Botswana : les Bushmen revendiquent leurs droits sur Internet


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Bushmen du Botwsana
Bushmen du Botwsana

L’organisation non gouvernementale First people of Kalahari a lancé la semaine dernière le site « I want 2 go home ». Cette campagne virtuelle vise à faire connaître au monde le combat des Bushmen du Botwsana pour rester sur leur terre ancestrale. En laissant le curseur sur la photo des quelque 400 bushmen de la page d’accueil, on découvre un nom, mais aussi des témoignages poignants.

Le combat des Bushmen a 405 visages. L’organisation non gouvernementale First people of Kalahari (FPK) a lancé la semaine dernière le site anglophone I want 2 go home (je veux retourner à la maison, en français). L’objectif de FPK est de donner une nouvelle dimension à la lutte des Bushmen du Botswana. Elle veut porter à la connaissance du monde les souffrances qu’ils endurent pour regagner le droit de vivre sur leur terre ancestrale, dans la réserve naturelle du Kalahari central (CKGR), d’où beaucoup ont été chassés par le gouvernement.

Campagne de sensibilisation virtuelle

Il s’agit donc d’une campagne virtuelle. Le site est assez épuré, il est vrai. Mais il est essentiel, dans tous les sens du terme. Parce qu’il mondialise une cause peu connue et qu’il va droit au but. La page d’accueil donne le ton. Saisissante, elle présente 405 visages d’hommes et femmes, d’âge variés, qui donnent leur nom et parfois livrent leurs expériences, leurs désirs. On peut les lire en laissant le curseur de la souris quelques secondes sur la photo voulue. Une image forte que toutes ces têtes qui ne souhaitent qu’une chose : retourner chez elles. Sans parler de leurs enfants, qui sont environ 600.

Ils estiment que leur niveau de vie s’est dégradé et qu’ils souffrent de maux qu’ils ne connaissaient pas avant, « l’alcoolisme, la violence et le sida ». L’amour pour leur terre n’a pas de limite. Même s’il n’y a pas de commodités. « Je veux retourner pour pouvoir mourir à Molapo, déclare Mokganedi, un vieil homme. Je survivrais en mangeant des baies sauvages. » Monwelo se plaint pour sa part : « Je vis ici, mais je ne suis pas heureux. Je pense juste à retourner à ma terre natale ». Une femme âgée, Mmamokhe, déclare : « Je me moque des commodités, ma mère n’en avait pas ». Et les campements ne sont pas toujours plus équipés que les lieux où les Bushmen vivaient avant…

Dans la rubrique « Où nous sommes », on découvre sur une carte indiquant les trois camps de relocalisation établis à l’extérieur de la réserve : New Xade, Xere et Kaudwane. Pour le gouvernement, l’expulsion des Bushmen (également appelés San et Basarwa) est une question de préservation écologique. Sur son site officiel, le gouvernement explique qu’un « conflit d’utilisation de la terre s’est développé entre la conservation de la faune et de la flore et des campements humains émergents dans la réserve naturelle ». Il ajoute que le changement de mode de vie des Bushmen détériore l’environnement, d’où des vagues d’expulsion en 2002.

« Torture et harcèlement routinier »

Pour arriver à ses fins, le pouvoir viole les droits humains des Bushmen, selon l’Organisation internationale Survival International, qui défend les peuples indigènes. Elle dénonce les méthodes d’expulsion passives employées pour qu’ils s’en aillent : « Torture, restrictions drastiques dans leur droit de chasser et un harcèlement routinier ». Malele, dont la photo apparaît en page d’accueil, confie pour sa part avoir dû partir parce que l’accès à l’eau avait été coupé…

Certains ont pu retourner clandestinement sur la terre de leurs ancêtres. Quelques témoignages anonymes sont accessibles dans la section « Voix de l’intérieur du CKGR ». L’un d’eux écrit, s’exprimant concernant le procès qui oppose les chasseurs-cueilleurs aux autorités : « Nous resterons là même si nous perdons le procès ». Un autre analyse : « Je crois qu’il veulent venir nous tuer, c’est la dernière chose qu’ils peuvent faire, comme ils ont fait tout le reste ». Une peur d’être assassiné qui revient souvent. Comme ce besoin que le monde leur vienne en aide pour obtenir gain de cause.

De l’argent pour le combat judiciaire

Pour cela, ils ont besoin de moyens. Il est possible de faire un don à l’adresse e-mail fpkbotswana@fastmail.fm, qui permet aussi d’envoyer des messages de soutien, pour participer au financement des frais de justice et aider ceux « qui sont arrêtés et accusés de chasser sans une licence juste parce qu’ils essayaient de nourrir leur famille ». Le FPK propose également aux personnes sensibilisées d’envoyer un fax au Président Festus Mogae pour lui demander de laisser les Bushmen reprendre place dans la réserve naturelle.

Un site incontournable et original qui a pour gros vrai tort qu’il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour les messages longs, car au bout de quelques secondes il disparaîssent. Pas facile, surtout qu’il faut bien mémoriser le visage dont on lisait l’histoire. Et avec plus de 400 têtes, il faut s’accrocher ! Le jugement de la cour est prévu en décembre prochain. D’ici là mobicliquez-vous !

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