Bénéwendé Sankara : « Il faut que l’insurrection s’achève au Burkina Faso, sinon elle n’aura servi à rien »


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Blaise Compaoré a quitté le pouvoir mais le Burkina Faso est pour autant loin d’être tiré d’affaire. Le Réseau international Justice pour Sankara Justice pour l’Afrique a organisé, ce mardi matin, une conférence de presse pour aborder de nombreux sujets concernant le futur du pays, notamment l’enjeu de la transition, la candidature à la Présidentielle de maître Bénéwendé Sankara, ou encore le sort qui doit être réservé à Blaise Compaoré.

A quelques mois de l’élection présidentielle, qui se tiendra en octobre 2015, c’est une véritable course contre la montre qui s’engage au Burkina Faso. Un an en effet après le départ de Blaise Compaoré, le pays est contraint d’organiser un scrutin pour élire un chef d’Etat. La transition menée actuellement par le Président intérimaire Michel Kafando représente donc un véritable enjeu pour la suite de l’histoire du pays. A l’occasion de la venue en France de la veuve de Thomas Sankara, Mariam Sankara, reçue à l’Assemblée nationale, maître Bénéwendé Sankara, l’avocat de la famille Sankara, et Germaine Pitroipa, représentante en France de l’Union pour la renaissance, l’UNIR/PS, le parti d’opposition sankariste au Burkina Faso, ont donné, ce mardi 16 juin 2015, une conférence à Paris.

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Bénéwendé Sankara et Germaine Pitroipa

Pour Germaine Pitroipa, tous les prochains dirigeants du Burkina Faso devront respecter la volonté du peuple s’ils souhaitent faire long feu au pouvoir. « J’ai confiance en la jeunesse burkinabè qui ne se laissera pas faire. Elle a prouvé qu’elle pouvait être patiente mais qu’elle pouvait aussi prendre en main son destin quand on dépasse les limites », explique-t-elle. L’occasion aussi pour maître Bénéwende d’évoquer plus en détail sa candidature à l’élection présidentielle. Il estime avoir toutes les chances car son parti « a été à la base du déclic qui a permis la révolte contre Blaise Compaoré. Depuis 2013, on a toujours dit que Blaise était un problème et qu’il devait partir ».

« Blaise Compaoré sera tôt ou tard rattrapé par l’histoire »

Pour lui, l’insurrection contre Blaise Compaoré ne s’est pas improvisée, elle est le fruit d’un travail de longue haleine. Mais il estime qu’il faut que « l’insurrection s’achève au Burkina Faso, sinon elle n’aura servi à rien ». D’autant que, « le régime démantelé prend du terrain car les anciens partis au pouvoir se reconstituent », déplore-t-il. L’occasion d’ailleurs pour Germaine Pitroipa de rappeler que la loi électorale qui a tant fait polémique dans le pays n’exclut personne contrairement aux idées reçues ou messages véhiculés. Elle estime que le Burkina Faso n’a pas de leçon à recevoir, rappelant qu’après la seconde Guerre mondiale en France, les partisans du maréchal Pétain aussi avaient été pointés du doigt. « On ne peut pas enlever aux Burkinabè le fait qu’ils considèrent que les anciens responsables du régime ne sont pas éligibles », affirme-t-elle.

« Cette loi peut être une bombe à retardement », renchérit maître Bénéwendé, précisant qu’il est « dangereux de dire aux populations que c’est une loi qui exclut, et d’utiliser cela comme une propagande. Oui, il y a une exclusion mais qui est exclu ? Seuls ceux qui ont accompagné Blaise Compaoré ne sont pas éligibles ». Maître Bénéwendé a aussi rappelé que la justice n’a pas oublié l’ancien Président qui s’est réfugié en Côte d’Ivoire. Même si « Blaise Compaoré prend la nationalité ivoirienne, nous demanderons son extradition. Blaise Compaoré sera tôt ou tard rattrapé par l’histoire ».

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