Après la décapitation d’un policier, Amnesty dénonce la hausse de la violence au Cameroun


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soldats

L’association internationale de défense des droits de l’homme Amnesty affirme avoir authentifié une vidéo montrant des séparatistes anglophones décapiter un policier. En deux ans, plus de 160 membres des forces de l’ordre camerounaise auraient été tués.

Amnesty International a déclaré avoir authentifié une vidéo montrant des séparatistes anglophones du Cameroun avec la tête décapité d’un policier. L’association internationale condamné une « escalade horrible de la violence » dans les régions anglophones.

La vidéo montre la tête de la victime posée sur un tissu blanc imbibé de sang avec ce qui pourrait être ses organes génitaux à proximité a déclaré l’association précisant que ses experts légistes avaient authentifié la vidéo, ainsi qu’une autre censée être la continuation de la première, dans laquelle on pouvait entendre une voix affirmant que les séparatistes avaient pris le fusil de l’officier.

Les troubles séparatistes dans les deux régions anglophones minoritaires du Cameroun – le Nord-Ouest et le Sud-Ouest – ont fait des centaines de morts et déplacé environ 200 000 personnes depuis la fin de 2016. « La situation dans les régions anglophones du Cameroun devient de plus en plus désespérée ; nul n’est épargné par les violences qui échappent à tout contrôle », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale adjointe pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

Amnesty International n’est pas encore en mesure de confirmer de manière indépendante le lieu exact où les vidéos ont été tournées, mais l’analyse laisse à penser qu’il s’agirait de la région de Belo, dans le Nord-Ouest du Cameroun, gravement touchée par la crise. Belo se trouve non loin de Njinikom, commune de la région du Nord-Ouest, où l’on sait que le groupe armé séparatiste des Forces de libération de l’Ambazonie est actif. Les séparatistes réclament en effet un État anglophone distinct qu’ils appellent Ambazonie ou Ambazonia. Ils menacent de perturber les élections présidentielle du 7 octobre dans ce pays largement francophone.

Le président Paul Biya a annoncé en juillet qu’il demanderait un septième mandat lors des élections.

En outre, Amnesty International a recensé plus de 260 problèmes de sécurité depuis le début de l’année, allant des affrontements entre séparatistes armés et forces de sécurité, à l’enlèvement de simples citoyens et à l’homicide de membres des forces de sécurité par les séparatistes. Ces faits englobent également les homicides illégaux imputables aux forces de sécurité et la destruction de biens privés par les deux parties.

« Les membres des deux camps qui seraient responsables d’attaques, d’homicides ou de destructions de biens, ne doivent pas rester libres. Les autorités camerounaises doivent s’engager sans délai à mener des enquêtes rapides, indépendantes et efficaces sur ces agissements », a déclaré Samira Daoud.

À l’approche des élections au Cameroun, nous avons des raisons de craindre une nouvelle flambée de violence. Nous pourrions bien assister à une recrudescence des atteintes à la sécurité et à une activité accrue des séparatistes armés qui menacent de perturber le processus électoral à tout prix dans les régions anglophones, a déclaré Samira Daoud.

Complément d’information

Dans son rapport de juin 2018, intitulé Une tournure tragique. Violence et atteintes aux droits humains dans les régions anglophones du Cameroun, Amnesty International fait état d’une série d’actes de violence commis par les séparatistes armés dans les deux régions anglophones. Ce document présentait les cas de simples citoyens, notamment d’enseignants et de chefs coutumiers, agressés et enlevés par les séparatistes armés.

Ce rapport révélait également que les forces de sécurité ont incendié des villages, tué sans discrimination, arrêté et torturé des dizaines de personnes durant les opérations militaires qui ont déplacé des milliers de civils dans les régions anglophones et au Nigeria.

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