Afrique du Sud : grève et évasion fiscale dans le secteur du platine


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Le Centre de développement et d’information alternatif, AIDC, un groupe d’économistes qui aident les grévistes sud-africains dans les négociations, a accusé les producteurs d’avoir vendu systématiquement le platine en dessous des prix du marché. L’AMCU, le syndicat à l’initiative de la grève, a refusé une nouvelle offre du gouvernement.

Le Centre de développement et d’information alternatif, AIDC, proche des grévistes, a révélé dans une étude que les entreprises vendaient systématiquement, depuis 10 ans, le platine en dessous des prix du marché, en Afrique du Sud. L’AIDC a rapporté que si les trois plus grands producteurs mondiaux de platine victimes de la grève avaient respecté les prix du marché, « 50 milliards d’euros » auraient été « disponibles pour payer les travailleurs des salaires corrects ». La réaction du gouvernement est attendue, alors que l’Association des mineurs et des syndicats dans la construction (AMCU) a refusé une nouvelle offre.

Une évasion fiscale à grande échelle

« La perte de revenus engendrée par cette pratique de vente en dessous du prix du marché est d’une telle ampleur sur les dernières années qu’il ne devrait pas y avoir de problème pour satisfaire les demandes des syndicats», a indiqué le directeur de l’AIDC, Bryan Ashley, selon RFI. « Ces groupes ont des filiales dans les Iles Caïmans, les Iles Vierges, ou au Luxembourg, où il n’y a pas de mines », s’insurge ce directeur.

Ce centre s’alarme de ces pratiques d’évasion fiscale qui n’ont jamais été décelées à une échelle aussi importante. « Il ne s’agit pas d’une pratique nouvelle en Afrique du Sud. Mais d’après nos calculs, certaines années, cette fuite de capitaux a représenté environ 20 % du Produit intérieur brut », selon Samantha Ashman, économiste à l’université de Johannesburg.

« Nous voulons 12 500 rands »

L’AIDC envoie un message au gouvernement pour qu’il puisse intervenir en direction des producteurs victimes de la grève, LONMIN, IMPLATS et AMPLATS, et mettre fin à la contestation. Une nouvelle offre proposée mardi par le gouvernement a été refusée mercredi par AMCU. « La proposition du gouvernement n’était pas une nouvelle proposition.

Le nouveau ministre sud-africain des Mines, Ngoako Ramatlhodi, avait tendu la main à AMCU et déclaré qu’il fallait commencer à traiter les revendications de ce syndicat avec respect. Les entreprises n’avaient pas fait assez pour améliorer le bien-être des mineurs. Ils ont introduit une ancienne proposition qui a déjà été rejetée par nos membres il y a trois mois », a déclaré le président d’AMCU, Joseph Mathunjwa. « Notre position est claire : nous voulons 12 500 rands ( environ 840 euros) » a-t-il insisté. Le salaire de base des mineurs actuellement est de 5 000 rands.

Entre 70 et 80 000 mineurs sont en grève depuis le 23 janvier dernier. L’Afrique du Sud n’a jamais connu de mouvement social d’une durée aussi importante dans le secteur minier. Les mineurs sont sans revenus depuis quatre mois. Leurs conditions de vie deviennent très difficiles. Des ONG ont distribué de la nourriture aux familles des mineurs.

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