Cameroun, André Banda Kani, Président NMP : « la libération de toute l’humanité est un impératif !»


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Banda Kani

Monsieur André Banda Kani, Président national du Nouveau Mouvement Populaire (NMP) a organisé du 21 au 24 mars 2019 à Douala, les assises de la première Convention du NMP sous le thème : « Entrons réellement dans la décentralisation ». Vu l’importance de ce thème et la qualité des intervenants, Afrik.com n’a pas lésiné sur les moyens afin de s’enquérir de plus amples informations.

Afrik.com : Du 21 au 24 mars 2019, il y a eu une affluence inhabituelle  à la salle des fêtes La Providence située au quartier Bonapriso à Douala. Qu’y avait-il ?

Banda Kani : Nous nous sommes rassemblés ces jours, alors que les travaux de la première Convention du NMP (Nouveau Mouvement Populaire) s’ouvraient pour franchir une étape majeure,  monter d’un cran dans la réalisation de nos objectifs politiques tels que définis lors du Congrès qui s’est tenu dans la même salle, du 14 au 15 juin 2018. En effet, nous allons quelque part ; si nous traçons notre chemin, si nous construisons une trajectoire ; c’est pour atterrir  à un aéroport désormais mythique mais réel parce que nécessaire et incontournable : celui de la libération de toute l’humanité de l’esclavage capitaliste. Telle est, schématiquement, notre ambition, notre utopie concrète et réaliste. Nous avions donc quatre jours de travail, de concentration. Nous nous sommes assignés en résidence géopolitique et intellectuelle pour « entrer réellement dans la Décentralisation ».

Afrik.com : Que peut-on retenir de la Convention ?

Banda Kani : La Convention est ce cadre où nous utilisons les armes de la pensée vivante, de l’esprit, pour maîtriser les tenants et les aboutissants du processus de Décentralisation. L’heure est venue où il faut sortir du processus de Décentralisation pour entrer dans la Décentralisation. La Convention est alors ce banquet de la pensée, de la fraternité et de la joie autour (et à partir) duquel, nous franchissons un nouveau cap dans l’élucidation des enjeux de libération de l’homme, de tout l’homme.  

Afrik.com : Quel commentaire faites-vous sur le Droit International ?

 Banda Kani : Si l’on considère les tensions nées de l’accusation de bombardement chimique des populations civiles par le régime syrien et la façon dont ces tensions se sont estompées, de la crise en Ukraine et en Crimée, de la chute du régime de Kadhafi et la situation au Venezuela pour ne prendre que ces cas-là, l’on ne peut que constater le fait que le Droit International n’arrive plus à contenir « le choc des puissances » issu de la nouvelle configuration des rapports de forces géopolitiques et géoéconomiques au niveau mondial. Ce déclassement du Droit International au profit du Droit de la Force et de la Puissance, n’est pas un effet de conjoncture. Depuis bientôt 20 ans, on observe ce basculement tectonique des relations internationales, qui ne fait que dévoiler sa trame cachée, à l’œuvre dans les rapports internationaux tels qu’ils se manifestent à l’heure actuelle. Quelle est cette trame cachée ? C’est la fin du cycle hégémonique occidental en général et des USA en particulier. Rattrapés économiquement par la Chine, devancés militairement par la Russie, les USA ne pourront pas à terme, s’opposer à la « dédollarisation » de l’économie mondiale que la Russie et la Chine vont nécessairement mener à terme. C’est une question de survie géopolitique pour ces deux puissances.

Depuis l’invasion de l’Irak par les USA, l’on sait que le Droit International n’est qu’un marchepied pour les USA en particulier et l’Occident en général.

L’histoire nous enseigne que le Droit international (fils de la diplomatie et se confondant  le plus souvent avec celle-ci), tel qu’il apparaît actuellement, a d’abord été une tentative de codification de l’action de quelques entités qui se voyaient comme des Etats souverains dédiés à la protection et à l’affirmation de leurs intérêts nationaux. C’est que la diplomatie émerge à la faveur de la transition entre l’ancien régime et la Révolution française.

Sous l’impulsion du Président Woodrow  Wilson, la diplomatie va engendrer le Droit international c’est-à-dire que le droit, les procédures, la transparence doivent remplacer les accords secrets.

Il  a fallu deux guerres mondiales à l’humanité pour que de la vieille diplomatie, advienne un droit international à portée universelle. Qu’on nous promette de le crier ici, à haute voix, ce fut un bond qualitatif de l’humanité, une avancée sans précédent. Ce monumental acquis international, il faudra le préserver absolument pour mieux le dépasser. Face aux menées réactionnaires à l’œuvre actuellement, il faut garder précieusement l’esprit de ces acquis, l’entretenir sans cesse.

