Attac Maroc monte au créneau


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Attac Maroc a tenu son premier congrès il y a tout juste un an. L’heure est au bilan mais aussi et surtout au développement et à l’action. Ismaël Elkarimi, Secrétaire général de la plate-forme marocaine fait le point.

Attac Maroc vient de souffler sa première bougie. Son Secrétaire général, un enseignant en mathématiques de 29 ans, est plein d’optimisme et prépare des actions de terrain pour la rentrée. L’association, qui ne vit que des cotisations de ses membres, est totalement indépendante bien que faisant partie du réseau plus large d’Attac international.

Afrik : Pourquoi avoir créé Attac Maroc ?

Ismaël Elkarimi : Pour répondre aux spécificités nationales tout en donnant une dimension internationale à notre lutte au Maroc. Il y avait un besoin objectif d’une telle structure au Maroc. Avant 1999, le discours sur la mondialisation était omniprésent : on parlait de la mondialisation comme de la solution à tous les problèmes de la planète. Or, les pays du Tiers-monde en sont les victimes et c’est particulièrement perceptible au Maroc. Il y a différentes associations, syndicats et groupements de militants qui dénoncent la mondialisation libérale dans le pays mais nous sommes la première et seule structure de la sorte.

Afrik : Combien comptez-vous de membres ?

Ismaël Elkarimi : Notre mouvement est encore embryonnaire. Nous avons à peu près 350 membres, répartis sur l’ensemble du territoire. Pour lancer le débat sur la mondialisation à l’échelle du Maroc, nous avons créé une vingtaine de groupes locaux au Sud, à l’Ouest et au Nord du pays. La plupart de nos adhérents sont jeunes. Ils sont enseignants, diplômés chômeurs, ingénieurs, étudiants…

Afrik : Quelles sont vos actions sur le terrain ?

Ismaël Elkarimi : Attac Maroc lutte contre les directives imposées par les institutions financières internationales qui ont un impact catastrophique sur le plan social, économique et environnemental. Nous avons lancé dernièrement une campagne contre le processus de privatisations engagé par le gouvernement marocain. Certains secteurs vitaux et stratégiques, comme les télécommunications, l’énergie, la santé ou l’éducation, sont menacés. Le Maroc ne peut pas se permettre de les vendre au privé car nous avons besoin d’un secteur de santé performant et accessible à la population. Nous avons lancé un appel et une pétition pour stopper cette hémorragie de privatisations. Nous avons organisé des journées d’études et prévu un sit-in pour le mois de septembre devant le ministère des Finances et des Privatisations.

Afrik : Les groupes locaux organisent-ils aussi des actions concrètes ?

Ismaël Elkarimi : Bien sûr. Celui de Zagora, au Sud, mène en ce moment une campagne contre l’Ona (premier groupe privé au Maroc, ndlr) qui, suite à une extraction minière à 12 km de Zagora, a laissé des déchets qui contaminent les nappes phréatiques.

Afrik : Comment faites-vous connaître Attac Maroc ?

Ismaël Elkarimi : Depuis la conférence de Seattle en 1999, la situation internationale a facilité notre visibilité. L’opinion a été sensibilisée aux problèmes liés à la mondialisation. Nous éditons une revue trimestrielle et des bulletins mensuels, nous organisons des débats, des conférences et notre site Internet nous aide beaucoup pour communiquer.

Afrik : Pensez-vous que le mouvement anti-mondialisation peut avoir un réel impact au Maroc ?

Ismaël Elkarimi : On sent vraiment ici un besoin d’information. Il faut donc sensibiliser la population, rassembler les personnes des diverses tendances autour des sujets qui les intéressent comme la défense de l’environnement, la dette, les privatisations. Notre but est de répondre à des problèmes concrets. Notre bilan au bout d’un an est positif. Bien sûr, les résultats ne répondent pas encore à toutes nos espérances mais en 2003, grâce à notre expérience, nous serons mieux organisés et à même de coordonner d’autres mouvements marocains. Pour nous faire entendre.

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