Afrique du Sud : Oscar Pistorius s’enfonce dans ses contradictions


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Au vingt-quatrième jour de son procès, pour le meurtre de sa petite amie, Oscar Pistorius semble avoir perdu l’avantage face à l’accusation. Ses nombreuses contradictions auront suffit pour réduire les doutes sur sa culpabilité.

Les nombreuses contradictions d’Oscar Pistorius l’empêchent désormais de se réfugier derrière ses larmes. De l’avis de plusieurs avocats, le champion paralympique s’est fait tort à lui-même durant ces sept dernières journées de déposition à la barre. Alors qu’il avait déclaré être persuadé de tirer sur un cambrioleur qui s’était introduit à son domicile, Pistorius a changé sa version pour dire qu’il avait tiré sur la porte par accident. La première version pouvait l’aider à se couvrir derrière le principe de la légitime défense et justifier l’usage de la force, alors que la seconde suggère une action involontaire. En changeant sa version, Pistorius a donné le bâton au procureur Nel pour se faire battre et a semé le doute au sein des jurés.

« Vous avez tiré quatre fois à travers la porte sachant qu’elle était là et qu’elle vous parlait. Qu’elle s’était enfermée à l’intérieur et vous vous êtes armé avec la seule intention de la tuer. C’est seulement après coup que vous avez été dépassé par ce que vous aviez fait ! », a lancé le procureur, connu pour son acharnement, à l’accusé, rapporte l’AFP.

D’après un avocat pénal de Johannesburg, Oscar Pistorius a été « au danger » avec son 9 mm. « La sécurité retirée, il a progressé dans le couloir d’une manière qu’il a décrite comme très tactique », remarque Martin Hood. « Donc toutes ses décisions étaient très conscientes et intentionnelles », affirme-t-il.

Pistorius, la chute libre

De nombreux éléments accablent le champion paralympique qui n’avait pas le droit de détenir, sans autorisation, des munitions appartenant à son père. En 2013, Oscar Pistorius a été « imprudent » pour avoir essayé et tiré avec l’arme d’un ami dans un restaurant, le Tasha’s. L’histoire a été racontée, ce qui n’arrange pas son cas. D’ailleurs, il refuse d’admettre sa responsabilité pour le coup de feu tiré dans ce restaurant, alors qu’il avait l’arme sous contrôle. Cette précision a marqué un véritable tournant dans le procès. De plus, cet incident n’avait jamais été signalé à la police.

A propos des incohérences entre son récit au tribunal et les deux dépositions écrites, Pistorius a rejeté la faute sur ses avocats. Il a par ailleurs accusé la police d’avoir déplacé de nombreux objets dans sa chambre lors de la prise de photographies après le drame. D’après William Booth, un célèbre avocat du Cap, le coureur ferait désormais cavalier seul. Pourtant, le procureur a à plusieurs reprises amené Pistorius au pied du mur lorsque ce dernier s’est montré évasif dans ses réponses.

Barry Roux, avocat de la défense, a assisté, presque impuissant, aux échanges et n’est intervenu que brièvement pour se plaindre de l’acharnement du procureur. « Son avocat a essayé très brièvement de redresser la situation, mais il était probablement judicieux de ne pas insister », ajoute M. Booth.

« Je pense que rétrospectivement, ils (ses avocats) regrettent probablement de l’avoir cité comme témoin », enchaîne M. Booth. Mais « le problème est qu’il devait témoigner pour sa défense… il était le seul témoin de l’incident ».

Oscar Pistorius, qui comparaît libre, est présumé innocent jusqu’au jugement. Il risque la perpétuité, soit 25 ans de réclusion incompressible.

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