Burkina Faso : la junte continue de durcir le ton contre la France


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Le capitaine Ibrahim Traoré
Le capitaine Ibrahim Traoré, président de la Transition du Burkina Faso

Les autorités de la Transition du Burkina Faso ont expulsé deux journalistes français. Ce, une semaine après la suspension du journal France 24. Une mesure déplorée par le ministère français des Affaires étrangères.

Ouagadougou continue de durcir le ton face à la France. On se rappelle, le 3 décembre dernier, RFI était interdite de diffusion au Burkina Faso. Le gouvernement burkinabè reprochait au média « des manquements » constatés. Jean-Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication par ailleurs porte-parole du gouvernement burkinabè, accusait que le journal « se fait le relais d’un message d’intimidation des populations attribué à un chef terroriste ».

Après RFI, l’Armée française

Moins d’un mois plus tard, le gouvernement burkinabè dénonçait les accords de défense liant Paris et Ouagadougou. Lequel accord régit, depuis 2018, la présence des forces armées françaises dans ce pays du Sahel. Une dénonciation faite le 18 janvier 2023 et qui donnait un mois aux Forces armées françaises pour quitter le territoire burkinabè. Un départ qui fut acté tout juste un mois après l’injonction des autorités du Faso.

« L’État-major général des Armées et le commandement de la Task force Sabre ont organisé, ce samedi 18 février 2023, dans l’enceinte du Camp Bila Zagré, à Kamboincin, une cérémonie solennelle de descente de drapeaux marquant la fin officielle des opérations de la Task Force à partir du sol burkinabé », indiquait l’armée burkinabè, dans un communiqué.

Exit la Force antiterroriste Sabre

Les quelque 400 éléments de la Force française Sabre venaient ainsi de faire leurs valises. Et les choses s’enchaînent. En effet, le 26 mars, les autorités burkinabé ont ordonné l’arrêt des émissions de la chaîne France 24 dans le pays. Cela faisait suite à un entretien avec le chef de la branche nord-africaine du groupe d’Al-Qaïda, AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique).

L’interview de Yezid Mebarek avait été réalisée au début du mois de mars. Ce, après la mort de son prédécesseur tué par l’armée française lors d’un raid aérien. Mais pour Jean-Emmanuel Ouedraogo, « France 24 n’est pas seulement le porte-parole de ces terroristes. Mais pire, elle offre un espace de légitimation des actions terroristes et des discours de haine ». Le ministre burkinabé de la Communication précisait que cette décision a été prise « en toute responsabilité ».

Après France 24, Libération et Le Monde

Comme si cela ne suffisait pas, les correspondantes des journaux Le Monde et Libération, respectivement, Sophie Douce et Agnès Faivre, ont été expulsées du pays des hommes intègres, samedi. Il est reproché au journal Libération d’avoir récemment accusé l’armée burkinabè d’exactions contre des adolescents, dans le Nord du Burkina Faso. Des accusations démenties par Ouagadougou.

Pour sa part, Reporters sans frontières a appelé le capitaine Ibrahim Traoré à « revenir sur ses décisions ». RSF demande en outre aux autorités d’annuler les expulsions des journalistes et lever les suspensions de RFI et France24. Le Quai d’Orsay a aussi réagi, ce lundi 3 avril 2023. « La France regrette vivement l’expulsion des correspondantes du Monde et de Libération du Burkina Faso », indique le communiqué du ministère français des Affaires étrangères.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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