Les Algériens réclament le changement


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Le manque de perspectives, le désespoir et la consternation meublent le quotidien des Algériens qui recourent de plus en plus aux moyens extrêmes pour s’exprimer : l’immolation par le feu.

(De notre correspondant en Algérie)

Depuis les années 90, soit au lendemain de l’arrêt du processus électoral, l’Algérie est frappée par une crise sociale. Le point culminant a été atteint à une période où l’on s’attendait le moins. Le moment où l’Algérie engrange beaucoup de bénéfices, nés des exportations des hydrocarbures. En cette période très cruciale où les réserves de change se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de dollars, l’étau socioéconomique se resserre davantage sur un peuple qui ne sait où donner la tête. Alors que les responsables se vautrent dans les voluptés des privilèges, un vrai malheur s’abat sur une bonne partie des jeunes, en mal de perspectives, qui recourent souvent aux moyens extrêmes pour exprimer leur ras le bol : l’immolation par le feu. Ce phénomène frappe de plus en plus de jeunes qui y recourent parfois en groupe. Le cas des cinq frères ayant tenté, mercredi dernier, de s’immoler par le feu à l’intérieur du siège de la daïra d’El Karimia, au sud-est de la wilaya de Chlef à l’ouest de l’Algérie, en est un exemple illustre. Le clientélisme, le népotisme, en un mot, les pratiques d’un autre âge sont légion dans ce pays qui cherche fébrilement ses marques.

Les derniers scandales de corruption ayant éclaboussé beaucoup de personnalités ont ravivé la flamme de la protestation. À mesure que les temps s’écoule, les jeunes y voient une totale inaction de la part des autorités compétentes. « Il n’y a que le petit peuple qui paie », pense t-on. Un sentiment de négation qui n’est pas sans conséquences sur le moral. Le front social en perpétuelle ébullition ne laisse planer aucun rayonnement d’espoir. Les grèves paralysent presque les secteurs d’activités les plus importants. La Santé, l’Education et bien d’autres sont presque à l’agonie.

L’Oranie, où la population n’est pas insensible au climat délétère qui prévaut dans le pays, présente des signes de malaise. Un fait presque inhabituel. Pourtant, cette région de l’Ouest algérien est réputée pour sa nonchalance par rapport aux événements. Mais le mal semble être profond. La presse locale fait souvent mention de mécontentements populaires souvent étouffés dans l’œuf. Dans le même chapitre, nombreux sont ceux qui présagent un débordement au regard de l’orientation que prend la barque qui ne semble pas se diriger à bon port.

La lutte contre cette débandade ne peut se faire efficacement sans le changement des mentalités en premier lieu et la mise en place d’un système politique garantissant les libertés individuelles et collectives non sans réhabiliter l’école en second lieu. Les Algériens qui s’ouvrent sur le monde, notamment depuis l’avènement de l’internet peinent de voir le pays changer d’un iota dans le bon sens. « Même pour retirer un acte de naissance qui est un droit légitime, le citoyen trouve le moyen de faire appel à une connaissance exerçant au service d’état-civil de la commune », fulmine un jeune étudiant qui requiert l’anonymat.

Le trafic des stupéfiants ajoute aussi ses ravages notamment dans les milieux juvéniles. Le manque d’orientation et le sentiment de délaissement et de déréliction s’érigent en cause de cette déchéance pesante. Le fossé entre les dirigeants qui ont montré leurs limites et le petit peuple ne cesse de s’élargir. Pour s’en convaincre, le discours des officiels n’a jamais eu d’écho parmi les masses populaires qui ne croient qu’au concret. Ainsi les discours triomphalistes et imposteurs s’avèrent révolus devant la volonté populaire orientée vers le changement.

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