Arrestations arbitraires au Tchad


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Au Tchad, deux arrestations de militants de la société civile, coup sur coup les 6 et 15 avril, viennent rappeler s’il le faut, que le meilleur allié de la France pour l’opération militaire Barkhane, mène une politique qui étouffe toute critique du pouvoir et toute contestation sociale.

Nadjo Kaina, porte-parole du mouvement citoyen Iyina (On est fatigués) et par ailleurs membre de la coalition internationale Tournons la page-Tchad, a été arrêté ce jeudi 6 avril à Ndjamena. Le mouvement Iyina avait lancé un appel à se mobiliser le 10 avril dénonçant le régime en place et ses pratiques arbitraires, un an après la réélection d’Idriss Deby à la tête du pays. Le 10 avril, une dizaine de militants ont été arrêtés à la Bourse du Travail où ils contestaient cette arrestation et répondaient à l’appel, avant d’être libérés deux jours plus tard. Bertrand Sollo, rapporteur du mouvement Iyina et membre de la campagne Tournons la page-Tchad a été arrêté à son tour le 15 avril.

Actuellement, aucune information sur leurs conditions d’arrestation et leurs lieux de détention n’a été communiquée.

Ces arrestations s’inscrivent dans un contexte de crise socio-économique aiguë et de répressions continues. Après le holdup électoral d’avril 2016 et l’aggravation de la crise socio-économique, les mobilisations se sont intensifiées, immobilisant le pays de septembre à janvier dernier par des grèves dans différents secteurs. Dans ce climat délétère, le gouvernement perpétue une répression sévère pour tenter de faire taire les contestations : répression des manifestations, arrestations et condamnations de 68 étudiants en février, intimidations et arrestations de journalistes comme Mayedine Babouri ou Daniel Ngadjadoum, pressions sur les militants de la société civile…

Malgré les atteintes à la liberté d’expression et aux droits humains, la France maintient ses relations privilégiées avec le président Idriss Déby, allié précieux dans la lutte contre le terrorisme. En cette fin de mandat, les visites se succèdent : visite de Bernard Cazeneuve et Jean-Yves Le Drian à N’djamena en décembre, de Ségolène Royal en janvier, de Jean-Marie Le Guen en février et en avril à Amdjarass ou visite de Brahim Hissein Taha, ministre tchadien des Affaires étrangères à Jean-Marc Ayrault en mars à Paris. Ces rencontres, assorties de promesses d’aides militaires et civiles, assurent le soutien indéfectible de la France au régime, comme le confirment les propos de Bernard Cazeneuve, « La France aidera toujours le Tchad à surmonter les difficultés », en éludant les responsabilités du gouvernement tchadien dans la crise actuelle et les violations des droits humains envers la population tchadienne.

L’Association Survie demande aujourd’hui aux autorités françaises de condamner les arrestations arbitraires au Tchad et la répression en cours à l’encontre des militants tchadiens, et de suspendre immédiatement la coopération avec le régime d’Idriss Déby.

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