Cameroun : « Les efforts de la femme rurale sont mondialement reconnus »


Lecture 7 min.
arton27663

La déléguée d’Arrondissement de la Promotion de la Femme et de la Famille de Douala 5e parle du rôle que joue la femme rurale dans la société.

(De notre correspondant)

Afrik.com : Madame Berthe Nsoga Song, le 15 octobre de chaque année, une journée est consacrée aux femmes rurales. Pouvez-vous nous parler en quelques mots de l’historique et le bien fondé de cette célébration ?

Berthe Nsoga Song :
La création de la journée mondiale de la femme rurale remonte à 1995 pour mettre en évidence leurs contributions, souvent non reconnues dans le monde entier, à la sécurité alimentaire et au développement agricole et rural. Forte de son succès, cette journée a été adoptée comme célébration annuelle par les Nations unies en 2008. Les femmes rurales qui représentent plus d’un quart de la population mondiale, contribuent grandement au bien-être de leur famille et au développement des économies rurales. Elles jouent un rôle crucial notamment dans la production vivrière et la sécurité alimentaire de certains pays en développement. Face à ce constat, il a été décidé que la Journée Mondiale de la Femme Rurale soit célébrée le 15 octobre, la veille de la Journée Mondiale de l’Alimentation.

Par cette célébration, le monde reconnaît le rôle et l’apport décisifs des femmes rurales, dans la promotion du développement agricole et rural, l’amélioration de la sécurité alimentaire et l’élimination de la pauvreté en milieu rural.

Afrik.com : Selon vous, que représente le thème de cette année au niveau national, sous-régional et international ?

Berthe Nsoga Song :
Chaque année, la Fondation Sommet Mondial des Femmes sélectionne un thème et appelle l’action des gouvernements, des ONG et des médias en faveur du bien-être des femmes rurales. Depuis 1996, les thèmes de la JMFR ont globalement porté sur les droits humains des femmes rurales, les valeurs traditionnelles, la biodiversité, l’innovation. Pour cette 17e édition, le thème retenu était : « Femmes rurales : revendiquez votre droit à la parole dans les réflexions sur les changements climatiques. »

Au plan national, la 17e JMFR vient renforcer :

 Le Plan National de Gestion de l’Environnement (PNGE), adopté en 1996 et qui constitue le cadre de référence en matière de planification des actions de gestion de l’environnement ;

 le Programme Sectoriel Forêt et Environnement (PSFE) devenu opérationnel en 2005/2006 pour une durée de 10 ans et qui vise la mise en place d’un cadre cohérent pour toute intervention concourant à la mise en œuvre de la politique forestière et faunique du Cameroun.

Au niveau sous-régional, ce thème épouse les préoccupations du Plan d’Action NEPAD Environnement pour l’Afrique Centrale, validé en 2007 dans le cadre de la Politique générale en matière d’environnement et de gestion des ressources naturelles.

Au plan international, le thème ci-dessus rentre dans le cadre des dispositions des trois conventions de RIO :

 la Convention des Nations unies sur la Lutte contre la Désertification adoptée en 1994 à Paris, dont l’objectif est de lutter contre la désertification et d’atténuer les effets de la sécheresse ;

 la Convention sur la diversité biologique (1992) ;

 la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (1992).

Afrik.com : Pouvez-vous nous donner le pourcentage des femmes dites « rurales » au Cameroun, leur apport sur le plan économique, les difficultés auxquelles elles font face et quelques pistes de solutions ?

Berthe Nsoga Song :
Au Cameroun, selon le 3e Recensement Général de la Population et de l’Habitat, les Femmes Rurales représentent 50,6% de la population et 52% d’entre elles résident en zone rurale.

Sur le plan économique, les femmes rurales contribuent pour plus de 55,8% à la production agroalimentaire nationale nécessaire à la consommation locale. Leur travail représente 40% du PIB. Ces chiffres démontrent qu’au Cameroun, les Femmes Rurales jouent un rôle important dans le développement des zones rurales en général et dans la sécurité alimentaire en particulier. Cependant, elles sont confrontées à divers problèmes. Elles n’arrivent pas toujours à réunir les deux bouts ; d’où l’importance de leur proposer, de les orienter vers des activités jusque là méconnues par le grand nombre, des activités novatrices, génératrices de revenus durables. D’où l’importance de l’halieutique.

L’halieutique revêt donc aujourd’hui un caractère de priorité à plusieurs titres : renforcer la disposition des protéines animales au niveau des populations. Augmenter l’offre de poisson de table grâce à une meilleure intégration de celle-ci dans le développement.
Le secteur des pêches joue un grand rôle dans l’économie camerounaise. Il offre des aliments riches en protéines animales, à côté des autres sources telles que la viande d’élevage, le lait et le gibier. Ce rôle pourrait devenir plus important dans le futur et répondre à la demande intérieure sans cesse croissante, parce que le pays possède des potentialités encore inexploitées ; notamment dans le secteur piscicole. La perspective d’accroître l’approvisionnement du pays en poisson en quantité abondante et de la meilleure qualité appelle des efforts d’amélioration des opérations de production, de manutention, de traitement, de conservation, de distribution et d’assurance qualité des produits de la pêche. Les métiers de l’halieutique constituent une réponse à cette élimination et lutte contre la pauvreté en milieu rural. D’autant plus que note pays assiste actuellement à une diminution de sa production alimentaire, ce qui entraîne de graves conséquences sur la santé des populations.

Afrik.com: Qu’est-ce qui est fait par le gouvernement camerounais pour que ces femmes qui nourrissent les populations ne se sentent pas abandonnées ?

Berthe Nsoga Song :
Au Cameroun, en effet, la longueur de la saison sèche, conjuguée à une pluviométrie insuffisante, perturbe depuis plusieurs années le calendrier agricole. A cela s’ajoute l’avancée du désert dont les spécialistes estiment de l’ordre de deux mètres par an. La dégradation de l’écosystème forestier observée sur le terrain et l’exploitation abusive des forêts ont transformé certains îlots des Régions du Centre, de l’Est et du Nord–Ouest en zones sahéliennes.
Ces changements climatiques affectent négativement les activités des femmes rurales et menacent la sécurité alimentaire et les modes de vie des populations. D’où la nécessité de mener des actions urgentes pour lutter contre la désertification qui, selon le Comité français de lutte contre ce phénomène, affecte 40 % des surfaces émergées.
Pour ce faire, le Gouvernement du Cameroun met en œuvre des programmes de reboisement sous la conduite du ministère de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement Durable (MINEPDED) et du ministère de la Forêt et de la Faune (MINFOF).

Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) prend une part active et déterminante dans ces programmes, afin d’améliorer la participation des femmes à la prévention et à la gestion des problèmes environnementaux qui affectent les femmes et les familles camerounaises.

Les activités organisées dans le cadre de la 17e Journée Mondiale de la Femme Rurale ont permis d’intensifier celles déjà menées en collaboration avec les ministères susmentionnés et celles du Réseau des Parlementaires Panafricains sur les Changements Climatiques (REPPACC). Avec le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) et le ministère des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA), des actions spécifiques seront entreprises pour améliorer les revenus des femmes rurales et réduire leur pression sur l’environnement. Elles viseront notamment le renforcement des capacités des femmes en entrepreneuriat rural à travers la création des coopératives, l’organisation, avec les partenaires au développement, d’ateliers de formation au montage des projets bancables, la remise de matériels agricoles aux associations féminines en vue de réduire la pénibilité du travail.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News