Burkina Faso : la peine de mort en débat


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Au Burkina Faso, au moins dix personnes sont toujours dans le couloir de la mort depuis décembre 2012, révèle Amnesty international dans un rapport rendu public le 7 mai. Même si les dernières exécutions ont eu lieu en 1988, la peine de mort est toujours appliqué dans le code pénal burkinabè. L’organisation qui relance le débat sur la question appelle les autorités à abolir la peine capitale.

La peine de mort est toujours en vigueur au Burkina Faso. La preuve est que 10 personnes condamnées à la peine capitale, dispersées dans les différentes prisons du pays, attendent toujours dans le couloir de la mort, selon un rapport d’Amesty international rendu public le 7 mai, rapporte Fasozine.

L’organisation de défense des droits de l’Homme relance le débat sur la peine capitale toujours appliquée dans le code pénal même si les dernières exécutions ont eu lieu en 1988. Selon Amnesty international, la peine de mort devrait être abolie dans le pays des hommes intègres car il a intégré dans sa Constitution la déclaration des droits de l’Homme, qui a interdit l’application de la peine capitale. L’ONG estime donc qu’on peut considérer le code pénal burkinabè comme anticonstitutionnel.

Amnesty international compte mener une campagne de sensibilisation auprès des Burkinabè pour les convaincre de s’engager pour l’abolition de la peine capitale. Pour beaucoup d’observateurs de la vie politique du pays, si la peine de mort est toujours maintenue c’est parce que les autorités craignent les réactions d’une grande partie de l’opinion publique encore attachée à la peine capitale.

Les comportements déviants non tolérés

« Les Burkinabè ne tolèrent pas les comportements déviants au sein de la société, raison pour laquelle beaucoup défendent le maintien de la peine de mort », affirme Frabrice Soma, observateur de la vie politique burkinabè, contacté par Afrik.com. « Dans ce pays il y a une culture profonde du respect d’autrui donc lorsque quelqu’un tue, fait du tort à son prochain, ou commet des actes d’ignominies, on estime qu’on doit lui ôter sa vie », explique-t-il. Selon lui, « même si un référendum était organisé dans le pays pour consulter le peuple sur la question du maintient ou non de la peine capitale, la majorité des Burkinabè voterait pour qu’on ne l’abolisse pas ».

Dans le pays des hommes intègres, la peine de mort est effectuée par fusillade. Une fois la personne exécutée, selon Fasozine, il est interdit que cette dernière bénéficie de cérémonies d’hommages sous peine d’une amende. La loi interdit également d’exécuter les condamnés à mort le dimanche et les jours de fête. De même les femmes enceintes condamnées à la peine capitale doivent d’abord mettre au monde leur enfant avant d’être exécutées. Les crimes passible de la peine de mort au Burkina Faso sont : l’assassinat, les parricides, l’espionnages ou encore l’empoisonnement…

Des pays du continent renoncent à la peine de mort

En Afrique subsaharienne de nombreux pays pratiquent encore la peine capitale. L’année 2012, au moins 40 exécutions ont eu lieu dans cinq pays de cette partie du continent. Selon Amnesty international, en août, neuf personnes ont été mises à mort en Gambie le même jour. Il s’agit des premières exécutions signalées dans le pays depuis 30 ans selon l’ONG de défense des droits de l’Homme.

Au moins 19 exécutions ont été répertoriées au Soudan et pas moins de 1999 condamnations à mort prononcées. Certains pays du continent ont décidé récemment d’abolir la peine capitale. C’est le cas du Bénin qui, le 5 juillet dernier, a adhéré à un traité clé de l’Onu visant à abolir la peine de mort. Madagascar a signé le même traité le 24 septembre dernier mais doit encore le ratifier. Au Ghana, la question est toujours en débat, même si le gouvernement a accepté les recommandations préconisant l’abolition de la peine de mort dans sa nouvelle Constitution.

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