois, mais après c’est passé et je n’ai plus souffert. Le poids, c’est Dieu qui le donne. Il faut le prendre avec les deux mains et tout faire pour le mettre en valeur. Ce n’est pas la peine d’essayer de maigrir, alors qu’on est pas sûr de réussir. Alors j’ai décidé de me réinsérer.

Afrik.com : Vos amies sont-elles revenues ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Le lendemain de mon élection, tous les amis que j’ai perdus sont revenus et des gens qui n’étaient pas mes amis ont souhaité le devenir.

Afrik.com : Vous ne trouvez pas ça hypocrite ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Je prends ça bien. J’accepte tout le monde. Je me dis toujours qu’un être humain est mal placé pour en juger un autre. Alors j’ai ouvert mes bras, comme je l’avais fait la première fois.

Afrik.com : Avez-vous été victime d’autres discriminations ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Ça ne manquait pas ! Mais je ne suis pas la seule. Chacun à son goût. Certains vont dire que je suis trop grasse parce qu’ils préfèrent les femmes comme Jennifer Lopez ou Cindy Crawford, mais d’autres vont dire que je suis la femme qu’il lui faut à la maison parce que je lui plaît vraiment. Certains ne se cachaient pas pour faire des réflexions. Ça ne me plaisait pas et c’est pour ça que j’ai insisté pour faire ce concours. Je voulais sortir les femmes de forte corpulence du stress.

Afrik.com : Vous faisiez-vous beaucoup draguer avant le concours ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Oui, mais depuis le concours, c’est la catastrophe ! Certains mentent aux organisateurs et se présentent comme étant journalistes juste pour avoir mon numéro. C’est marrant !

Afrik.com : Faites-vous du sport ?

Vanessa Josiane Foulbaye :
Je garde la forme ! Je fais un peu de gym, mais pas pour maigrir ! Mon poids me plaît et je veux rester comme ça toute la vie.

Afrik.com : Dans certains articles, on vous surnomme « la reine » ou « l’ambassadrice de l’embonpoint ». Quel effet cela vous fait-il ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Ça fait du bien ! Je suis comme un modèle : nous avons la chance d’avoir une culture où l’on aime les femmes à grosse poitrine et au derrière bien rebondi. Alors les femmes rondes doivent se mettre en valeur.

Afrik.com : Comment expliquez-vous que vous êtes arrivée première à toutes les étapes de sélection ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Nous avons toutes répondu aux critères, mais il fallait tout donner de soi. Je pense être arrivée aussi loin parce que j’ai toujours donné le meilleur de moi-même. Je me suis arrangée pour bien débattre sur le thème que j’avais choisi et bien regarder les gens dans les yeux.

Afrik.com : Donc vous vous attendiez à être lauréate ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Je n’étais pas vraiment surprise, effectivement. Dans la vie, il faut être sûr de soi !

Afrik.com : Le thème que vous avez choisi de défendre est celui des enfants des rues. Pourquoi ?

Vanessa Josiane Foulbay :
J’ai choisi ce thème car je suis touchée par leur vie. Durant toute l’année, je vais m’arranger pour aider ces enfants. Ce ne sont pas que les enfants de nos maisons qui sont l’avenir, ceux de l’extérieur aussi ! Un enfant ne demande pas à naître, mais une fois qu’il est là, il ne faut pas l’abandonner. Ça fait trop mal. Ces enfants souffrent tellement ! La rue n’est pas leur place ! Il faut les sortir de là.

Afrik.com : Vous arrive-t-il de donner des conseils à des femmes rondes mal dans leur peau ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Je donne constamment des conseils. Mes voisines n’arrêtent pas de me dire : « Tu es bien moulée dans ton pantalon. Comment tu fais ? » Je leur dis : « Il faut t’accepter si tu veux qu’on t’accepte. Si tu ne t’aimes pas, on ne t’aimera pas ».

Afrik.com : Vous avez remporté 200 000 FCFA, sur les 500 000 qui étaient prévus, à cause du manque de fonds. Qu’allez-vous faire de cet argent ?

Vanessa Josiane Foulbay :
Je vais payer la pension de mon fils et investir un peu dans mon commerce. Le fait que j’ai gagné moins d’argent, ce n’est pas grave, on fait avec ! Je savais que la télé, la radio et la presse passeraient mes messages et c’est ce qui m’importait.

 Pour contacter Vanessa Josiane Foulbay : missjosiane2006@yahoo.fr

Genèse du concours et mots du jury

« Le fait qu’elle (Vanessa Josiane Foulbay, ndlr) soit arrivée première à chaque fois prouve qu’on ne s’est pas trompés ! Vanessa Josiane a eu le maximum de points. Certains n’ont pas compris pourquoi Vanessa Josiane a gagné parce qu’elle n’était pas la plus ronde, mais nous avons expliqué que le poids n’était pas le seul critère. Il fallait faire 80 kilos et plus, mais nous avons pris en compte l’expression, l’élégance, la démarche, le sourire, la façon dont la candidate évoluait sur la scène…», raconte l’avocate Alice Nkom, présidente du jury. Les organisateurs de la manifestation ont voulu montrer que la femme africaine n’est pas que mince : « La plupart de nos femmes sont rondes et belles. Mais certains veulent être mince. Alors nous voulons lutter contre le véritable problème des femmes qui prennent des médicaments pour maigrir à tout prix et qui mettent leur santé en danger », raconte Moïse Bangteke, l’un des initiateurs de miss Mama Kilo. L’expérience doit être renouvelée l’an prochain, avec des sélections régionales et nationales, mais aussi provinciales.

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