
Ce 15 août, plusieurs localités du centre et du nord du Bénin, notamment Savalou, Bassila et Dassa-Zoumè, vibrent au rythme de la fête de l’igname, l’un des événements culturels majeurs du pays. Plus qu’une simple célébration agricole, cette fête annuelle incarne la reconnaissance des peuples à la terre nourricière, tout en s’imposant comme un rendez-vous touristique incontournable.
Ce 15 août comme tous les autres depuis plusieurs décennies, à Savalou, Dassa-Zoumè, Glazoué, Bassila et d’autres localités du centre et du nord-Bénin, l’ambiance est à la fête. C’est la très attendue fête de l’igname qui lance la consommation de la nouvelle igname.
Une tradition profondément ancrée
La fête de l’igname, parfois appelée « fête des prémices », trouve ses racines dans les pratiques ancestrales des peuples Idaatcha, Mahi, Nago, Ifè et Fon. Elle marque la fin de la période de soudure et le début de la consommation des nouvelles récoltes d’ignames. Avant cette date symbolique, il est interdit dans plusieurs communautés de consommer les tubercules nouvellement récoltés.
Les festivités débutent généralement par des cérémonies rituelles : offrandes aux divinités de la terre, libations et danses traditionnelles, accompagnées de chants célébrant la fertilité et la prospérité. Les dignitaires et chefs traditionnels, revêtus de tenues somptueuses, reçoivent les premières ignames bénies avant qu’elles ne soient partagées avec la population.
Un carrefour de rencontres et d’échanges
Au-delà de la dimension religieuse et agricole, la fête de l’igname est un moment de retrouvailles pour les familles et communautés dispersées à travers le pays et à l’étranger. Les marchés et places publiques s’animent dès les premiers jours d’août, attirant commerçants, artisans, musiciens et danseurs venus présenter leurs savoir-faire.
Les visiteurs étrangers, séduits par l’authenticité des rituels et la richesse du folklore, se mêlent aux habitants dans un esprit de convivialité. Les stands de plats locaux, où l’igname se décline sous plusieurs formes : pilée (connue sous l’appellation Agoun à Savalou et dans le sud du Bénin), bouillie, frite, constituent autant d’occasions de découvrir la gastronomie béninoise.
Un levier touristique en pleine croissance
Depuis quelques années, les autorités béninoises et les acteurs locaux cherchent à transformer cette célébration en véritable produit touristique. Les hôtels de Savalou, Dassa et Bassila affichent complet, et les agences de voyage proposent désormais des circuits incluant la fête de l’igname dans leurs programmes culturels.
Selon les chiffres de l’Office national du tourisme, l’édition 2024 avait attiré plus de 15 000 visiteurs nationaux et étrangers, générant des retombées économiques notables pour l’hébergement, la restauration et l’artisanat. Pour 2025, les projections sont encore plus optimistes grâce à une meilleure communication et à l’implication des diasporas.
Entre préservation et modernisation
Si la modernisation de l’événement attire davantage de touristes, certains gardiens de la tradition craignent une folklorisation excessive qui pourrait dénaturer le sens sacré de la fête. Les autorités locales travaillent donc à trouver un équilibre, en veillant à préserver les rituels et symboles essentiels tout en offrant des infrastructures d’accueil et des animations adaptées aux visiteurs.
La fête de l’igname du 15 août n’est pas seulement une vitrine de l’identité béninoise, elle est aussi un moment de convergence entre spiritualité, culture, gastronomie et développement local. Elle perpétue un héritage ancien — où l’igname devient à la fois offrande sacrée et lien social — tout en s’adaptant aux réalités contemporaines. Savalou, en cette journée, incarne l’alliance durable entre traditions ancestrales et futur collectif.
En combinant valorisation du patrimoine, dynamisation économique et ouverture au tourisme, cette fête pourrait s’imposer à terme comme l’un des événements culturels majeurs de l’Afrique de l’ouest.