Afrik.com : Comment définissez-vous la «Décentralisation » tant attendue dans notre pays ?

 Banda Kani : La Décentralisation ne peut pas être seulement une grande opération politico-administrative, mais devrait être plutôt un grand projet de transformation globale et civilisationnelle du Cameroun, ce qui veut dire que la Décentralisation est un projet de civilisation de portée universelle. On peut donc voir à quel niveau notre Convention place le débat. Un tel niveau d’exigence n’est rendue possible que si son enjeu bien compris, est le sort de l’homme, de tout l’homme engagé dans l’aventure cosmique pour rencontrer le Père Universel de tous, le Vrai Dieu. C’est le terrain de l’Universel, de la sauvegarde de l’espèce humaine menacée de destruction par le totalitarisme capitaliste, que nous nous situons. La Décentralisation implique donc la libération de l’homme des chaînes du totalitarisme capitaliste afin de bâtir la Civilisation de l’Universel. Et celle-ci peut-elle être autre chose que le fruit d’une nouvelle rencontre pacifique et fraternelle de tous les peuples de la Terre autour de la haute idée de leur commune destinée donc de leur égalité ? La Décentralisation est alors cette plate-forme universelle du 21ème siècle sur laquelle, la géopolitique, la religion, la spiritualité, la politique, l’économie, le social, le sociétal et les relations internationales se retrouvent, armés des leçons que les siècles précédents nous ont apprises, pour créer un Monde Nouveau, une histoire Universelle Neuve, pour amener l’humanité à réaliser un saut qualitatif vers plus de liberté, de responsabilité, de justice et de fraternité.

Notre pays, le Cameroun, décentralise dans un contexte mondial en proie à de grandes convulsions. Ce qui a amené l’un des plus grands connaisseurs de ce monde, le chef de l’Etat camerounais, S.E. Paul Biya, à se poser la question, à la faveur de ses vœux au corps diplomatique en ce début d’année, de savoir si le Monde nouveau sera meilleur que l’ancien ?

Afrik.com : Quels peuvent être les avantages de la « Décentralisation » au Cameroun  en particulier et en Afrique en général ?

Banda Kani : Le Chef de l’Etat du Cameroun, les camerounais avec, fondent beaucoup d’espoirs sur l’accélération du processus de Décentralisation. Bien mené, celui-ci pourrait, en permettant aux populations locales de gérer davantage leurs propres affaires, favoriser le développement à la base. De la sorte, les foyers crisogènes seront progressivement éteints et la démocratie n’en sera que plus renforcée dans notre pays.

Le NMP croit aux vertus libératrices, démocratiques et catalysatrices de la Décentralisation. Celle-ci ne pourra tenir toutes ses promesses que si toutes ses significations et ses exigences, sont bien comprises par tous et toutes.

Pour un parti comme le nôtre, très attaché à la sauvegarde des institutions, à l’Etat

de droit, au respect de la Loi, à la paix, à l’Unité du Cameroun, comment, à la suite de l’Etat, ne pas considérer la Décentralisation comme étant notre chantier à nous ? Et comme c’est le cas, comment allons-nous nous approprier ledit ouvrage si ce n’est avec notre pensée, nos idéaux, nos instruments politiques, stratégiques et tactiques ? La Décentralisation est le chantier politique prioritaire du NMP. Quoi alors de plus normal que d’avoir pour thème de notre Convention : « Entrons réellement dans la Décentralisation ».

Afrik.com : Quelles conditions faut-il remplir pour mener à bien le processus de Décentralisation ?

Banda Kani : La Décentralisation, pour être menée à bien, suppose que certaines conditions soient remplies :

  • Que ses deux bras à savoir : la Recentralisation et la Décentralisation, soient solidement tenus par l’ensemble des camerounais
  • Que les élites et la classe politique dans son ensemble et la classe dirigeante en particulier acquièrent un supplément de patriotisme et de spiritualité
  • Que les populations à la base s’approprient les enjeux de la Décentralisation
  • Que nous accélérions l’avènement du Nouveau Type de Camerounais (NTYC)

Afrik.com : Peut-on espérer à une quelconque « Emergence » dans les conditions actuelles de la géopolitique et géoéconomique ?

Banda Kani : Définissant l’émergence, le Chef de l’Etat dans son discours de fin d’année 2019 a dit qu’il signifiait le passage de l’état de sous-développement à celui de pays développé. Dans tous les cas, il n’y a pas de place pour le pessimisme et le président a engagé le combat pour l’émergence. Ce qui nous oblige de mener le combat pour maîtriser à notre avantage les forces de la globalisation.

Afrik.com : votre mot de fin…

Banda Kani : Le NMP est bien conscient des responsabilités qui lui incombent. Nous ne nous déroberons pas avant d’entrer de pleins pieds dans la décentralisation.

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