Arthur Z’Ahidi Ngoma, le jeune loup congolais


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Drapeau de la République Démocratique du Congo
Drapeau de la République Démocratique du Congo

Dans le paysage politique congolais, la fracture semble totale entre les politiciens de la première génération qui va de 1960, année où la RDC s’est débarrassée de la tutelle de la Belgique, et une génération émergente composée presque exclusivement de jeunes technocrates presque vierges politiquement.

par notre correspondant à Kinshasa

A la faveur de la libéralisation des activités des partis politiques, ces jeunes loups aux dents longues ambitionnent de régler son compte à la vieille garde trop marquée, à leurs yeux, par le label du mobutisme, et accusée d’avoir conduit le pays à la décrépitude au point qu’on n’en parle plus qu’au passé (l’ex-Zaïre).

L’âge varie entre 30 et 55 ans et la tendance politique est plutôt à gauche. Ainsi se réclament-ils de l’opposition. Opposition à la fois contre l’exécutif actuel trop englué dans la logique illogique de l’ancien président Laurent Désiré Kabila et contre l’opposition classique représentée par Etienne Tshisekedi, l’opposant éternel, qu’ils accusent de représenter une opposition en panne d’idées.

Nouvelle génération

Arthur Z’Ahidi Ngoma apparaît comme l’incarnation de cette génération politique émergente qui croit résolument en son étoile et travaille beaucoup pour s’assurer l’adhésion de jeunes ambitieux congolais qui s’essaient encore à la politique. Sa résidence du quartier Ndolo à Kinshasa ne désemplit pas depuis qu’il a décidé, il y a quatre mois, de regagner définitivement le pays.

L’homme a du bagout et son discours plaît aux milieux politiques intellectuels congolais. Président des « Forces du futur », son parti politique, il a créé depuis Paris le Rassemblement de l’Opposition Congolaise (ROC), un regroupement de partis politiques qui se reconnaissent dans sa philosophie politique : une opposition plus constructive.

Arthur Z’Ahidi Ngoma ratisse très large. Fin septembre dernier, il a convoqué les états-généraux de l’opposition qui ont réuni près de 30 petits et moyens partis et sensibilités politiques afin de préparer la participation de l’opposition congolaise interne et non armée aux débats du dialogue intercongolais d’Addis-Abeba. « Il faut se montrer de taille pour discuter avec les rebelles et faire triompher la primauté de la confrontation des idées sur celle de confrontation des armes », a déclaré Arthur Z’Ahidi Ngoma à Afrik.com.

Confrontation des idées

Z’Ahidi Ngoma dit bien peser ses mots, compte tenu de la couardise de ces jeunes rebelles qui ont choisi de prendre les armes contre la république. Dès le déclenchement de la guerre, en août 1998, les Congolais ont, en effet, été surpris d’entendre la voix d’Arthur Z’Ahidi Ngoma sur les antennes des radios étrangères, parlant au nom de la rébellion. A l’époque, il rentrait fraîchement de la prison de haute sécurité de Buluwo, province du Katanga ,où l’avait jeté le défunt président Laurent Désiré Kabila pour infraction à la loi suspendant les activités des partis politiques en RDC.

« N’avez-vous jamais entendu dire que c’est le braconnier qui fait le meilleur garde-chasse? J’ai quitté la rébellion quand j’ai remarqué que nous n’avions pas le même combat, avec mes partenaires. J’étais dans la logique d’une pression pour des changements démocratiques à Kinshasa pendant que les autres, sous l’instigation du gouvernement rwandais, se trouvaient dans une logique de dépeçage du pays et de pillages des ressources naturelles de la RDC. J’ai horreur de la servilité », nous rétorque Arthur Z’Ahidi Ngoma. Le leader ROC a d’ailleurs éprouvé beaucoup de difficultés à retrouver ses marques à son retour à Kinshasa après et à cause de son passage dans la rébellion.

L’aventure politique

Mais il a finalement réussi à récupérer la confiance des milieux politiques grâce à son discours jugé constant et convaincant. Armé d’un doctorat en droit de l’université d’Orléans en France et d’une longue expérience à l’Unesco à Paris, Arthur Z’Ahidi Ngoma, 53 ans, a préféré venir se jeter dans la mêlée politique aux résultats incertains, dans son propre pays, en délaissant la carrière plutôt confortable de fonctionnaire international.

L’homme a toujours ambitionné le poste de Premier ministre et ne s’en cache pas. Au moment où la presse congolaise spécule sur la nomination imminente d’un Premier ministre probablement à l’issue du dialogue intercongolais, Arthur Z’Ahidi Ngoma sait qu’il peut compter sur la confiance dont il bénéficie de la part des intellectuels congolais. Seulement, il n’est pas seul dans la course. En plus des ambitions locales à Kinshasa, il y a celles tout à fait déclarées de l’autre côté de la ligne de front.

Les leaders des deux plus importants mouvements rebelles ont également les yeux sur le même poste: Jean-Pierre Bemba, président du Mouvement de Libération du Congo (MLC), soutenu par l’Ouganda et Adolphe Onusumba, président du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD/Goma). Mais lequel des trois représente l’avenir ?

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