Afrique du Sud : des antirétroviraux pour se droguer ?


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Depuis la fin de l’année dernière, quinze séropositifs se sont plaints à l’hôpital sud-africain Sainte-Marie que des voleurs avaient pris leurs médicaments pour se droguer . Les malfrats apprécieraient particulièrement le Stocrin, dont l’un des effets secondaires est de « provoquer des rêves inhabituels ».

L’usage premier des antirétroviraux (ARV) est de permettre aux séropositifs de vivre plus longtemps avec le virus du sida. Certains voleurs de la province sud-africaine du KwaZulu Natal auraient trouvé une autre utilisation, peu catholique, de ces médicaments : s’en servir comme narcotiques. Pour obtenir les précieux cachets, les malfrats s’approvisionneraient en volant leurs ARV aux patients. « La première fois que des patients sont venus nous voir, c’était à la fin de l’année dernière et au début de cette année. Le dernier patient à s’être plaint est venu vendredi. En tout quinze personnes ont signalé ce type de vol », commente Nancy Sias, coordinatrice de la sensibilisation communautaire à l’hôpital Sainte-Marie, qui fournit aux malades les ARV.

La responsable poursuit : « Selon les témoignages, les voleurs prennent tous les médicaments, mais s’intéressent particulièrement au Stocrin, dont l’un des effets secondaires est de provoquer des rêves inhabituels ». Et même des hallucinations. Selon certains experts, ces inconvénients s’amplifieraient avec la prise d’alcool ou d’autres médicaments. D’après des patients, les voleurs, qui seraient de tous âges, ont choisi pour planer de mélanger le Stocrin au cannabis. Prudente, Nancy Sias précise que « nous n’avons absolument pas de confirmation que les ARV volés sont utilisés pour être ensuite fumés ». Chez le commissaire provincial du KwaZulu Natal, à l’heure où nous publions, on explique n’avoir pas entendu parler de ces vols ailleurs que dans la presse.

Une stratégie pour éviter les vols

L’hôpital Sainte-Marie remplace les médicaments volés. Mais avant, les patients dépouillés doivent faire une déposition à la police ou déclarer sous serment à un officier ministériel habilité que les ARV leur ont bel et bien été dérobés. Ensuite, ils doivent se présenter à l’établissement hospitalier avec un assidavit, un document qui prouve, dans les grandes lignes, que les ARV ne sont plus en leur possession. Pour enrayer les vols, une politique préventive a été mise en place. « Nous venons juste de nous réunir pour permettre aux gens de savoir que ce genre de vols arrivent, explique Nancy Sias. Nous leur conseillons désormais de cacher les médicaments dans leur sac, plutôt que dans un sac en plastique où on peut voir ce qu’ils transportent. L’objectif est qu’ils ne soient plus des cibles ».

Le phénomène resterait cependant circonscrit : plusieurs organismes de lutte contre le sida nationaux et locaux n’ont jamais entendu parler de tels vols. Mais comme on dit : mieux vaut prévenir que guérir. Surtout que la prévalence du VIH/sida dans le KwaZulu Natal allait de 20% à 44%, d’après le rapport annuel 2002-2003 du ministère de la Santé de la province. Soit bien plus que dans les autres provinces et environ 10% en plus par rapport à la tendance nationale.

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