Barack Obama : les chiffres et les clés de la victoire


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Carte électorale 2008 (Source CNN)

Le sénateur de l’Illinois peut se targuer d’avoir été plébiscité par les Américains. Les chiffres montrent qu’il a fait l’unanimité dans toutes les catégories sociales aussi bien chez les Blancs, que les Noirs et les autres minorités raciales.

La victoire aux présidentielles du 4 novembre de Barack Obama ressemble à un parcours sans faute.
L’accession du premier Africain-Américain à la Maison Blanche s’est accompagnée d’un taux de participation record : 64,1% des Américains se sont rendus aux urnes pour choisir leur président. Selon l’universitaire Michael McDonald, la dernière fois où l’Amérique a connu une telle mobilisation remonte à 1908. Les derniers résultats du scrutin présidentiel donnent 364 grands électeurs à Barack Obama (270 sont requis pour avoir la majorité) et 163 à John McCain. Les 538 grands électeurs se réuniront le 15 décembre pour désigner officiellement le président Barack Obama et le vice-président Joseph Biden. Ils prendront fonction le 20 janvier.

Tous les objectifs ont été atteints

Barack Obama devait convaincre les Blancs (74% de la population américaine), auprès de qui sa cote de popularité n’a cessé de grandir, les femmes, les jeunes, les Latinos, les indécis et les nouveaux électeurs. Chez les premiers, il a obtenu 43% de leurs suffrages contre 55% pour McCain. Barack Obama a surtout réussi à convaincre la classe ouvrière blanche, fidèles électeurs de Hillary Clinton, son adversaire à l’investiture démocrate. les Blancs qui gagnent moins de 50 000 dollars par an ont voté à 47% pour Barack Obama contre 51% pour John McCain. Le sénateur de l’Illinois a par ailleurs fait carton plein au sein de sa communauté (95%) et plus de 60% auprès des Latinos et des Américains d’origine asiatique.

Le vote des femmes était aussi important pour Barack Obama : il l’a obtenu. Les femmes qui représentent 53% de la population américaine ont voté à 56% pour lui. Pari réussi également auprès des franges les plus jeunes de la population qui lui ont témoigné leur soutien tout au long de la campagne. Les 18-29 (18% de l’électorat) ont voté à 66% pour Obama, contre 32% pour John McCain. Là encore, les jeunes blancs (11%) ont fait la différence en votant à 54% pour Obama. Le nouveau président américain a fait également un bon score auprès des 30-44 ans qui constituent 29% de l’électorat : 52 contre 46%. Chez les 45-59 ans, il ne devance le républicain John McCain que d’un point (50 contre 49%).

Les Américains décident de tout en une fois

Pendant les élections présidentielles, les Américains votent, entre autres, pour leurs sénateurs, leurs représentants, l’équivalent des députés Outre-Manche, et se prononcent sur les grandes questions de société, comme le mariage gay. Les démocrates disposent ainsi de la majorité au Sénat (57 sièges contre 40, sur un total de 100 représentants). A la Chambre des représentants, le parti de Barack Obama dispose aussi de la majorité avec 255 députés (contre 174) sur 435.

Une campagne ingénieuse

Barack Obama a également réussi à rallier les indécis : 52% contre 44% pour John McCain. La victoire du nouveau Commandant en chef tient aussi du fait qu’il a encouragé l’inscription sur les listes électorales, notamment chez les Africains-Américains et les jeunes. Les nouveaux inscrits (11% des électeurs) ont voté à 69% pour Obama contre 30% pour McCain. Le démocrate a convaincu ceux qui n’ont pas fait d’études secondaires (63%), ceux qui ont débuté un cursus universitaire (51%) et ceux qui ont un diplôme post-universitaire et plus (58%). Les Blancs, issus de cette dernière catégorie, ont voté à 47% pour Obama. Enfin, 52% des électeurs d’Obama ont déposé leur bulletin avant le mois de septembre contre 50%, le jour J que l’on peut désormais baptisé le Jour O.

Tous ces bons résultats sont le fruit d’une campagne rondement menée et magistralement pensée par David Axelrod, le chef stratège de Barack Obama. Elle a été marquée par des slogans choc comme « Change we can believe in » (le changement auquel nous pouvons croire), durant les primaires, « Reclaiming the american dream » (revendiquer le rêve américain), pour la campagne nationale, « Yes, we can », le slogan de ralliement de ses partisans, décliné en musique par le chanteur américain Will I Am. Aujourd’hui, tous se résument en une phrase : « Change can happen » (Le changement peut avoir lieu). Même les adversaires du sénateur démocrate admettent que sa campagne a été ingénieuse.

Carte électorale 2008 (Source CNN)Le sénateur démocrate s’est beaucoup appuyé sur le Net, conseillé par l’un des cofondateurs du réseau social Facebook, Chris Hughes. « C’est la première campagne du 21e siècle, analyse le fondateur d’un site de news sur l’Afrique. Des campagnes de pub pour Obama, gérées par Google, étaient visibles sur notre site hébergé en France. Cela démontre que l’équipe d’Obama a voulu faire campagne dans le monde entier, une façon de le préparer à sa victoire. » Le camp du démocrate a également misé sur la toile pour lever des fonds. Les petites donations, ainsi collectées, ont permis au candidat démocrate de dépenser plus de 639 millions de dollars pour faire campagne. Barack Obama a, contrairement à ce qu’il avait promis en début de campagne, renoncé au financement public pour pouvoir bénéficier de fonds privés plus importants que les deniers de l’Etat. Son adversaire républicain John McCain a dépensé la moitié du budget de Barack Obama. Les sommes dépensées par les candidats et leurs partis ont atteint plus d’1,5 milliard de dollars. Ce qui fait de la campagne présidentielle américaine 2008 la plus chère de l’Histoire des Etats-Unis.

L’énergie humaine et financière dépensée autour d’Obama ont eu pour but de valoriser le message politique du candidat démocrate que les Américains attendent impatiemment de voir traduit en actes. Surtout en matière d’économie, thème central de sa campagne. Barack Obama a promis aux Américains de réduire la charge fiscale des classes moyennes et de taxer les plus riches (foyers dont les revenus excèdent plus de 250 000 dollars par an) et les revenus financiers. L’Amérique, durement frappée par la crise financière, espère du gouvernement des mesures d’accompagnement pour atténuer son effet dévastateur sur les foyers américains. Le nouveau président des Etats-Unis est aussi attendu sur son programme d’extension de la couverture maladie. Les employeurs seront tenus d’offrir une assurance à leurs employés et ceux qui ne le feront pas seront financièrement pénalisés et leurs amendes seront affectés à un fonds public. Barack Obama est conscient des défis qui sont les siens. Pour sa première conférence officielle en tant que président des Etats-Unis, même s’il a rappelé qu’il ne le serait véritablement que le 20 janvier prochain, Barack Obama a réaffirmé ce vendredi que son objectif prioritaire est de « soulager la classe moyenne » américaine et de mettre en oeuvre un plan de relance pour faire face à la crise financière internationale.

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