Barrage sur le Nil : le Soudan finira-t-il par donner raison à l’Éthiopie ?


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Réservoir Grand Nil
Réservoir Grand Nil

L’Égypte pourrait, d’ici à là, se trouver être le seul pays à protester contre le remplissage du Grand barrage de la Renaissance construit par l’Éthiopie. Le voisin soudanais, qui était dans la même dynamique, est en train de trouver son compte dans l’infrastructure. Une volte-face soudanaise n’est donc pas à exclure dans cette affaire.

Les discussions entre l’Éthiopie et ses deux voisins riverains en aval du plus grand fleuve d’Afrique, autour du Grand barrage de la Renaissance, pourraient prendre une nouvelle tournure dans les semaines qui viennent. Et pour cause ! Le Soudan pourrait reconsidérer sa position, au regard du profit qu’il pourrait tirer de l’infrastructure. En effet, alors que la tension continue de battre son plein autour du barrage dont la construction a mis, depuis plusieurs années, l’Éthiopie en difficultés avec ses voisins soudanais et égyptien, le Soudan a manifesté son désir de profiter de ce barrage.

L’information a été rapportée par RFI. Selon ce média, la nouvelle confirmée par les officiels des deux pays, concerne la volonté du Soudan d’acheter à l’Éthiopie 1 000 mégawatts pour combler son déficit en électricité. L’Éthiopie d’Abiy Ahmed n’attend pas mieux pour prouver ce qu’elle peine à prouver depuis des années : l’utilité de ce barrage qui, selon les autorités éthiopiennes, avec ses 6 000 mégawatts à produire, desservira non seulement l’Afrique de l’Est, mais au-delà, tout le continent.

Le débat semble très avancé entre les deux pays, puisqu’il est prévu que des experts soudanais se rendent, ce mois-ci, en Éthiopie pour discuter de la construction de la ligne à haute tension – un projet dont le coût est estimé à 550 millions de dollars – qui doit relier les deux pays. Avec ces derniers développements, le Soudan, jusque-là allié de l’Égypte dans la lutte contre le remplissage du barrage, pourrait alors se désolidariser du voisin égyptien, et donner entièrement raison à la partie éthiopienne.

Si l’accord est effectivement conclu entre l’Éthiopie et le Soudan, ce serait une victoire retentissante pour l’Éthiopie, pour Abiy Ahmed, après toutes les péripéties connues depuis le début de la construction du barrage, en 2011. Cette victoire serait d’autant plus éclatante qu’au-delà du Soudan, d’autres pays lorgnent également l’électricité qui sortira du barrage sur le Nil. Le Kenya, Djibouti ou encore le Soudan du Sud en font partie. Un cas pratique de l’affirmation selon laquelle « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ». Affirmation d’un certain Charles de Gaulle.

A lire : Éthiopie : la deuxième phase de remplissage du grand barrage sur le Nil achevée

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Historien, Journaliste, spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne
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