Blanchiment d’argent : Bruxelles place la Côte d’Ivoire sur sa liste noire et en retire le Sénégal


Lecture 3 min.
blanchiment

Dans sa dernière mise à jour, la Commission européenne inscrit la Côte d’Ivoire sur sa liste noire des pays à risque en matière de blanchiment d’argent, pointant de graves lacunes dans son dispositif. À l’inverse, le Sénégal est salué pour ses réformes et sort de cette liste. Deux trajectoires opposées qui reflètent l’enjeu crucial de la transparence financière en Afrique de l’Ouest.

La Commission européenne vient de publier une nouvelle mise à jour de sa liste des pays « à haut risque » en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Surprise désagréable pour la Côte d’Ivoire qui y fait son entrée officielle, tandis que le Sénégal en est retiré, salué pour ses réformes structurelles. Une annonce aux répercussions multiples, autant diplomatiques qu’économiques, pour les deux pays ouest-africains.

Côte d’Ivoire : un avertissement européen sans ambiguïté

Malgré des efforts notables dans l’adoption de lois anti-blanchiment, la Côte d’Ivoire n’a pas convaincu Bruxelles. Alignée sur les recommandations du Groupe d’action financière (GAFI), la Commission européenne pointe du doigt des « carences stratégiques » dans le dispositif ivoirien. Manque de transparence sur les enquêtes financières, faiblesses dans la traçabilité des flux bancaires, absence de poursuites concrètes : les reproches sont lourds. Résultat, toutes les transactions impliquant le pays feront désormais l’objet d’une vigilance renforcée de la part des institutions financières européennes.

Si cette inscription ne remet pas en cause l’aide humanitaire ou au développement, elle pourrait décourager les investisseurs internationaux et nuire à l’image de stabilité financière du pays. Pour éviter un déclassement, Abidjan a mis en place un comité dédié au suivi des recommandations du GAFI, chargé notamment d’intensifier les poursuites judiciaires en matière de blanchiment.

Sénégal : le fruit d’une réforme en profondeur

À l’inverse, le Sénégal récolte les fruits d’un processus de réforme rigoureux mené depuis 2021. Après avoir été placé sous surveillance renforcée, Dakar a adopté pas moins de 49 mesures correctives. Parmi les avancées clés : la réforme du code pénal, la création d’un Office national de recouvrement des avoirs criminels, et la mise en place d’une nouvelle législation ciblant le financement du terrorisme.

Grâce à ces efforts, le Sénégal est désormais retiré de la liste noire européenne. Un soulagement pour les autorités qui espèrent voir se débloquer plus facilement les financements internationaux, au moment où le pays fait face à une dette publique dépassant les 100% de son PIB. Le GAFI prévoit une nouvelle évaluation en février 2026 pour s’assurer du maintien des bonnes pratiques.

Deux trajectoires africaines, un même enjeu

L’épisode révèle deux dynamiques opposées en Afrique de l’Ouest : celle d’un pays, la Côte d’Ivoire, encore sous pression internationale pour améliorer ses mécanismes de contrôle financier, et celle d’un autre, le Sénégal, qui voit ses efforts récompensés. Mais au-delà de la symbolique, cette décision souligne surtout l’importance cruciale d’une gouvernance financière rigoureuse, dans un contexte international où les flux illicites, les réseaux criminels et le financement du terrorisme restent des menaces transversales.
L’Union européenne, à travers cette liste, continue d’exercer un levier de pression diplomatique efficace, incitant les pays à réformer leur architecture financière pour rester attractifs sur la scène mondiale.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News