Algérie : Ramtane Lamamra, le ministre qui dérange le Maroc


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Propulsé au rang de ministre des Affaires étrangères en Algérie, Ramtane Lamamra, connu pour être un « pitbull de la politique », risque de « donner du fil à retordre à Rabat ».

La nomination de Ramtane Lamamra au poste de ministre algérien des Affaires étrangères n’a pas l’air d’être une bonne nouvelle pour Rabat. Fraîchement nommé, suite au remaniement ministériel décidé par le Président Abdelaziz Bouteflika, Lamamra est un fin connaisseur des dossiers les plus sensibles auxquels l’Algérie est impliquée ou pas et dont le plus important est celui du Sahara occidental. Il a siégé à la commission à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA) pendant cinq ans. Sa carrière a également été marquée par son passage à Washington et aux Nations Unies, ce qui lui a permis de tisser un vaste réseau à l’international. Négociateur très habile, Ramtane Lamamra est un médiateur avéré dans les conflits sur le continent.

C’est toutefois de loin que le royaume chérifien suivait de près les pas du nouveau ministre algérien, lorsqu’il siégeait encore à l’UA. Rappelons que le Maroc a claqué la porte de l’organisation africaine en 1984, en dépit du fait qu’il figure parmi les pays fondateurs, en raison de l’admission en son sein de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) qui lui dispute la souveraineté sur le Sahara Occidental. Ancienne colonie espagnole, ce territoire ensablé qui suscite la convoitise est sous contrôle marocain depuis 1975.

Lamamra et le Sahara = 1

Ramtane Lamamra n’a pas froid aux yeux. La délégation marocaine affectée au dossier malien s’en est d’ailleurs rendu compte après avoir risqué de se heurter à lui. Le ministre algérien n’a pas la langue dans sa poche, ce qui a parfois mené les deux diplomaties à stagner au stade des « chamailleries épidermiques ». Ce vieux routier de la diplomatie algérienne a notamment pour mission de résoudre le conflit qui oppose le Maroc et l’Algérie par l’entremise du Polisario, le « bras armé d’Alger », comme le disent certains, celui du Sahara occidental. Chance pour l’Algérie ou malchance pour le Maroc, cet épineux dossier est le terrain de prédilection de Lamamra.

Et les officiels marocains en sont conscients. « On ne connaît personne comme lui qui cumule à la fois la connaissance des dossiers et l’hostilité constante aux positions du Maroc, quel que soit le sujet », avance « une source autorisée » marocaine dans un article paru sur la version électronique du magazine Tel Quel sous le titre : « Maroc-Algérie. Cauchemar diplomatique ». Lamamra « risque de donner du fil à retordre à Rabat », selon le magazine. Avec Lamamra aux Affaires étrangères, l’Algérie et le Polisario n’ont pas dit leur dernier mot sur le dossier du Sahara.

La nomination de Ramtane Lamamra au poste clé de ministre des Affaires étrangères répond par ailleurs à la volonté de l’Algérie de se repositionner à l’international. La stabilité actuelle du pays lui permettra, grâce à Lamamra, de reprendre le dessus, étant donné la situation instable que traversent les pays arabes tels que la Syrie, l’Egypte ou encore la Tunisie. Le mastodonte du Maghreb a désormais l’ambition de jouer un rôle majeur dans la région et à l’international… Avec Lamamra comme chef de file !

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