Cameroun : 124 prisonniers du MRC de Maurice Kamto abandonnés à leur triste sort


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Prison centrale de Yaoundé
Prison centrale de Yaoundé

« Le collectif déclare ne pouvoir s’associer à l’arbitraire et à l’illégalité, et prend la lourde et délicate décision de son retrait des procédures en cours ». C’est l’extrait du communiqué pondu le 9 septembre dernier, par le Collectif d’Avocats Sylvain Souop, composé d’une cinquantaine d’avocats du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun).

« Les avocats se sont retrouvés dans l’impossibilité d’avoir accès à une justice équitable. La justice dans les affaires des militants du MRC obéit simplement au pouvoir politique de Yaoundé qui, pour nous, profite de ces procédures pour régler les comptes politiques à un parti pourtant légalisé. Nous estimons qu’il y a un défaut total d’indépendance, d’impartialité et d’équité des juges camerounais, qu’ils soient juges civils, administratifs ou juges militaires », explique Maître Emmanuel Simh, membre de ce collectif.

« Et il n’est pas pensable que des civils soient jugés devant la juridiction militaire en dépit des protestations qui ont été faites. Il nous a semblé donc nécessaire en tant qu’avocats de cesser de prêter notre profession à ce que nous considérons finalement comme étant une véritable parodie de justice. Accompagner ces personnes dans ces conditions, c’est pour nous être complices de cette justice qui en fait n’en est pas une », ajoute Maître Emmanuel Simh, par ailleurs vice-président du MRC.

« Je prends acte de sa décision de se retirer de la procédure, car personne ne peut leur en vouloir de ne pas accepter de servir de caution à une parodie de justice », a commenté Maurice Kamto devant la presse à propos de la décision du collectif. « J’espère qu’avec cet acte, à défaut pour cette justice de se ressaisir, les Camerounais comprendront que nous entrons dans une période grave de turbulence », a-t-il conclu.

« Lors que les hommes en robes noires, dont les missions sont entre autre : d’informer, de conseiller, de transiger, de rédiger et de défendre vos droits devant les juridictions, prennent une telle décision, cela n’est pas une faiblesse de leur part, mais plutôt un signal fort à l’endroit du gouvernement, qui au lieu de s’enorgueillir, ferait mieux et vite, pour rectifier son « pas de danse », déclare une étudiante.

En guise de rappel, le 22 septembre 2020, la police avait violemment réprimé les « marches pacifiques » organisées par le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto et par d’autres partis de l’opposition pour réclamer le départ du Président Paul Biya, 88 ans et au pouvoir sans partage depuis près de 39 ans. Plus de 500 militants et cadres du MRC avaient été arrêtés. Certains ont été relâchés depuis, mais 124 d’entre eux sont toujours détenus, selon le MRC.

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