Cameroun : Peut-on trouver le bonheur auprès des médecins traditionnels ?


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L’organisation actuelle du système de santé camerounais, définie en janvier 1989 par le ministre de la Santé publique par décret ministériel n° 89/011 est riche et varié. Et le Cameroun a adhéré à la plupart des politiques sanitaires adoptées sur le plan international telles que la Charte africaine de développement sanitaire et les Soins de santé primaires mais la médecine traditionnelle reste très présente.

Il est connu de tous que les guérisseurs traditionnels encore appelés «médecins traditionnels/marabouts», si on s’en tient aux témoignages des personnes du 3è âge, autrefois, avaient leur mot à dire sur la politique sanitaire du Cameroun, car, disent-ils, opéraient des miracles, pour ne pas dire comblaient le vide laissé par la médecine moderne. Mais, de nos jours, les données ont tendance à changer, et pour plusieurs raisons. Il suffit qu’un voisin disparaisse de la circulation pendant quelques mois, voire années, dès qu’il/elle revient, il/elle porte une autre casquette. Il/elle dit à celui qui veut l’entendre, que c’était pour des « rites d’initiation aux traitements/voyance».

Pour le patriarche Antoine Ngom, « les vrais médecins traditionnels pour ne pas les nommer, sont restés fortement attachés à la tradition ancestrale et leur façon de travailler est différente de celle des intrus. Pour la plupart, ils tiennent leurs pouvoirs de leurs ancêtres ou d’un membre de la famille. Notre tradition voudrait que lorsqu’on hérite des pouvoirs de guérison, avant de rendre l’âme on les transmette à un membre de sa famille, qu’on juge disposé à le faire, bref, à assurer la continuité. Ces médecins traditionnels, parmi lesquels on retrouve les pygmées, très discrets et assez efficaces, traitent, à l’aide des plantes, d’écorces d’arbres, le tout accompagné d’incantations. Ces dernières servent selon eux de courroie de transmission entre leurs ancêtres et eux, et sont ainsi un appel, une bénédiction de leur part afin que les pratiques soient efficaces ».

Médecine traditionnelle et charlatanisme

« Lorsqu’on tombe malade, ou on a un malade dans la famille, il y a toujours eu débat sur la médecine moderne, la médecine traditionnelle (les pygmées) et un maître spirituel. Toutes ces idées convergent vers un même but, qui n’est autre que retrouver la guérison le plus vite possible, et les moyens pour y parvenir ne sont jamais pris en compte, sauf en cas de pire», déclare la couturière Marie Hiack.

« Le chômage ambiant a fait en sorte que des personnes de moralité douteuse ont infiltré le milieu. Afin de se faire connaître, ces dernières non seulement ont des agents commerciaux/ propagateurs, elles-mêmes utilisent tous les moyens modernes de la communication (radio, télévision, presse écrite, réseaux sociaux, grosses plaques publicitaires, flyers,…). On les retrouve aussi dans les cars de transport interurbain. Elles promettent monts et merveilles, ne connaissent pas les examens médicaux, prétendent soigner toutes les maladies, même en utilisant une seule plante, au dosage non maîtrisé et règles d’hygiène non respectées. Nous constatons que certains personnels de la médecine moderne, commencent à s’intéresser à la médecine traditionnelle, chose que j’encourage, mais il faut extirper « l’ivraie du blé ».

Si les autorités n’assainissent pas ce milieu, qui autrefois, rendait entière satisfaction, les populations n’auront que leurs yeux pour pleurer.», a-t-elle ajouté.

Association de médecins traditionnels

Parlant des médecins traditionnels du Cameroun, ceux-ci sont regroupés autour d’une association (Fédération Nationale de Médecins Traditionnels du Cameroun), qui a vu le jour en 1995. Ils veulent être officiellement reconnus par l’Etat. Le président de leur association, Emmanuel Ndebi, a déjà été promu au rang d’expert en médecine traditionnelle auprès de la cour d’appel de la région du Centre. Il aide les autorités judiciaires à légiférer sur les litiges impliquant des pratiques de sorcellerie, envoûtement, empoisonnement mystique, etc.

La médecine traditionnelle, qui a fait et continue à faire ses preuves dans nos villes et villages, cherche davantage de reconnaissance et de soutien. Et pour y parvenir, elle doit marquer la distance face aux charlatans, sorciers et autres arnaqueurs, qui nuisent à sa bonne réputation.

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