Botswana : détection d’une souche de tuberculose extrêmement dangereuse


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Deux cas de tuberculose ultra-résistante (XDR-TB) ont été confirmés au Botswana, selon les autorités sanitaires du pays.

« Les deux cas ont été détectés au cours d’un dépistage de routine de la tuberculose multi-résistante (MDR-TB) », a expliqué à IRIN Setshwano Mokgwitsinyana du service de santé publique. Le dépistage a également permis de confirmer 100 cas de MDR-TB.

Les souches MDR-TB sont résistantes à au moins deux des principaux médicaments antituberculeux de première intention, tandis que les souches XDR-TB sont résistantes à la plupart des médicaments de première et deuxième intentions, ce qui limite considérablement les options thérapeutiques.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les souches XDR-TB ont été détectées, pour l’heure, dans 41 pays, notamment en Afrique du Sud et au Mozambique. La plupart des pays d’Afrique australe ne disposent pas de laboratoires capables de détecter la XDR-TB.

Généralement, les patients développent une tuberculose multi-résistante parce qu’ils n’ont pas terminé le traitement d’un précédent épisode de tuberculose ; et lorsqu’ils ne terminent pas le long traitement prescrit dans le cas d’une tuberculose multi-résistante, ils risquent de développer une tuberculose ultra-résistante.

Les deux patients atteints de tuberculose ultra-résistante ont été admis à l’hôpital Princess Marina, le centre de référence national, à Gaborone, la capitale. Selon M. Mokgwitsinyana, un des patients avait travaillé dans les mines sud-africaines, alors que le deuxième ne s’est jamais expatrié. « Leurs parents proches ont été mis en quarantaine et sont actuellement soumis à des tests de dépistage de la tuberculose ultra-résistante ».

Le Botswana réalise périodiquement des tests de dépistage de la tuberculose multi-résistante depuis la publication en 2005 d’une étude de la revue scientifique médicale britannique The Lancet, qui faisait état d’une augmentation des cas de résistance aux traitements antituberculeux dans le pays depuis 1995, a indiqué M. Mokgwitsinyana.

L’étude, menée par Lisa Nelson du Centre pour le contrôle et la prévention des maladies d’Atlanta, aux Etats-Unis, a révélé que la résistance à au moins un médicament chez les nouveaux patients atteints de tuberculose était passé de 3,7 pour cent en 1995 à plus de 10 pour cent en 2002, et que 60 pour cent des personnes dépistées étaient également infectées au VIH.

Toujours selon M. Mokgwitsinyana, le Botswana présente un taux élevé de prévalence de la tuberculose, 500 cas pour 100 000 personnes étant observés chaque année. « C’est un problème très sérieux, car la plupart des personnes infectées sont également séropositives ».

Les patients dont le système immunitaire est compromis, en raison du VIH, sont 50 fois plus susceptibles de développer une tuberculose active, mais il arrive souvent que l’analyse des crachats, généralement pratiquée pour dépister la tuberculose, ne permette pas de détecter la maladie chez les patients infectés au VIH. Selon le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), le Botswana présente l’un des taux de prévalence au VIH les plus élevés du monde – 24,1 pour cent des personnes âgées de 15 à 49 ans étant infectées au VIH dans le pays.

Les souches XDR-TB ont déjà fait plus de 200 morts en Afrique du Sud et constituent une menace grave dans cette région du continent, où le taux de prévalence au VIH est le plus élevé de la planète.

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