Bono et O’Neill en Afrique


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Bono
Bono

Ce n’est pas une tournée de la rock star irlandaise. Le leader de U2, Bono, accompagne Paul O’Neill, Secrétaire américain du Trésor, en Afrique.

Le premier est très engagé dans l’aide aux pays pauvres, l’autre est un militant de l’ultralibéralisme. Que peuvent-ils bien se dire ? Depuis Accra, première étape de son voyage, O’Neill fait l’apologie du capitalisme à l’américaine : « Partout, les gens ont la capacité, s’ils reçoivent une formation et des ressources, de faire un travail enrichissant et de haute qualité qui rapporte beaucoup et favorise l’émergence d’une société toujours meilleure ». Le meilleur des mondes, selon l’oncle Sam.

Mais cette découverte révolutionnaire n’est pas près de transformer l’Afrique en nouvel El Dorado. Avant de faire « un travail de qualité qui rapporte beaucoup », les Africains ont besoin de « formation et de ressources ». Or, les écoles sont sinistrées par les différents plans de restructuration imposés par les bailleurs de fonds et les ressources sont pillées joyeusement, à satiété, par les multinationales. Mais le grand caissier du Trésor américain ne veut pas s’appesantir sur les « incidents fâcheux mais nécessaires » de la politique drastique d’économie financière du FMI et de la Banque mondiale.

Le voyage de Bono et d’O’Neill en Afrique comportera sûrement des leçons. Pour qui ? Pour nous, Africains. Il faut que le Grand trésorier nous explique pourquoi les Etats-Unis subventionnent leur agriculture à plus de 60% et ferment leurs frontières au moment où ils exigent des pays africains exactement le contraire au nom du libéralisme économique. La pilule est dure à avaler du côté de Bamako, Bangui …. La liste est longue.

Les paysans africains voient leurs revenus -déjà peu conséquents- fondre à toute vitesse et leurs Etats se déclarent impuissants à les aider sinon le monsieur du FMI fermera les robinets de « développement ». Le même monsieur se satisfait de qualifier de « regrettable » la décision de George Bush. Première leçon à monsieur O’Neill : les Africains ont décidé -souvent malgré eux- de jouer le jeu capitaliste mais le plus grand tricheur s’appelle les Etats-Unis.

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