Bénin : poursuivi pour diffamation, l’ex-ministre Paulin Akponna se confond en excuses


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Paulin Akponna, ministre de l'Energie du Bénin, désormais limogé
Paulin Akponna, ministre de l'Energie du Bénin, désormais limogé

L’ancien ministre béninois de l’Énergie, de l’Eau et des Mines, Paulin Akponna, récemment limogé du gouvernement, fait désormais face à des poursuites judiciaires. Son prédécesseur au même portefeuille, Samou Seidou Adambi, a déposé une plainte pour diffamation après des propos tenus lors d’une sortie politique à Parakou. Le dossier est désormais devant le tribunal d’Abomey-Calavi.

La phase judiciaire du dossier Paulin Akponna au Bénin vient d’être lancée. Ce vendredi, en effet, Samou Seïdou Adambi, qui s’est senti directement visé par les accusations de son successeur, a décidé de saisir la justice pour laver son honneur. Dans la foulée, Paulin Akponna publie un communiqué dans lequel il présente des excuses à son prédécesseur, à son parti, le Bloc républicain, au président de la République et au gouvernement.

Des propos explosifs à l’origine de la polémique

Le 21 juin 2025, à l’occasion d’une activité politique du Bloc Républicain – un des deux grands partis de la mouvance présidentielle au Bénin – dans plusieurs quartiers de Parakou (Titirou, Okedama, Korobororou), Paulin Akponna, alors encore en fonction, a tenu un discours particulièrement virulent. Évoquant les problématiques d’accès à l’eau potable et à l’électricité dans la cité des Kobourou – autre nom par lequel est désignée la ville de Parakou –, l’ex-ministre a dénoncé un supposé « siphonage du budget national » portant sur plusieurs dizaines de milliards de francs CFA.

Sans désigner explicitement son prédécesseur, Paulin Akponna a fustigé ceux qu’il a qualifiés d’« aventuriers politiques aux ambitions démesurées, incapables d’honorer leurs petits mandats », accusant certains « fils de la localité » d’avoir détourné les ressources allouées aux infrastructures d’eau et d’électricité. Ces propos ont été largement interprétés comme une attaque directe contre Samou Seïdou Adambi, ancien ministre de l’Énergie.

Une procédure judiciaire engagée pour diffamation

Se sentant publiquement diffamé et gravement mis en cause, Samou Séidou Adambi a porté plainte contre Paulin Akponna pour diffamation. La procédure est engagée devant le tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi, où l’ex-ministre est convoqué le 16 juillet 2025 à 8h30. La citation directe lui a été notifiée par voie d’huissier le 27 juin.

Dans sa plainte, Samou Seïdou Adambi dénonce des « allégations dépourvues de tout fondement », qu’il considère comme « inexactes, grossières et mensongères ». Il estime que ces propos ont eu pour effet de le présenter comme un détourneur de fonds publics, ternissant ainsi gravement sa réputation. Se constituant partie civile, l’ancien ministre exige une réparation du préjudice subi, ainsi qu’une publication de la décision judiciaire par les mêmes canaux ayant relayé les déclarations incriminées, sous astreinte de 100 000 FCFA par jour en cas de non-respect.

Des excuses publiques de Paulin Akponna

Face à l’ampleur de la controverse et aux réactions suscitées, Paulin Akponna a réagi publiquement le 28 juin 2025. Dans un communiqué transmis à la presse, l’ancien ministre a présenté ses excuses à Samou Séidou Adambi, au Président Patrice Talon, au gouvernement et à son parti, le Bloc Républicain. Il y reconnaît la gravité de ses propos tenus à Parakou, admet qu’ils n’étaient pas fondés sur des preuves concrètes. Insistant sur le fait qu’il n’avait aucun élément tangible pour étayer ses accusations, Paulin Akponna évoque une « faute politique gravissime ».

« Ma pédagogie de piètre profane politique a péché par des exemples inappropriés et auto-accusateurs de l’équipe à laquelle j’appartenais », écrit-il. Il dit tirer les leçons de cette erreur, exprimant sa peine face à une polémique qu’il qualifie d’inutile et nuisible à la cohésion gouvernementale.

Il reste à savoir si ces excuses suffiront à calmer ceux qui se sont sentis visés par les propos de Paulin Akponna qui a tout de même payé le prix fort en perdant son portefeuille ministériel après moins de six mois d’exercice.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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